Aron Skrobek (dit David Kutner)
Légende :
Immigré polonais rédacteur à Naïe Presse, le quotidien de la section juive de la MOI, David Kutner fait partie des membres fondateurs du mouvement "Solidarité" en septembre 1940 et fut nommé responsable de la reparution dans la clandestinité du journal juif sous le titre Unzer Wort.
Genre : Image
Type : Photographie
Source : © CERD / Struthof - Collection particulière Droits réservés
Détails techniques :
Photographie analogique en noir et blanc
Date document : Juillet 1943
Contexte historique
Immigré polonais rédacteur à Naïe Presse, le quotidien de la section juive de la MOI, David Kutner fait partie des membres fondateurs du mouvement "Solidarité" en septembre 1940 et fut nommé responsable de la reparution dans la clandestinité du journal juif sous le titre Unzer Wort.
Lorsqu’il arrive à Paris pour fuir la répression menée en Pologne contre les communistes, David Kutner a un important passé de militant qui lui a valu d’être l’un des tous premiers internés au camp de concentration polonais de Kartus-Bereza en 1934 où étaient envoyés tous ceux que le gouvernement considérait comme une "menace pour la sécurité, la paix et l’ordre social". Travaillant depuis l’âge de onze ans dans l’industrie du papier, il rejoint dès l’âge de 14 ans le syndicat des ouvriers du papier, qui était alors illégal alors que la Pologne faisait encore partie de la Russie. A la fin de la Première Guerre mondiale, dans une Pologne désormais indépendante, il devient délégué des ouvriers du Papier au conseil des ouvriers et soldats de Varsovie. Militant dans un premier temps au sein du Bund, le parti socialiste juif, il rejoint ensuite le parti communiste polonais (PCP), qui est alors clandestin, et devient l’un des membres du bureau juif attaché au comité central du PCP.
Libéré sous caution du camp de Kartus-Bereza après dix-sept mois d’internement grâce à une collecte syndicale, David Kutner émigre à Paris où son passé de responsable syndical lui permet de s’intégrer immédiatement à la section juive de la MOI. Il devient rédacteur à la Naïe Presse et rédige la page sociale du journal. Il rédige également une brochure en yiddish pour témoigner de son expérience de prisonnier politique interné au camp de Bereza. En 1940, David Kutner s’engage comme volontaire dans l’armée française. Ayant participé à la réunion clandestine au cours de laquelle fut créée à l’initiative des dirigeants de la MOI en septembre 1940 le mouvement "Solidarité", David Kutner reprend ses activités de rédacteur au sein du journal de l’organisation, Unzer Wort. L’appareil le charge également d’organiser des manifestations de protestations contre les mesures antisémites adoptées contre les Juifs. Ces manifestations s’intensifient en 1942 alors que s’aggravent les persécutions dont sont victimes les juifs. A l’initiative de David Kutner sont notamment organisées des manifestations contre le port de l’étoile jaune ou pour réclamer la libération des juifs envoyés au camp de Drancy.
David Kutner est arrêté à la suite d’une dénonciation le 16 décembre 1942. Après avoir été emprisonné à la prison du Cherche-Midi, il est transféré au fort de Romainville le 16 mars 1943 puis déporté en juillet 1943 au camp de Natzweiler-Struthof où il est exécuté.
Auteur : Fabrice Grenard
Sources et bibliographie
Archives de la Préfecture de Police de Paris, BA 2240, Aron Skrobek
Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le Sang de l'étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, 1994.
David Diamant, Héros juifs de la Résistance française, éditions Renouveau, 1961.
Jacques Ravine, La Résistance organisée des Juifs en France, Julliard, 1978.