Contexte historique

Né le 14 avril 1916, Manuel Lozano, confronté dès son adolescence à la dureté de la condition ouvrière, adhéra très jeune à la Fédération Ibérique des jeunesses libertaires et au principal syndicat espagnol, la Confédération nationale du travail où il apprendra d’ailleurs à lire et à écrire…
Après le coup d’Etat de Franco en 1936, il parvient à gagner la zone républicaine et s’engage dans les milices avec lesquelles il combat sur les fronts de Malaga, de Grenade ou encore de Marbella. Après la défaite du camp républicain, il parvient à s’embarquer, le 28 mars 1939, sur un bateau qui gagne Oran où il est aussitôt arrêté par la police française comme des milliers d’autres réfugiés. Il sera successivement interné dans cinq camps en Algérie et au Maroc, jusqu’au débarquement des Alliés en Afrique du Nord, en novembre 1942.
Manuel Lozano s’engage alors dans les corps francs d’Afrique de la 2e Division blindée. Il participera, en avril 1943, à la prise de Bizerte en Tunisie où, avec ses compagnons espagnols, il s’illustrera.
En mai 1944, il est transféré en Angleterre pour intégrer la 9e compagnie du 3e régiment de la 2e DB afin de participer à la bataille de Normandie et à la campagne de France. Cette compagnie était composée de 160 hommes ; 146 d’entre eux étaient Espagnols ou d’origine hispanique. Beaucoup de ses chars portent d’ailleurs des noms espagnols : Madrid, Ebro ou encore Guadalajara, celui sur lequel Manuel LOZANO entra dans Paris, à la tête d’un convoi de blindés, le soir du 24 août 1944. Il fut l’un des premiers soldats de la 2e DB du Général Leclerc à entrer dans la capitale occupée, participant ainsi à ce qui demeure l’un des grandes dates de l’histoire de notre Capitale.
Dans les jours qui suivirent, il participa aux combats dans Paris avant d’accompagner le général de Gaulle, le 26 août, lors de sa descente des Champs Elysées. Il prit part, ensuite, en novembre 1944, avec la Nueve, à la prise de Strasbourg, et à celle du « nid d’aigle » d’Hitler à Berchtesgaden.

A sa démobilisation, en 1945, il intégra la Confédération nationale du Travail, alors en exil à Paris. Fidèle à ses idéaux, il reprit ensuite le combat pour défendre ses valeurs, un combat où les mots remplaçaient les armes et la poésie les horreurs de la guerre. Manuel LOZANO collabora en effet à plusieurs titres de la presse libertaire. Grand amateur de poésie, il publia, comme éditeur et auteur, de nombreux recueils avant de s’éteindre le 23 février 2000.