Léa et Paul Rojtman

Légende :

Léa Schleider et Paul Rojtman. Fiancés à Toulouse en 1942, ils se marient en janvier 1945.

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives famille Rojtman Droits réservés

Détails techniques :

Photographie noir et blanc

Date document : Vers 1942-1943

Lieu : France

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Fils de Chil et de Rajzla Libermann, Pinkwas (Paul) Rojtman est né le 29 janvier 1920 à Tarlow en Pologne. Sa famille émigre en France en avril 1926 et s’installe à Metz (Moselle). Après avoir fréquenté le lycée de garçons de Metz, Paul commence en 1938 à Nancy des études de médecine qu’il devra interrompre trois ans plus tard, les étudiants d'origine juive ne pouvant pas, selon la législation antisémite du gouvernement de Vichy, continuer leurs études universitaires. Le 9 septembre 1939, il obtient la nationalité française par naturalisation.

Contacté par David Knout en janvier 1941, il organise avec lui un cercle d’études qui sert de service de recrutement pour l’Armée juive. En parallèle, il commence à s’occuper des camps de Recebedou et de Noë (Haute-Garonne), et ce jusqu’en mai 1942. Il se rend dans ces camps d’internement afin d’apporter du ravitaillement et tenter de libérer des internés avec des faux papiers.

Dans sa séance du 2 juillet 1942, la commission de révision des naturalisations le déchoit de la nationalité française sous le motif qu’il est introuvable depuis 1940 malgré les recherches entreprises à Toulouse, Bordeaux et Poitiers où il est susceptible de se trouver. Le décret de dénaturalisation du 6 février 1943 est publié au Journal officiel le 19 février 1943.

En août 1942, il organise l’hébergement de près de 300 Juifs réfugiés à Toulouse qui ont échappé aux rafles d’Aulus-les-Bains (Ariège) et de Lacaune (Tarn), centres de résidence surveillée. En décembre, une partie d’entre eux parvient à rejoindre la Suisse, les autres étant placés en lieux sûrs.

Toujours pour le compte de l’AJ, Paul Rojtman accompagne les passages en Espagne. Au cours de l’un d’eux, il est arrêté à Seix (Ariège) le 23 décembre 1942. Incarcéré au Fort du Hâ à Bordeaux le 27 décembre, il est transféré au camp de Mérignac le 8 janvier 1943. Par décret du 6 février 1943, Paul Rojtman se voit retirer la nationalité française acquise en novembre 1939. Le 17 mars 1943, il est libéré grâce à de faux papiers fournis par son propre frère Léon Rojtman, lequel accomplit les mêmes missions au sein de l’OJC.

Il rejoint alors Grenoble où il travaille quelques temps avec le Mouvement de jeunesse sioniste (MJS) puis revient à Toulouse en janvier 1944. Il fournit alors des faux papiers et des titres d’alimentation aux réfractaires au STO, sous la direction de Kowarsky et René Kapel. Rojtman est ensuite chargé des liaisons entre Toulouse et les maquis du Tarn, aussi bien celui de l’AJ que celui des Eclaireurs israélites de France. Il s’occupe également du recrutement et du ravitaillement en armes et en nourriture jusqu’à la Libération.

En janvier 1945, il épouse Léa Schleider, une assistante sociale qui a également œuvré au sein de l’Armée juive sous les fausses identités d’Yvonne Druilhet et de Denise Laurent. Après la guerre, il se consacre à la renaissance des mouvements de la jeunesse juive en France et dans toute l’Europe. Il est l’un des principaux artisans de la restructuration en communautés des juifs rapatriés d’Afrique du Nord. En Israël, il se préoccupe des enfants les plus défavorisés, et travaille à leur réinsertion sociale et à leur engagement dans la vie communautaire, religieuse et sioniste du pays.

Nommé chevalier de la Légion d’honneur en juillet 1976 au titre de la Résistance, il est promu officier en 1987. En 2003, il est élevé par le Consistoire de Paris au titre de Grand-rabbin. Il décède en août 2007 à Jérusalem, après entre autres, s'être investi à Yad Vashem pour l’attribution de la médaille des Justes parmi les nations. Une place de Jérusalem, inaugurée en 2016, porte son nom.

Sa famille était également fortement engagée dans la Résistance. C’est à Grenoble au domicile de son père, Chil Rojtman, qu’est créé en 1943 le service faux papiers de l’Armée juive (future OJC). Réfugié à Castres, Chil contribue ensuite au ravitaillement du peloton bleu-blanc du Corps franc de la Montagne noire. Le frère de Paul, Léon, qui l’aida à s’évader de Mérignac, était responsable du service faux papiers de l’OJC dans différentes villes de zone Sud. Son autre frère, Jacques, a été arrêté au cours d’une mission à la gare de Saint-Cyprien et déporté à Buchenwald. Il est titulaire de la médaille de la Résistance française.


Auteurs : Maurice Lugassy et Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie
Service historique de la Défense, Vincennes : GR 16P 518 009.
Archives nationales, 15089X39 (dossier de naturalisation).
Archives privées Betty Rojtman.
https://paulroitman.com/