Vive Pétain, Vive la France, Une du Petit Marseillais, 3 décembre 1940

Légende :

Une du Petit marseillais, pour la visite du Maréchal Pétain à Marseille, 3 décembre 1940

Genre : Image

Type : Journal

Producteur : MUREL PACA

Source : © Archives municipales de Marseille Droits réservés

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

Le Petit Marseillais, principal quotidien régional, consacre dès la finnovembre 1940 des articles enthousiastes pour préparer la visite du maréchal Pétain, prévue à Marseille le 4 décembre.  La veille de la venue du chef de l'Etat, toute la Une du journal est consacrée au maréchal.(voir album a) Le format du portrait, la frise qui l'entoure et les couleurs choisies ne doivent rien au hasard. A Vichy, un service spécialement dédié à la reproduction des traits du chef de l'Etat a été mis en place. L'Office français d'information fournit aux journaux les thèmes à traiter, les éléments de langage à utiliser, les instructions pour la mise en page. On retrouve dans l'iconographie le portrait en uniforme avec le képi à feuilles de chêne, reprises dans la frise pour rappeler la dignité de maréchal, les couleurs tricolores, pour l'attachement à la patrie.  Le visage sévère et le regard direct sont censés exprimer la droiture morale et le sens des responsabilités.

Les éditoriaux qui encadrent la photographie reprennent le thème de l'homme providentiel qui se sacrifie pour diriger le pays abattu, sans lésiner sur l'hyperbole et l'emphase. Plus aucun corps intermédiaire issu d'élections démocratiques n'existe entre le chef et son peuple qui ne peut qu'obéir et adorer celui qui le dirige. Le sous-titre « La France a enfin un homme à aimer »   reprend l'expression de Charles Maurras, dirigeant de l'Action française.

Le Petit Marseillais, proche du PPF de Jacques Doriot et de son représentant local, Simon Sabiani, soutient sans réserve la politique de la Révolution nationale, la collaboration avec l'Allemagne et le culte de la personnalité du maréchal Pétain.

                                                     


Auteure : Sylvie Orsoni

Contexte historique

En décembre 1940, les principales lois d'exclusion ont été adoptées. Les lois des 16 et 22 juillet permettent la déchéance de la nationalité pour les étrangers naturalisés et la révision des naturalisations effectuées depuis 1927. La loi du 17 juillet 1940 exclut des emplois de la fonction publique, les fonctionnaires naturalisés. La loi du 13 août interdit la franc-maçonnerie. Le premier statut des Juifs est adopté le 3 octobre et complété le 7 octobre par une loi retirant la citoyenneté française aux Juifs d'Algérie. Dès le 11 juillet, les actes constitutionnels n°1, 2 et 3 avaient supprimé la démocratie parlementaire et la séparation des pouvoirs. 

Le gouvernement de Vichy a très tôt créé les instruments de contrôle et de censure de toute information : un secrétariat à l'information(loi du 15 juillet 1940) puis l'Office français d'information (loi du 25 novembre 1940). La presse de la zone sud se soumet aux exigences des services de propagande (voir notices du chapitre propagande et censure). Le Petit Marseillais, journal conservateur hostile au Front populaire, poursuit sa trajectoire en se rapprochant du Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot, un des partisans les plus déterminés de la collaboration avec l'Allemagne.  Il participe activement à relayer la propagande gouvernementale Les articles publiés pour la visite du maréchal Pétain en Provence en donnent une idée. Indépendamment de ce matraquage idéologique, la population marseillaise accueille avec enthousiasme le chef de l'Etat (voir album b,c,d).  

                                                                                                                      


Sylvie Orsoni

 

Sources

Le culte du maréchal Pétain, EncyclopediaUniversalisen ligne.

Mencherini Robert, Vichy en Provence, Midi Rouge, ombres et lumières, tome 2.,Paris, Syllepse, 2009.