Jean Prévost, dit "Goderville"

Légende :

Jean Prévost, dit "Goderville", homme de lettres engagé et pionnier du Vercors

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : Cliché Yvonne Chevalier

Source : © Cliché Yvonne Chevalier Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc. Voir également l'album photo lié.

Date document : Vraisemblablement années 1930

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Isère - Sassenage

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Contexte historique

Né le 13 juin 1901 à Saint-Pierre-lès-Nemours dans une famille d'enseignants, Jean Prévost passe son enfance à Goderville (Seine-Maritime).
Après un parcours scolaire sans faute (khâgne au lycée Henri-IV, où il est l'élève du philosophe Alain, école normale supérieure en 1919), il préfère cependant le journalisme et l'écriture à l'enseignement. En 1939, il est déjà l'auteur reconnu d'une trentaine de titres comprenant essais, romans et centaines d'articles sur les sujets les plus divers (sport, cinéma, sciences, critique littéraire). 
Dans ces articles, Jean Prévost démontre l'étendue de son esprit encyclopédique dans des domaines aussi divers que la littérature, le cinéma, la philosophie, la critique d'art et l’architecture, notamment.

En politique, il occupe une place originale : antifasciste mais pas antiallemand, pacifiste mais antimunichois, toujours républicain, il entend, à contre-tendance des engagements du moment, "se battre violemment pour des idées modérées". 
Il épouse le 28 avril 1926 la femme de Lettres Marcelle Auclair, dont il aura trois enfants (Michel, l'actrice Françoise Prévost et Alain).

En 1939, il est mobilisé au service du contrôle téléphonique du Havre. En juin 1940, il est évacué par mer à Casablanca et regagne la France au mois d'août.

Après sa démobilisation, il s'installe en septembre 1940 à Lyon avec le médecin Claude van Biéma, sa seconde femme, qu'il a épousée le 20 avril. Écrivant dans Paris-Soir, il prend part à la création du journal clandestin Les étoiles, fin 1942 et achève une thèse sur "la création chez Stendhal, essai sur le métier d'écrire et la psychologie de l'écrivain", soutenue le 9 novembre 1942 à Lyon. Travaillant à la bibliothèque de Grenoble sur les manuscrits de Stendhal, il visite régulièrement Pierre Dalloz, qu'il connaît depuis l'avant-guerre. Celui-ci l'informe, un jour de 1941, de son projet d'utilisation militaire du Vercors. S'il rejoint le Comité national des écrivains à l'automne 1943, l'entrée effective de Jean Prévost dans l'action résistante passe par son engagement actif dans le second "comité de combat" du Vercors. Installé en juin 1943 avec ses deux fils, Alain et Michel, à Coublevie, près de Voiron (Isère) au pied du massif, il y monte chaque semaine à bicyclette, amenant tracts et journaux, parcourant les camps de réfractaires. Son entregent et son rayonnement personnel aident à renforcer la cohésion entre militaires de carrière et civils socialisants du mouvement Franc-Tireur. 

Installé avec sa famille en avril 1944 dans une grande maison aux Valets, près de Saint-Agnan-en-Vercors, il commande à partir de juin, sous le nom de "Goderville", le nom de son village d'enfance, une compagnie d'une centaine d'hommes formée à partir de groupes-francs locaux. Engagés le 13 juin devant Saint-Nizier, ses hommes contribuent, avec les chasseurs alpins de Chabal, à repousser la première attaque allemande. En juillet, à la veille de l'offensive générale, sa compagnie tient la ligne de crête qui domine le val de Corrençon, de Bois Barbu au pas de la Sambue, un secteur particulièrement vulnérable de la ligne de défense, qu'il dirige de son PC installé dans la plaine d'Herbouilly, dans une ferme aujourd'hui en ruines. 

Après la dislocation du maquis, Jean Prévost trouve refuge avec un petit groupe à la Grotte des Fées, au-dessus du hameau des Valets. Le 1er août 1944, alors qu'il tentait de sortir du Vercors encerclé, il tombe sous les balles de tireurs allemands postés au Pont-Charvet, près de Sassenage, avec quatre de ses camarades (André Jullien du Breuil, Afred Leizer, Charles Loysel et Jean Veyrat). Mort à 43 ans avec une œuvre inachevée, Jean Prévost incarne l'écrivain-résistant tué au feu, comme Péguy, qu'il admirait et auquel on le compare à la Libération. Cette renommée a longtemps masqué une œuvre en voie d'être redécouverte.

Le lycée de Villard-de-Lans porte son nom depuis 1964 et, le 23 juillet 2004, l'Association Jean-Prévost a fait apposer une plaque commémorative sur la maison des Valets. Son nom a également été donné à un lycée de Montivilliers (Seine-Maritime), à une rue de Grenoble, à la médiathèque de Bron (Rhône), ainsi qu'au centre de recherches en Littérature de l'Université Jean-Moulin-Lyon-III.


Principales œuvres disponibles : La création chez Stendhal, Gallimard, Folio, 1996 ; Dix-huitième année, Paris, Gallimard, 1994 ; Les frères Bouquinquant, Gallimard, L'imaginaire, 1999 ; Le Sel sur la plaie, Paris, Zulma, 1993 ; La chasse du matin, Paris, Zulma, 1994 ; Du côté de Goderville, Fécamp, Les Falaises, 2002 ; Plaisirs des sports, Paris, La Table ronde, 2003.


Auteur :  Guy Giraud


Sources : 

D'après Aline Queant, Antoine Prévost, Simon Nora /Collectif, Hommage à Jean Prévost : vie et mort de Jean Prévost, 1901 - 1944, Montvilliers hier, aujourd'hui, demain, 2007.

D'après la biographie de Jean Prévost sur le site Wikipedia, consultée en novembre 2015.

Le PC de Jean Prévost, "Goderville", sur le plateau d'Herbouilly

Le Projet Montagnards

Télégramme demandant des renseignements sur Jean Prévost, 11 septembre 1944

Plaque en hommage à Jean Prévost, Côtes-de-Sassenage (Isère)