Charlotte Sorkine

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Coll. privée Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France

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Contexte historique

Fille de Paulette Horowitz, née en Roumanie, et d'Isaac Sorkine, né en Biélorussie, Charlotte naît à Paris le 15 février 1925. Elle est élevée dans un foyer hautement intellectuel. Son grand-père maternel, Wolf Louis Horowitz, né en 1866, est un professeur d'anthropologie et d’archéologie qui a passé une grande partie de sa carrière professionnelle au King’s College de Londres. Durant son enfance, Charlotte est habituée à fréquenter les salons avec son grand-père. Lorsque la guerre éclate, elle est étudiante et vit avec sa famille à Bourg-la-Reine.

Le 16 juillet 1942, sa mère est arrêtée par la police française et détenue au Vélodrome d’Hiver avant d’être internée à Drancy puis déportée à Auschwitz d’où elle ne reviendra pas. Son frère, Lazare Serge, était déjà parti pour Nice ; leur père est parti peu de temps après. Charlotte, alors âgée de 17 ans, reste dans la maison familiale à Bourg-la Reine avec ses grands-parents, puis rejoint Nice à son tour. Elle aide alors son père à gagner la Suisse en lui fournissant des faux papiers. Il y restera en sécurité jusqu’à la fin de la guerre. Engagé dans la Résistance, son frère, Lazare, est arrêté. Déporté par le convoi du 20 novembre 1943 de Drancy à Auschwitz, il décède en 1944 à Monowitz.

En mars 1943, Charlotte entre dans la Résistance au sein de la section de Nice de l’Armée juive (plus connue sous son appellation ultérieure d’Organisation juive de combat). En lien avec Maurice Loebenberg, Pierre Mouchenik et Henri Pohorylès, elle participe au travail du laboratoire de faux papiers. A la suite de l’armistice italien, la région niçoise connaît un afflux considérable de Juifs. Par trains entiers, ils quittent la zone réservée italienne à destination de Nice. Un travail important est entrepris pour les camoufler, les héberger, les aider du mieux possible, et d’autant plus que la Gestapo arrivée à Nice les traque sans pitié. L’équipe de Nice de l'OJC se dépense sans compter pour aider ces réfugiés.

A l’automne 1943, Charlotte intègre le corps-franc de Nice de l’OJC sous les ordres d’Ernest Appenzeller. Pour chacune des actions menées par le groupe, elle est chargée de transporter armes et munitions. Elle participe activement à la tentative d’assassinat de Serge Mojaroff, agent de la Gestapo.

A compter de mars 1944, elle est chargée de guider des jeunes gens qui veulent rejoindre les armées alliées par l'Espagne. Elle les conduit jusqu’à Toulouse où des passeurs les prennent en charge jusqu'à la frontière espagnole. Elle poursuit également les évacuations d’enfants vers la Suisse, succédant ainsi à Marianne Cohn, arrêtée le 31 mai 1944.

Après la vague d’arrestations qui frappe la section parisienne de l’OJC les 17 et 18 juillet 1944, elle reçoit l'ordre de rejoindre le corps franc de l’OJC de la capitale, auquel elle apporte des armes. Elle prend alors une part active à l'insurrection parisienne sous les ordres de Pierre Galais (commandant Charcot-Neuville) et de Lucien Rubel.

« Véritable héroïne de la Résistance » selon les termes employés dès 1945 par Jacques Lazarus, Charlotte Sarkine est décorée de la médaille de la Résistance française par décret du 24 avril 1946 (Journal officiel du 17 mai 1946) puis de la croix du combattant volontaire de la Résistance.

Après la guerre, Charlotte Sorkine étudie l’histoire de l’art à l’Ecole du Louvre et la psychologie à la Sorbonne. Elle part ensuite à New-York pour étudier de nouvelles méthodes thérapeutiques en santé mentale. Elle y rencontre le pédopsychiatre Joseph Noshpitz qu’elle épouse.

Charlotte Sorkine Noshpitz est décédée à Washington DC le 12 janvier 2017.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, Vincennes : 2010 PA 52/84 (fonds du MLN).
Ordre de la Libération, commission nationale de la médaille de la Résistance française
Mémorial de la Shoah, Paris : DLXI-15 Témoignage de Rachel Cheigam

Paul R. Bartrop, Samantha J. Lakin, Heroines of Vichy France: Rescuing French Jews during the Holocaust, ABC-CLIO, mai 2019.
David Holzel, « Charlotte Sorkine: Unknown hero of the French resistance », in Washington Jewish Week, 1er mars 2017 [disponible en ligne].
« La Shoah dans l'arrondissement de Saint-Nazaire », page consacrée aux familles Horowitz et Sorkine.