Tract des ménagères de Tain début août 1943
Légende :
La pénurie alimentaire déclenche des mouvements de protestation et des manifestations.
Genre : Image
Type : Tract
Source : © ADD, 4 W 15. PV de gendarmerie. Droits réservés
Détails techniques :
Tract de petite taille, écrit à la main, en lettres majuscules, dupliqué sur papier.
14 x 11 cm
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Tain-l’Hermitage
Analyse média
Appel à manifester pour le ravitaillement adressé aux ménagères de Tain-l’Hermitage et de Tournon, dans l’Ardèche, sur la rive droite du Rhône, le 3 août 1943.
Le document est signé du Comité des ménagères de Tain-Tournon.
Texte du tract :
« POUR UNE AMÉLIORATION DU RAVITAILLEMENT
MÉNAGÈRES !
MANIFESTEZ À LA MAIRIE DE TAIN LE MARDI 3 AOÛT À 10 H 45
AUCUNE RAISON NE DOIT EMPÊCHER CETTE MANIFESTATION CETTE FOIS,
NE VOUS LAISSEZ PAS BERNER PAR LES MANŒUVRES DU MAIRE,
EXIGEZ UNE ENTREVUE, ET NE QUITTEZ PAS LA MAIRIE SANS AVOIR OBTENU SATISFACTION.
LE COMITÉ DES MÉNAGÈRES DE TAIN-TOURNON. »
Auteurs : Jean Sauvageon
Contexte historique
Fin 1940 et en 1941, les habitants abasourdis par la situation politique nouvelle, ne réagissent pas collectivement. Mais, dès 1942, sous l’impulsion de structures clandestines qui se créent, souvent animées par des militants communistes, les protestations auprès des pouvoirs publics prennent des formes plus organisées.
Les 5 et 9 juin 1942, à Romans, les ménagères, au nombre de 2 500 à 3 000 selon un rapport du préfet, protestent notamment contre l’insuffisance de la ration de matières grasses réduite à 100 g.
Les 21 et 22 juillet 1942, à Valence, plusieurs centaines de femmes manifestent contre le manque d’aliments, notamment l’instauration de la carte de légumes limitant la consommation à 150 g pour 3 personnes.
Le 1er août 1942, à Saint-Paul-Trois-Châteaux, quelques ménagères se réunissent pour protester contre l’insuffisance du ravitaillement en pommes de terre.
Le 30 mars 1943, une Tainoise envoie au préfet une pétition pour attirer son attention « sur la situation critique au point de vue ravitaillement ».
Au cours du mois d’avril, un tract dénonçant la situation du ravitaillement, s’attaquant aux responsables est distribué dans Saint-Vallier-sur-Rhône, dont la conclusion est un appel à manifester : « Pour l’obtention de 100 grammes de pain par jour, un litre de vin quotidien, pour plus de viande, fromage et matières grasses, manifestez le vendredi 24 avril, à 18 heures, place de la mairie ».
Au printemps 1943, c’est surtout dans le sud de la Drôme que se déroulent plusieurs manifestations pour réclamer de la farine pour le pain : à Nyons, Buis-les-Baronnies, La Bégude-de-Mazenc, Portes-lès-Valence, Le Poët-Laval, Donzère, Grignan, Taulignan. Le 26 juin, à Montélimar, a lieu une manifestation pour l’amélioration du ravitaillement ; on y réclame en particulier du pain. La concomitance de ces formes de lutte et leur localisation laissent à penser qu’une protestation a pu s’organiser dans cette partie du département.
C’est également l’appel aux ménagères à la manifestation de Tain-l’Hermitage pour le 3 août 1943.
Tain et la région de Saint-Vallier sont aussi une zone où les protestations sont organisées assez régulièrement.
Ainsi, on voit que le mécontentement s’exprime dans les villes les plus importantes, mais aussi dans des bourgs et des villages ruraux.
Cette pénurie de denrées alimentaires ne cessera pas avec la Libération. Les cartes d’alimentation subsisteront après, notamment pour le pain, jusqu’en 1950. D’ailleurs, la première grande manifestation d’après guerre, rassemblant des centaines d’ouvriers notamment, le 8 novembre 1947, à Romans, protestera contre le rationnement du pain en particulier.
Auteurs : Jean Sauvageon et Alain Coustaury
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007