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Lettre adressée clandestinement par Marcel Cochet à sa femme

Légende :

Lettre datée du le 11 janvier 1944.

Genre : Image

Type : Lettre clandestine

Source : © Archives privées Denise Cochet Droits réservés

Détails techniques :

Une feuille manuscrite recto-verso. Dimensions : 21 x 26,5 cm.

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Analyse média

Cette lettre de Marcel Cochet adressée à sa femme (« Ma petite Bilou chérie ») est datée du 11 janvier 1944. Par son contenu, nous pouvons déduire que cette lettre est sortie clandestinement de la Centrale. En effet, Marcel Cochet évoque la présence à ses côtés à Eysses de Roger Morandat en soulignant le fait que « son frère siège au Comité de libération d’Alger ». Son frère, Yvon Morandat, figure parmi les premiers volontaires de la France Libre. Parachuté en France en novembre 1941, il a pour mission de prendre contact au nom du général de Gaulle avec les organisations de résistance naissantes. Membre du comité directeur du mouvement Libération, il est en 1943 le plus jeune membre de l’Assemblée consultative d’Alger. Marcel Cochet, en écrivant cette phrase, fait courir un risque à Roger Morandant car ce dernier pourrait servir de moyen de pression contre son frère.

L’intérêt majeur de ce courrier réside dans la description que Marcel Cochet fait des parloirs : « J’en viens maintenant à ta future visite, c’est autre chose qu’à Lyon, c’est beaucoup mieux, bien que les grilles soient à environ 80 cm l’une de l’autre elles sont bien plus claires, c’est un simple « grillage à lapin » et il n’y a pas de box où nous sommes bouclés. Nous pouvons circuler sur une longueur de 8 m et là pas besoin de gueuler, on parle normalement et la durée des visites est de 1h à 1h30 le matin et autant le soir. Si le monsieur qui le fait est gentil, il peut même durer le soir jusqu’à 3 heures donc tu vois qu’on a le temps de se parler et de réfléchir à la réponse ou à la demande. Résumé le matin de 9h à 12h, l’après-midi de 14h à 17h, c'est-à-dire deux visites par jour et tous les jours si l’on veut. C’est donc du gâteau par rapport à Lyon et même à Bourg. Et si nous ne sommes pas trop nombreux il y a possibilité de se faire un gros mimi... ». Il compare ici son incarcération à Bourg-en-Bresse puis à Lyon avec Eysses. Il en ressort que les détenus ont davantage de libéralités dans cette centrale.


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Biographie d’Yvon Morandat sur le site internet du musée de l’Ordre de la Libération.

Contexte historique

Selon le règlement de la maison centrale d’Eysses établi le 20 octobre 1943, « les détenus peuvent être visités au parloir aux jours et heures fixés par le règlement. Les visiteurs devront au préalable avoir obtenu un permis délivré par le Directeur. La conversation ne doit porter que sur des questions d’ordre familial ». Avec l’arrivée massive des détenus politiques en octobre 1943 et devant les pressions quotidiennes exercées par ces 1200 résistants unis et organisés, le directeur, M. Lassalle, consent à quelques libéralités sans toutefois accorder officiellement un régime politique aux résistants incarcérés. Le rapport de son successeur par intérim, M. Chartroule, effectué dès sa prise de fonction le 31 décembre 1943, résume les libéralités accordées. Il précise notamment que « M Lassalle ne se conformait pas aux instructions restrictives qu’il avait reçues en ce qui concerne la réception des colis par les détenus, leur correspondance et visites. »
En effet, les visites aux parloirs sont beaucoup plus souples que ce que le règlement prévoit comme le souligne notamment cette lettre adressée par Marcel Cochet à sa femme, le 11 janvier 1944.


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Archines nationales (Fontainebleau), dossier individuel de carrière de M. Lassalle. Documentation Corinne Jaladieu.