Analyse média

Le document est la première page d'une brochure en comprenant quinze.Il est établi par la préfecture des Bouches-du-Rhône. Il s'agit de porter à la connaissance d'un public assez large puisque le tirage est de trois cents exemplaires, le nom, la profession et l'adresse des dignitaires francs-maçons que le Journal Officiel publie à partit du 12 août 1941 en application de la loi du 11. Les destinataires sont en priorité les responsables des administrations du département qui devront , à partir de ce document, vérifier que leurs services ne comportent pas de francs-maçons clandestins. Mais l'objectif va au-delà puisque la publication ne révèle pas uniquement des noms de fonctionnaires. Il s'agit donc d'une dénonciation sociale qui permet de savoir si le voisin  appartient au groupe réprouvé et éventuellement de lui en faire subir les conséquences.

La liste montre que la franc-maçonnerie était avant tout masculine puisqu'une seule femme apparaît et qu'elle concernait surtout les classes moyennes. 

Contexte historique

Les lois du 13 août 1940 et du 11 août 1941 excluent de la fonction publique au sens large les francs-maçons (voire notice application de la loi réprimant la franc-maçonnerie).Les biens meubles et immeubles appartenant aux différentes loges sont saisis.  Les perquisitions  permettent aux autorités françaises et allemandes qui sont également très engagées dans la lutte anti-maçonnique d'établir des listes de francs-maçons. Robert Vallery-Radot,catholique fervent et vice-président de l'Union antimaçonnique de France, fait paraître à partir d'octobre 1941 les Documents maçonniques  qui révèlent au public des noms de francs-maçons réels ou supposés. La brochure diffusée par la préfecture des Bouches-du-Rhône est la déclinaison départementale de cette chasse aux sorcières. Robert O. Paxton estime à 14 600 le nombre de francs-maçons ainsi dénoncés publiquement. Dominique Rossignol avance par ailleurs le chiffre de 18 000 noms.