Pierre Ruibet
Légende :
Pierre Ruibet, compagnon de la Libération
Genre : Image
Type : Portrait
Source : © Musée d'Orbigny-Bernon de La Rochelle, fonds Gayot Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : sans date
Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Poitou-Charentes) - Charente-Maritime - Jonzac
Contexte historique
Pierre Ruibet est né le 9 juillet 1925 à Grenoble ; son père, charcutier, est un ancien combattant de la guerre de 14/18. En 1929, il s'installe avec sa famille à Voiron dans l'Isère où il fait ses études jusqu'au brevet élémentaire. En juin 1942, son père, qui le destine à la carrière militaire, l'inscrit au Centre d'Education Bayard d'Audinac-les-Bains (Ariège). Celui-ci reçoit les enfants de troupe qui ont achevé leurs études mais n'ont pas encore l'âge de s'engager.
À l'été 1943, Ruibet tente de rejoindre les Forces françaises libres avec quelques camarades. Il est arrêté en Andorre par la Guardia Civil et remis à la police française. Rapidement libéré, il est cependant exclu de l'Ecole d'Audinac. Afin d'échapper au Service du travail obligatoire (STO), il rejoint comme terrassier une unité de travailleurs utilisés par les PTT dans le Gard, puis à Jonzac à partir de septembre 1943. Son unité étant dissoute fin décembre, il réussit à se faire engager comme travailleur civil aux carrières d'Heurtebize, à la sortie de Jonzac, qui abritent le plus important dépôt de munitions de la Kriegsmarine pour l'Atlantique et la Mer du Nord. Régulièrement, il en extrait des cartouches, des grenades et de la dynamite qu'il cache sous l'estrade du juge du Palais de Justice de Jonzac dont la concierge, Mme Robert, l'héberge dans sa famille.
En avril 1944, il entre en contact avec le groupe-franc Alerte, groupe de sabotage et d'action de l'Organisation civile et militaire (OCM), dont le quartier général se trouve à Bordeaux. Pour Alerte, il réalise l'inventaire complet du dépôt. Le résultat équivaut à 120 trains de munitions d'artillerie, d'armes portatives, de bombes d'avions, de mines terrestres et marines. Y sont stockés notamment 5 000 obus de 105, 3 500 de 155 et 2 000 de 220. Cette cible, d'une importance capitale pour les Alliés, ne pouvant être bombardée sans risquer de raser entièrement Jonzac, Pierre Ruibet se porte volontaire pour faire sauter le dépôt. Le 18 juin, il place les explosifs mais les détonateurs fournis par le groupe ne fonctionnent pas. Le 21, lors d'un nouvel essai infructueux, il est surpris par un collègue, Claude Gatineau, qui propose de l'aider à sa prochaine tentative.
Le 30 juin, à 7h30, il met en place un dispositif équipé de mèches rapides bien décidé à y mettre le feu à la main si les détonateurs devaient à nouveau ne pas fonctionner. A 8H30, alors que Claude Gatineau fait le guet, il déclenche les crayons détonateurs réglés pour une durée de quatre heures quand un sous-officier allemand, qui les a épiés, bouscule Gatineau et se jette sur lui. Il blesse son assaillant qui sort du dépôt en criant au sabotage. Dix-sept Allemands accompagnés de chiens se précipitent dans la carrière au moment où il met le feu aux mèches, conscient du sacrifice qu'il fait. Quatorze soldats disparaissent avec lui dans le dépôt où des explosions phénoménales se succèdent pendant deux jours.
Claude Gatineau, qui a pu échapper à l'explosion revient sur les lieux avec son uniforme de pompier mais il est reconnu par le sous-officier lui aussi rescapé. Torturé, il ne parle pas et est fusillé le lendemain. Le 17 juillet, le corps de Pierre Ruibet est découvert et identifié puis inhumé par les Allemands dans la région de Bordeaux où son corps est retrouvé après la libération. Le 8 décembre 1944, ses obsèques ont lieu à Jonzac. Son inhumation définitive a lieu le 5 septembre 1960 au cimetière de Voiron.
Biographie du Musée de l'Ordre de la Libération