Plaque en hommage aux victimes de la guerre, Conflans-Ste-Honorine
Légende :
Plaque en hommage aux victimes de la guerre de 1939-1945, située rue Désiré-Clément, Conflans-Sainte-Honorine, où se trouvait l'usine de Tréfilerie Lignes Télégraphiques et Téléphoniques (LTT), Yvelines (78700)
Genre : Image
Type : Plaque
Producteur : Jacques Defer
Source : © Collection Jacques Defer Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur.
Date document : 2015
Lieu : France - Ile-de-France - Yvelines - Conflans-Sainte-Honorine
Analyse média
Cette plaque rend hommage à tous ceux qui ont trouvé la mort au cours de la guerre de 1939-1945, et notamment ceux, nombreux, issus de la Tréfilerie des LTT (Lignes Télégraphiques et Téléphoniques), importante usine située à Conflans-Sainte-Honorine, et berceau de la Résistance dans la ville.
Département AERI.
Contexte historique
Nous ne disposons pas d'informations sur tous les résistants cités. Les parcours d'Emmanuel Bourneuf, de Maurice Dampierre et de Pierre Cornieux sont détaillés ci-dessous. Se référer aux "médias liés" pour y trouver les biographies de certains autres résistants de la Tréfilerie LTT de Conflans-Ste-Honorine.
Emmanuel Bourneuf est né le 1er juin 1894 à Ballée, dans la Mayenne. Il demeurait route de Conflans a Herblay. Il était membre actif du Parti communiste et appartenait a un réseau de résistance dépendant du Front National.
Il avait comme nom de guerre « Guillaume. » Il militait au sein de la cellule communiste d'entreprise à l'usine des LTT, où il était le responsable «masses », comme on disait à l'époque pour les militants qui étaient chargés de l'élargissement du nombre d'adhérents et de l'animation politique locale.
Dans la Résistance, il devient rapidement chef de groupe (10 hommes) fonction correspondant au grade FFI de sergent-chef. Il participe en tant que tel à de nombreuses opérations sur le secteur d’Herblay. Il était également chargé des relations avec les gaullistes. A ce titre, il était en contact avec René Defert, résistant gaulliste demeurant à Conflans.
II est arrêté à son domicile le 29 novembre 1943 par des fonctionnaires de la Brigade spéciale de la préfecture de police. II est aussitôt incarcéré pour menées «communo-terroristes», selon la terminologie en vigueur sous l'administration collaborationniste de Vichy. Lors de son arrestation, il déclare que, depuis décembre 1942, sa mission consistait à distribuer des tracts le soir dans les rues de Conflans et, parfois, à la sortie de l'usine des LTT où il travaillait.
Son activité de résistant s'effectuait au sein des FTPF. Il a été fusillé le 11 avril 1944 au Mont Valérien avec son ami et camarade, Maurice Dampierre. Il est l'un des principaux organisateurs de l'arrêt de travail et de la manifestation patriotique du 11 novembre 1943 aux LTT. A cette date, plus d'une centaine de salariés hommes et femmes avaient répondu a l'appel.
Le 13 avril 1944, les salariés des LTT cessent massivement le travail pour honorer sa mémoire et celle de Maurice Dampierre, fusillé le même jour. Il était contrôleur mécanicien dans cette usine.
Maurice Dampierre est né le 20 avril 1909 à Pontoise, en Seine-et-Oise (95 aujourd'hui). Il est marié, père de quatre enfants dont Maurice le petit dernier qui portera son prénom mais qu'il ne connaîtra jamais. Maurice Dampierre est ajusteur-mécanicien à la Tréfilerie Lignes Télégraphiques et Téléphoniques (LTT).
Maurice est communiste. Il a une activité de résistant jusqu'en novembre 1943 sous le pseudonyme de « César » et jusqu'à la date de son attestation. Il lui est reproché d'avoir effectué des actes hostiles aux armées d'occupation, comme la diffusion de tracts et de journaux anti-allemands, des actions armées et des sabotages.
Il a réalisé un coup de main contre des sentinelles allemandes en septembre 1943 à Saint-Germain-en-Laye. Il a également participé à un déraillement sur la voie ferrée stratégique reliant Epluches à Achères via Eragny-sur-Oise au kilomètre 28,200. Cette action a eu lieu sous son commandement, le 12 octobre 1943 à 23 heures. La manoeuvre avait comme but le déraillement d'un train de permissionnaires allemands se dirigeant vers Achères et l'obstruction de la voie ferrée pendant 48 heures. L'action s'est déroulée sur le territoire de Neuville.
Après son arrestation, le 26 novembre 1943, à son domicile, par quatre policiers en civil, Maurice Dampierre est incarcéré en même temps que Roland Parisé à la prison de Fresnes où il est soumis à la torture. Il est supplicié. Avec Roland Parisé, il comparaît devant le tribunal militaire allemand dans la prison elle-même, le 18 mars 1944. Tous deux sont accusés d'actes hostiles à l'armée allemande d'occupation. Il est condamné à mort.
Maurice Dampierre est fusillé au Mont Valérien avec 18 codétenus, dont Emmanuel Bourneuf, le 11 avril 1944, à 15 heures 35.
Il a reçu la mention « Mort pour la France ». Les quatre enfants de Maurice Dampierre sont reconnus pupilles de la Nation.
Pierre Cornieux est un ancien de la Grande Guerre. Il est très décoré. Il s'engage dans les FTPF au début de 1941, dans la région de Pontoise. Il participe à de nombreuses actions contre l'ennemi.
Il est promu au grade de sous-lieutenant, grade qu'il avait dans l'armée, comme le stipule, dans un document officiel, le lieutenant-colonel FTPF-FFI, M. Vigne, le 21 mars 1947, et dans un autre document, Joseph Maire, membre du Comité local de Libération et 1er adjoint au maire de Conflans.
Il est recruté dans les FTPF par Maurice Dampierre. Il participe au déboulonnage du 12 octobre 43 avec Maurice Dampierre, Roland Parisé, Roland Cauchy, Jean-Francois et un autre FTPF impossible à identifier.
Pierre Cornieux est chef électricien aux LTT. Il est arrêté le 29 novembre 1943 et est interné à la prison de Fresnes. Il est déporté le 10 juillet 1944 au camp du Struthof puis est transféré à Dachau le 4 septembre 1944. Le 16 septembre 1944, il est transféré à Natzweiler, commando de Haslach, sous le matricule 34 252.
Il serait décédé le 21 février 1945 à Vaihingen. Il figure parmi les disparus des camps de la mort et l'acte de son décès sera prononcé le ler juillet 1946.
Sa femme, Suzanne, demeurant 6 rue-Carnot à Argenteuil, dans le Val-d'Oise, en est alors officiellement informée.
Pierre Cornieux a reçu la mention « Mort pour la France » et a été reconnu comme déporté politique. Sa femme Suzanne s'est vue accordée le versement d'une allocation militaire, au titre de reconnaissance du « Sacrifice de sa vie dans la Résistance » de son mari.
Pierre Cornieux (convoi 1.243), matricule 19 358 au Struthof, est déporté dit ultérieurement NN (les fameux "Nuit et Brouillard"). Les NN relèvent d'une procédure codifiée par Keitel. Les nazis estimaient que les tribunaux, y compris les tribunaux spéciaux des pays occupés, étaient trop cléments vis-à-vis des résistants « terroristes ». Ils voulaient que ces derniers soient condamnés à la peine capitale par des tribunaux du Reich lui-même. Parallèlement, les familles étaient tenues dans l'ignorance totale du sort de ces déportés, mesure visant à intimider la population. Le corollaire de ce « statut » était, pour les déportés, un isolement total.
Jacques Defer
D'après Yannick Amossé et Jean Présent, La Résistance à Conflans-Sainte-Honorine, Montreuil, Le temps des Cerises, 2013.