Légende :
Extrait du journal clandestin L’Unité, n°4 de novembre 1943.
Genre : Image
Type : Presse clandestine
Source : © Archives FNDIRP Droits réservés
Détails techniques :
Suport papier. Format article : 19,5 x 10 cm. Format page du journal : 25 x 20 cm.
Date document : Novembre 1943
Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot
Cet article du n°4 de L’Unité de novembre 1943 intitulé « Sur une réunion… » apporte des précisions sur la réticence du mouvement Franc-Tireur à adhérer au Front national au sein de la centrale, et ceci par crainte de noyautage : « … ces jours derniers, nos camarades gaullistes réunis en assemblée d’information en présence des représentants de nos camarades communistes ont entendu, par Raffini puis par Renoult, un vibrant appel à l’Unité. De cette réunion, tous sont sortis avec l’impression que se trouvaient enfin dissipées certaines mésententes fâcheuses. Les représentants des différents mouvements ont pris la parole pour affirmer au nom de leurs organismes respectifs leur adhésion au front national. L’un d’eux toutefois, notre camarade Gershel, représentant de Franc-Tireur, a posé très sincèrement, très courageusement la question de la politique agraire et de la politique coloniale du Front national. Le temps n’a malheureusement pas permis de nous éclairer sur ces points… ».
La suite de l’article souligne la nécessité de consacrer en prison du temps à ces débats essentiels pour l’avenir de la France.
Les intervenants dont il est fait mention dans cet extrait sont :
Toussaint Raffini, journaliste, agent du réseau franco-polonais F2 à Marseille, délégué gaulliste du préau 2 à Eysses ;
Daniel Renoult, journaliste politique, conseiller général communiste de la Seine jusqu’à la dissolution du parti communiste en 1939, interné administratif à Eysses ;
Emile Marc Gershel, responsable de Franc-Tireur à Clermont-Ferrand jusqu’en janvier 1942.
Sources : Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy, L’Harmattan, 2002.
A Eysses, en octobre 1943, les organisations déjà constituées dans les différents établissements pénitentiaires ont cherché à se regrouper et à se fondre, dès lors qu’elles acceptaient le principe d’une organisation commune. La plupart des organisations de résistance représentées acceptent le principe d’adhésion à un front national des détenus, proposée par les communistes. La plupart des résistants présents dans la prison appartiennent à quelques grands mouvements : Combat, Libération, Franc-Tireur, ou au parti communiste. C’est donc aux responsables des diverses organisations que se pose la question de l’adhésion au Front national. L’accord se fait sur des objectifs immédiats, même si la réflexion sur les perspectives souligne les divergences autour des enjeux de société qui se poseront avec force à la Libération. L’impulsion est donnée par quelques responsables convaincus de la nécessité de l’union. Le groupe de Franc-Tireur est plus réticent à adhérer au front national par crainte de de la prédominance des communistes. Il n’a donc pas donné une adhésion claire au FN et s’est divisé sur la question de la participation au Collectif, certains restant au quartier cellulaire, d’autres rejoignant les préaux. Les membres des réseaux Buckmaster (environ 25), restés au quartier cellulaire où ils étaient organisés depuis leur arrivée au printemps 1943, ont refusé eux formellement cette adhésion. L’unité autour du FN s’est réalisée autour d’objectifs communs immédiats dans le cadre carcéral et la préparation de l’évasion. Mais pour certains, la peur de la forte influence du PC a prévalu. Seuls une cinquantaine de détenus (soit 3%) sont restés en dehors de ce Collectif, au quartier cellulaire.
Sources : Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy, L’Harmattan, 2002.