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Carte d’adhérent à l’association des anciens FTP

Genre : Image

Type : carte associative

Producteur : Jean-Louis Issartel

Source : © https://www.anacr.com Droits réservés

Détails techniques :

Photographie du document. 

Site de l’ANACR : https://www.anacr.com; Pierre Millet, Ma résistance en Drôme Ardèche, juillet 2017

Date document : 24 février 1946

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche

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Analyse média

Il s’agit de la carte d’adhérent de l'année 1946 de Pierre Millet à l’Association nationale des anciens FTPF elle-même adhérente à l’ARAC. A l’extérieur, encadrés par le titre, deux hommes. L’un est en arme et coiffé d’une casquette évoquant un résistant d’origine populaire. L’autre est un sans-culotte coiffé du bonnet de la liberté et brandissant une pique. Il pose sa main sur l’épaule de son compagnon, comme pour établir une filiation entre la Révolution française et la Résistance. Au-dessus l’allégorie de la Victoire indiquant le chemin à suivre.

Au revers, la carte de France et le bonnet phrygien symbole de la liberté retrouvée mais aussi d’émancipation sociale. Sur le cercle qui entoure l’hexagone on lit « France d’Abord » titre du journal publié par l’association.

L’intérieur fournit les renseignements concernant l’adhérent. Il s’agit de Pierre Millet qui réside alors - nous somme en 1946 - à Saint-Péray. Deux timbres, reprenant le même logo que le devant de la carte sont apposés attestant le paiement de la cotisation.
Pierre Millet, né à Bordeaux en 1920, arrive à Saint-Péray en Ardèche en 1935 où son père a été nommé facteur. Formé à l’école d’apprentissage de la cartoucherie nationale, il est déclaré inapte au service militaire suite à un grave accident qui le prive d’un rein. Marié en 1941, devenu moniteur d’apprentissage à la cartoucherie de Valence, il entre dans la résistance en novembre 1943, en relation avec l’AS de la Drôme, puis prend contact avec Louis-Frédéric Ducros, qui, bien que non communiste comme lui, participe à la mise en place de groupes FTPF en Ardèche sous l’impulsion de Raoul Galataud. Devenu clandestin en avril 1944, il participe à de nombreuses actions et devient officier au sein de la 7101e compagnie FTPF, puis en août 1944 membre de l’Etat major du 11e bataillon nouvellement créé. Affecté, en octobre à la police FFI à Tournon il est blessé lors d’un accident. Début 1945, il s’engage dans l’armée pour la durée du conflit, et s’emploie, au centre de récupération de Saint-Péray à la collecte du matériel abandonné le long des routes. Il est recalé en mai 1945 à l’examen de l’école des cadres de Beauvallon, une école destinée à l’intégration d’anciens officiers FFI, pour avoir ignoré ce qu’était le service Z dans l’armée (lequel concernait les gaz de combat), il connaît le sort de beaucoup d’anciens FTP : selon son témoignage, dans sa promotion, sur les 30 stagiaires comprenant 28 anciens de l’AS et 2 FTP, seuls les 2 FTP n’ont pas été confirmés dans leur grade. Démobilisé en octobre 1945, il travaille ensuite au centre de formation professionnelle de Valence, puis dans l’Education nationale comme professeur de dessin technique. Il s’investit dans le secteur social, au sein du mouvement HLM, devient président fondateur de l’Habitat social, ainsi que dans la Fédération Française de Camping et de Caravaning. Dans le monde des Anciens Combattants, resté fidèle à ses engagements de jeunesse, il milite au sein des Anciens FTPF, puis au sein de l’ANACR, intervient dans les collèges et les lycées, compte parmi les fondateurs du Musée départemental de la Résistance au Teil où il occupe pendant de nombreuses années la fonction de Trésorier. Il publie en 2017, à compte d’auteur, son témoignage : Ma Résistance en Drôme-Ardèche.


Jean-Louis Issartel

Contexte historique

C’est en mars 1945 que naît l’ « Association des Amis des FTPF » sous la présidence de Charles Tillon alors ministre de l’Air. La période est riche en création d’anciens combattants de la Résistance intérieure. Mais celles-ci ont souvent une base limitée à un département (comme les ARA en Ardèche) ou à une région. L’objectif souvent affiché est de maintenir l’union scellée au moment des combats pour faire triompher le programme du CNR, alors que la guerre se poursuit toujours. Mais les divergences d’interprétation sur le contenu et la portée des réformes ne manquent pas d’apparaître au grand jour. Sous l’influence des communistes, les anciens FTP créent leur propre organisation, désireux de faire triompher leur volonté d’émancipation sociale, dont toute la symbolique imprègne le registre iconographique du document. Le nom de l’association change à plusieurs reprises. En 1946, c’est « l’Association nationale des anciens FTPF ». En 1947, c’est « l’Association des anciens FTPF-FFI », puis en 1948, l’ « Association Nationale des Anciens Combattants des FFI-FTPF et de leurs amis » . En effet, avec la guerre froide, les divisions entre anciens résistants s’accentuent, et les anciens FTPF, pour combattre l’isolement dont ils sont menacés, cherchent à élargir leur organisation à tous ceux, qui, non communistes, restaient attachés aux principes qui les avaient unis pendant la guerre. Ceci aboutit en 1952 à la conférence de Villejuif qui avec la création de l’ « ANACR fondée par les anciens FFI-FTP » permet un premier élargissement à toutes les composantes et formes de lutte de la Résistance, puis en 1954 au congrès de Limoges à une composition pluraliste et devenir en 1956 tout simplement l’ « ANACR ».


Jean-Louis Issartel