Voir le verso

Place du Docteur Daniel Bouchet, Saint-Loup-Lamairé (Deux-Sèvres)

Légende :

Recto : Place du Docteur Daniel Bouchet, Saint-Loup-Lamairé (Deux-Sèvres)

Verso : panneau renseignant sur l'été 1944 et l'action du Dr. Bouchet

Genre : Image

Type : Place

Producteur : C. Durand

Source : © Clichés Christophe Durand Droits réservés

Détails techniques :

Photographies numériques en couleur.

Date document : Août 2018

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Poitou-Charentes) - Deux-Sèvres - Saint-Loup-Lamairé

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Daniel Bouchet est né à Ruffec en Charente le 21 juillet 1894.

Il passe toute son enfance en Gâtine, précisément au logis familial du Plénitre, près de Parthenay. A vingt ans, il part pour la Grande Guerre et fait les campagnes de l’Yseret de la Somme, puis dans l’armée d’Orient à Salonique et en Serbie.
Après avoir terminé ses études de médecine à Nantes, il s’installe à Saint-Loup-sur-Thouet, où il succédera à son oncle. Quand, en 1939, éclate la guerre, il souhaite s’engager, mais on lui refuse car il est père de six enfants. En 1940, quand arrivent les Allemands il prend en main la mairie sans mandat (il ne deviendra maire officiellement qu’en septembre 1940).

Très vite, les difficultés vont commencer, sa fermeté lui vaut des ennuis. Il est d’ailleurs condamné à mort une première fois puis gracié pour avoir giflé un sous-officier allemand. Peu après cette affaire, le 12 janvier 1941, il est contacté par un officier du SR, le capitaine Marcel Thomas du service secret de renseignements militaires, qui lui propose d’adhérer à son service en voie de restructuration. Lorsque la semaine suivante, Thomas repasse le voir, Daniel Bouchet donne son accord. Au mois de mars, un médecin de Nantes, le Dr. Meus, ami de longue date, lui demande d’entrer dans le réseau C.N.D de Rémy en voie d’élaboration qui vient d’arriver à Nantes. Le 20 avril 1941, son collègue de Thouars, le Dr. André Chauvenet vient le contacter, lui expliquant qu’il a crée à Thouars un groupe de résistants autonomes avec le percepteur Gabriel Richetta et le docteur Colas de Loudun. Tout en appartenant au Service Secret de l’Armée, Daniel Bouchet va collaborer à ces deux réseaux en raison même de l’amitié qui le lie à Meus et Chauvenet. Dès lors, le réseau CND s’organise. Daniel Bouchet est appelé à se déplacer fréquemment en Anjou et en Touraine et échange des informations avec Etienne Madelin, mais aussi à Saintes, à La-Rochelle, à Tours.

De mars 1941 à juillet 1943, le groupe du Dr. Bouchet se développe : les renseignements sont transmis à Londres par Bernard Anquetil, dit « Lhermite » et « Fleuret » de Bordeaux, puis par "Bob". Très tôt, la répression débute avec les arrestations des radios, des Dr. Chauvenet et Colas en janvier 1942 et de Gabriel Richetta. La lutte changera de style, pour le Dr. Bouchet, à partir de son entrevue en janvier 1943 avec le général Faucher, membre du mouvement Libération-Nord et qui deviendra commandant de la région B de l’Armée Secrète. Il lui demande de cesser provisoirement le renseignement afin de privilégier la recherche de terrains de parachutage.
Le 6 mars 1943, pour ne pas prêter serment de fidélité au régime de Vichy, il démissionne de son poste de maire de Saint-Loup-sur-Thouet. Les réseaux se coordonnent O.C.M. et C.N.D., les parachutages se multiplient, le danger augmente. 

Le 9 juillet 1943, la Gestapo investit son domicile. Arrêté, il est conduit à Parthenay, puis interné à la prison de la Pierre-Levée de Poitiers. Les interrogatoires sont nombreux et difficiles, les jours, les mois passent ; un jour, le 10 décembre 1943, les Allemands l’emmènent à Niort devant un tribunal militaire. De retour à la prison, un officier lui signifie qu’il est condamné à mort ainsi que le colonel Delahaye, Roger Hélier et Eugène Brisset. Il demeure plus d’un mois dans une cellule glacée attendant qu’on vienne le chercher pour le fusiller.
A la mi- janvier 1944, comme on ne le fusillait point, il se sentit d’abord rassuré, jusqu'à ce qu'on le conduise à la gare, d'où il partit avec d’autres résistants pour Buchenwald, via le camp de Compiègne. Il y reste quinze mois et il y retrouve le Dr. Chauvenet mourant.
Durant sa déportation, de par sa profession, il aide les autres déportés à surmonter leurs souffrances.
Il sera libéré le 28 avril 1945 et il retourne à Saint-Loup très affaibli. Daniel Bouchet, « Bib » dans la Résistance, sera de nouveau maire et conseiller général.

il est décédé le 31 juillet 1987., La place principale de Saint-Loup porte désormais son nom. Il a été fait commandeur de la légion d’honneur.

" Un très grand Français", dit la citation du général de Gaulle.

Soucieux de la transmission des valeurs de la Résistance aux jeunes générations, il co-fonde le Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes en 1986.


Auteur : Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes.

D'après les mémoires de Daniel Bouchet, Si je meurs, Venge-moi, éditions UPCP, Geste Paysanne, 1990.