Stèle du Docteur Medvedowsky, Beaumont-de-Pertuis (Vaucluse)
Genre : Image
Type : Stèle
Producteur : Michèle Bitton
Source : © Collection Michèle Bitton Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : 2011
Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Vaucluse - Beaumont-de-Pertuis
Analyse média
Plaque principale
ICI EST MORT POUR LA FRANCE
LE DOCTEUR S. MEDVEDOWSKY
ASSASSINÉ LE 17 JUIN 1944
PAR LES ALLEMANDS
ET PAR DES FRANÇAIS
TRAÎTRES A LEUR PAYS
Seconde plaque
LEGIO PATRIA NOSTRA
Stèle située à environ quatre kilomètres du cœur du village de Beaumont-de-Pertuis, au Quartier de la Combe à une centaine de mètres au dessus de la route départementale n°42 en direction de Mirabeau. Inaugurée dans l’immédiat après guerre, en 1945, édifiée à l’initiative d’anciens combattants du Pays d’Aigues. Haute de près de 4 m, elle est constituée par une colonne en pierre de taille en trois parties posée sur un socle en béton et entouré d'un enclos en fer forgé. La partie supérieure est décorée d’ornements floraux surmontés d'une urne avec une flamme. Elle comporte deux plaques ; le texte inscrit sur la plaque principale, mettant en cause des Français, fut préalablement soumis par les anciens combattants à l’approbation de Suzanne Medvedowsky, veuve de Schléma. La seconde plaque, scellée au bas de la colonne, est postérieure ; elle porte la devise latine « Legio patria nostra » (la Légion est notre patrie) de la Légion étrangère dans laquelle Schléma Medvedowsky avait servi durant la Guerre de 1914-1918.
Michèle Bitton, avec la collaboration de Jean Priol, Mémoires 1939-1945 du Pays d’Aigues (Vaucluse), tome 1, Ici même en 1944, Association Mémoire et Histoire, Marseille, 2017.
Contexte historique
Schléma Medvedowsky est né dans une famille juive en Ukraine le 20 février 1891 à Zolotonoscha. Il quitte son pays au début des années 1910 pour poursuivre des études de médecine à Paris, études qu’il interrompt en 1915 pour s’engager dans la Légion étrangère où il sert comme médecin auxiliaire dans le Corps expéditionnaire français d’Orient. Marié à Suzanne Beaumont en 1920, après s’être fait baptiser catholique ; ils auront quatre enfants. Naturalisé français en 1921 et reçu Docteur en médecine en 1922, il s’installe à La Tour-d’Aigues (Vaucluse) en 1923 et y exercera jusqu’à son arrestation. En tant que médecin, il dispose de carburant pour sa voiture et peut poursuivre ses visites aux nombreux patients des différents villages de la vallée d’Aigues qui font appel à son dévouement et à sa générosité. Il est également sollicité comme médecin légiste par les autorités municipales et les FTP font aussi appel à ses services. Ces derniers commettent une grave imprudence en se rendant directement chez lui au début du mois de juin 1944, un jour qu’il était absent, pour faire soigner deux miliciens qu’ils avaient blessés en les arrêtant (et qu’ils fusilleront ensuite). Le 15 juin, la Gestapo, la Feldgendarmerie et la Milice investissent le village de La Tour-d’Aigues mais ne trouvent ni les FTP, ni le Docteur Medvedowsky, celui étant à nouveau absent.
Le lendemain, le 16 juin 1944 vers 8 h 30 après avoir quitté son domicile de La Tour-d’Aigues pour effectuer la tournée de ses malades, il est arrêté dans sa voiture sur la route de Cucuron à la hauteur de Sannes, par un barrage établi par une soixantaine de miliciens. Après un bref interrogatoire, les miliciens le font monter dans un de leurs véhicules où se trouvait déjà Gaston Turcan arrêté deux heures auparavant dans sa ferme où avait été découvert un dépôt d’armes. Le convoi se dirige vers Cadenet, traverse plusieurs localités, Pertuis, Peyrolles, Saint-Paul-lès-Durance et Vinon-sur-Verdon où des éléments allemands se joignent aux miliciens. Ils se livrent ensemble à diverses actions contre des maquisards tandis que Gaston Turcan et Schlema Medvedowsky restent à Vinon, gardés par un milicien en armes. Le lendemain matin, le convoi repart. À proximité du pont de Mirabeau, il fait une nouvelle halte. Medvedowsky est séparé de Gaston Turcan qui déclarera l’avoir aperçu pour la dernière fois en conversation avec Yves Thesmar, chef départemental de la Milice du Vaucluse.
Avertis le jour même de son arrestation, le Maire de La Tour-d’Aigues ainsi que ses habitants et ceux des autres communes de la vallée d’Aigues, Grambois, La Motte-d’Aigues, Saint-Martin-de-la-Brasque, s’adressent immédiatement au Préfet de Vaucluse pour demander, en vain, sa libération. Les nombreuses démarches de son épouse pour connaître son sort restent vaines elles aussi.
Le corps décomposé du Docteur Medvedowsky ne sera retrouvé que six mois après sa disparition, le 20 novembre 1944 sur le territoire de la commune de Beaumont-de-Pertuis, à quelques kilomètres du pont de Mirabeau, sur le lieu où s’élève aujourd’hui la stèle à sa mémoire.
Les interrogatoires et les confrontations conduits ultérieurement en 1945 et en 1946 au cours de l’instruction des procès d’Eugène Panebœuf, ex-intendant de police général à Marseille, et d’Yves Thesmar, ex-chef de la Milice du Vaucluse par ailleurs agent de la Sipo-SD et probablement très proche de la Brandebourg dont la 8e compagnie fut responsable de plusieurs crimes dans la région, ne permirent de rétablir qu'une partie de la vérité sur l’assassinat du Docteur Medvedowsky accusé cependant d’être « un juif » par le chef régional de la milice, Paul Durandy, qui était également médecin.
A titre posthume, le Docteur Schlema Medvedowsky, Médecin-lieutenant, a été notamment cité à l’Ordre du régiment avec attribution de la Croix de guerre avec étoile de bronze le 23 décembre 1946 et décoré de la Médaille de la Résistance et de la Croix de guerre avec palme le 5 janvier 1959.
Michèle Bitton
SOURCES :
Arch. Dép. Vaucluse 7W16 et 6W37.
- Jean-Louis MEDVEDOWSKY, Mémoire d’automne, imprimé par Sit Libris à Châteauneuf (Loire), 2001.
- État civil de Beaumont-de-Pertuis et de La Tour-d’Aigues.
- Michèle Bitton, avec la collaboration de Jean Priol, Mémoires 1939-1945 du Pays d’Aigues (Vaucluse), tome 1, Ici même en 1944, Association Mémoire et Histoire, Marseille, 2017.