Butte des fusillés de la Maltière, Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine)
Légende :
Le polygone de tir de la Maltière à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine), où furent fusillés de 1940 à 1944 près de soixante-dix patriotes appartenant aux quatre départements des Côtes-du-Nord (Côtes-d’Armor), du Finistère, d’Ille-et -Vilaine et du Morbihan, fait partie des nombreux lieux d’exécutions qui sont devenus des hauts-lieux de la mémoire résistante bretonne.
Genre : Image
Type : Monuments et plaques
Producteur : Sébastien Guibert
Source : © Cliché Sébastien Guibert Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : Juin 2020
Lieu : France - Bretagne - Ille-et-Vilaine - Saint-Jacques-de-la-Lande
Analyse média
Au lendemain de la 2e guerre mondiale, les premières cérémonies du souvenir, organisées par le Comité du souvenir des Fusillés de Saint-Jacques, se sont d’abord déroulées dans le cimetière de Saint-Jacques-de-la-Lande. À partir de 1947, la Butte des fusillés de la Maltière est devenue un lieu de mémoire où chaque année des cérémonies commémoratives sont organisées chaque année le 30 décembre (date anniversaire des vingt-cinq exécutions du 30 décembre 1942) et le le 4 août (date anniversaire de la libération de Saint-Jacques-de-la-Lande. Difficile d’accès, le site est resté plusieurs années encore dans le périmètre et sous l’emprise des autorités militaires qui, à l’époque de la Guerre froide, refusèrent la présence aux cérémonies commémoratives du Parti communiste et des associations de résistance appartenant à la mouvance du PCF qui se rassemblaient à Rennes dans le cimetière de l’Est où plusieurs fusillés de la Maltière sont inhumés.
En 1953, les autorités militaires ont autorisé la ville de Rennes à entretenir le site et chemin d’accès à la butte. En 1958, la commune de Saint-Jacques-de-la-Lande a demandé à l’Armée la cession gratuite du site qui lui a été finalement concédé en 1961 pour la somme de 10 000 francs. En 1971, la commune de Saint-Jacques-de-la-Lande a fait construire un petit muret au pied de la butte destiné au dépôt des gerbes de fleurs, et à partir de cette date a assuré l’aménagement et l’entretien du site. La butte a été recouverte par un toit végétalisé et une plaque a été apposée sur le côté droit portant l’inscription : « Souvenez-vous des patriotes fusillés ici de 1941 à 1944 pour que Vive la France ». Au pied de la butte a été érigée une stèle de marbre sur laquelle étaient inscrits soixante-dix-neuf noms de fusillés.
Désormais, les cérémonies commémoratives furent organisées conjointement par les villes de Rennes et de Saint-Jacques-de-la-Lande. En 2015, la commune de Saint-Jacques-de-la-Lande a lancé un concours d’idées en direction des lycéens pour l’aménagement de la Butte des fusillés de la Maltière.
Le 30 décembre 2017, à l’occasion du 75e anniversaire de la fusillade du 30 décembre 1942, le site réaménagé autour d’un parcours qui invite au recueillement a été inauguré. Une grande allée bordée par soixante-seize poteaux sur lesquels sont inscrits par ordre chronologique les noms de soixante-seize fusillés de la Maltière avec leur âge et la date de leur exécution, conduit à la Butte des fusillés où une nouvelle plaque commémorative a été érigée qui porte l’inscription « Les Fusillés de la Butte de la Maltière - 1940-1944 », et sur laquelle sont inscrits par ordre alphabétique les prénoms et les noms de soixante-seize fusillés de la Maltière.
Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Contexte historique
Dès leur arrivée le 18 juin 1940 à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine), commune située à la sortie de Rennes en direction de Redon, les Allemands ont réquisitionné et occupé l’aérodrome, les installations et les terrains militaires. Parmi ces terrains militaires réquisitionnés se trouvait au lieu-dit la Maltière, un polygone de tir en forme de butte que l’Armée française avait fait aménager en 1937, en faisant appel à l’entreprise de travaux publics Pichenot. Les Allemands transformèrent cette butte de tir en lieu d’exécutions. Près de soixante-dix patriotes presque tous condamnés à mort par le par le tribunal militaire allemand FK 748 de Rennes, y furent fusillés entre septembre 1940 et juillet 1944. Louis Bodeur, condamné à la peine de mort le 18 mai 1944 « pour détention illicite d’armes » par le tribunal du secteur postal 56300 st. L. No 304/44 a été fusillé le 23 juin 1944. Jean Le Floch, Yves Manach et sans doute Yves Page, fusillés par des gendarmes français le 12 mars 1944, avaient été arrêtés par la 13e brigade régionale de sûreté, police de Vichy, et condamnés à mort par la Cour martiale de Rennes. Les six patriotes exécutés en juillet 1944 sont des exécutés sommaires. Arrêtés à la mi-juillet 1944, par des policiers et des miliciens français, ils n’ont pas été condamnés à mort, et furent abattus d’une balle dans la tête.
Le premier fusillé pour acte de résistance en Bretagne fut le Rennais Marcel Brossier, exécuté à la Maltière le 17 septembre 1940. Il y eut une seule exécution en 1941, celle de Roger Barbé, exécuté le 4 octobre, et vingt-sept en 1942. Le 30 décembre 1942, les Allemands procédèrent à la première fusillade collective de vingt-cinq résistants dont plusieurs étaient membres de l’Organisation spéciale (OS), mouvement armé du Parti communiste clandestin, et qui furent exécutés par groupes de deux ou trois entre 9 heures 20 et 10 heures 18, puis furent inhumés dans le cimetière de Saint-Jacques-de-la-Lande. De janvier 1943 à février 1944, les résistants arrêtés et incarcérés à Rennes furent le plus souvent transférés à Paris et fusillés au Mont-Valérien. À partir de mars 1944, les exécutions reprirent à la Maltière où quarante-sept résistants ont été fusillés de mars à juillet 1944 : trois le 12 mars, neuf le 31 mai, un le 21 juin, neuf le 23 juin, dix-neuf le 30 juin et six en juillet.
À ces soixante-seize fusillés de la Maltière, il faut ajouter les trente deux résistants français et espagnols qui furent fusillés le 8 juin 1944 dans l’enceinte de la caserne du Colombier à Rennes. Plus de la moitié des fusillés de la Maltière avaient moins de 25 ans et le plus jeune d’entre eux, Paul Hervy, n’avait que 18 ans.
Notice Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine), la Maltière, lieu d’exécutions et de mémoire par Jean-Pierre et Jocelyne Husson, version mise en ligne le 19 septembre 2018, dernière modification le 12 mai 2019.