Statue de Paul Demarne, Canet (Hérault)
Légende :
Né le 28 février 1904 à Saint-Georges-d'Orques, Paul Demarne, chef du maquis Bir-Hakeim, est tué par des balles allemandes dans la nuit du 3 août 1944, aux environs de Gignac. Sa statue érigée sur la Grand Place de Canet rappelle à tous son souvenir.
Genre : Image
Type : Statue
Producteur : Sophie Ballay
Source : © Cliché Sophie Ballay Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : Mars 2018
Lieu : France - Occitanie (Languedoc-Roussillon) - Hérault - Canet
Contexte historique
Né le 28 février 1904 à Saint-Georges-d’Orques (Hérault), mort en action le 4 août 1944 tué par les Allemands à Gignac (Hérault) ; viticulteur à Canet (Hérault) ; adhérent du Parti radical-socialiste avant la Seconde Guerre mondiale ; militaire de carrière (1941-1942) en Algérie puis à Montpellier ; résistant (AS) au début de 1943 ; membre du maquis (AS) Bir Hakeim à partir de décembre 1943 ; deuxième chef de ce maquis (28 mai-4 août 1944).
(..) Paul Demarne mourut le 4 août 1944 au cours d’un affrontement avec les Allemands sur la route de Bélarga à Gignac, sur le territoire de la commune de Gignac (Hérault). L’acte de décès transcrit le 6 août 1944 à l’état civil de Gignac indique qu’il mourut “accidentellement” dans la nuit, à deux heures. Il avait quitté Canet une heure plus tôt en compagnie de son “garde du corps”, Pierre Manzanera qui échappa au guet-apens et en raconta ultéreurement les circonstances.
Plusieurs versions de l’affrontement qui causa la mort de Demarne ont été produites. Nous avons consulté celle de Maruéjol et Vielzeuf (op. cit., 1972, pp. 178-182 et celle consignée dans des dépositions recueillies par la gendarmerie de Clermont-l’Hérault le 6 décembre 1944 (dossier de l’AVCC, Caen) : du maréchal des logis Saison de la brigade de gendarmerie de Gignac ; de Pierre Manzanera, le garde du corps de Demarne. Elles coïncident pour l’essentiel, ne différant que sur deux points de détail. Ainsi, Maruéjol et Vielzeuf indiquent que le véhicule qui obligea Demarne et Manzanera à abandonner leur véhicule les avaient doublé alors que les déclarants de 1944 affirment que cette automobile circulait en sens inverse. Le gendarme Saison fit son enquête dès le lendemain 9 heures avec son collègue l’adjudant Mourey de la brigade de Clermont-l’Hérault. Il constatèrent que, à l’emplacement du corps de Demarne, il y avait une flaque de sang. Ils expliquèrent que les Allemands qui se trouvaient dans l’automobile et participèrent au combat étaient sans doute ceux qui occupaient Gignac car, n’ignorant pas la mort du commandant de Bir Hakeim, le lendemain matin, ils “ont obligé les autorités de Gignac à enterrer cet officier ce qui laisse supposer qu’ils n’ignoraient pas sa mort”. D’après le maire de Gignac à qui ils donnèrent l’ordre d’inhumer immédiatement Demarne, les Allemands affirmèrent qu’ils venaient de tuer un résistant au mas Rouge dont, apparemment, ils ignoraient l’identité mais qui était connue du maire de Gignac et des résistants du cru. La nuit suivante, Pierre Desilla, un résistant du Pouget proche de Demarne qui avait été réquisitionné pour son enterrement, vint avec des amis déterrer le cadavre et l’amenèrent à Canet à sa veuve qui l’installa sur un lit. Peu après, un Allemand vint perquisitionner le domicile et découvrit avec surprise la dépouille mortelle du commandant et s’exclama : « Demarne mort ? Quel bonheur ! ».
Demarne avait donné l’ordre à un groupe de Bir Hakeim d’assurer la réception d’un parachutage nocturne d’armes par les Britanniques. Le chef de la 2e compagnie de Bir Hakeim, Henri Prades alias Pascal, avait été averti par Marcel Feschotte qu’Eugène Donati — qui avait commandé le groupe franc de Bir Hakeim de Montpellier — l’attendait au château Capion (commune de Gignac, à la limite d’Aniane) afin de réceptionner le parachutage. Il s’y rendit avec une quarantaine d’hommes venus du rocher des Deux-Vierges. Bien que risqué, le parachutage s’effectua normalement, mais le vent dispersa les containers et retarda l’opération. Rouan alias Montaigne* conscient des difficultés et du danger encourus envoya des renforts depuis Mourèze. Les Allemands qui avaient remarqué les manèges de l’avion britannique les interceptèrent. Une fusillade éclata. Le groupe de Bir Hakeim de Mourèze se retira avec un seul blessé. Pendant ce combat, Demarne qui rentrait chez lui à Canet entendit les bruits des armes. Il reprit sa moto et escorté par Manzanera alla vers le lieu du parachutage. Au niveau du mas Rouge, une automobile les obligea à se serrer dangereusement sur les platanes du bord de la route et à abandonner leurs motos dont s’emparèrent les occupants du véhicule. Les deux hommes qui marchaient le long de la route, virent le véhicule arrêté et des Allemands qui en étaient sortis patrouiller afin de repérer, semble-t-il le lieu présumé du parachutage. Voulant préserver le bon déroulement de l’opération, Demarne et Manzanera ouvrirent le feu sur les Allemands. En ripostant, Demarne fut atteint par trois balles après que son mousqueton se fut enrayé. Avant de mourir, d’après les deux historiens pionniers de Bir Hakeim, il aurait donné l’ordre à Manzanera de quitter les lieux alors que les déclarants de décembre 1944 ne mentionnent pas ce fait, se contentant de consigner les dernières paroles prononcées par Demarne avant d’expirer : “Pierrot, je suis mort !”. Celui-ci ayant compris que l’affrontement serait inégal décrocha et réussit à traverser l’Hérault à la nage et se rendit aussitôt à Canet annoncer à Mme Demarne la mort de son mari. Paul Demarne, après que sa dépouille eut été remise à sa femme, fut enterré discrètement dans le caveau familial. Un hommage lui fut rendu par la population canetoise après la Libération. François Rouan alias “Montaigne”* lui succéda à la tête de Bir Hakeim.
Il fut homologué commandant des FFI à compter du 6 juin 1944 et déclaré mort pour la France le 20 octobre 1945. Il a reçu, toujours à titre posthume, la médaille de la Résistance, le Distinguished Service Order, la Military Cross et la Légion d’honneur. Le quartier général suprême des forces expéditionnaires interalliées a distingué, sous la signature du général Eisenhower, son nom ainsi que celui de Jean Capel et de François Rouan* pour leur « héroïque conduite ».
Extrait de la biographie de Paul Demarne par André Balent [Voir la biographie intégrale de Paul Demarne sur le Dictionnaire des fusillés et exécutés]