Plaque en hommage aux mouvement et journal Résistance
Légende :
Plaque en hommage à la fondation du journal clandestin et au mouvement Résistance par le docteur Marcel Renet, alias "Jacques Destrée" en août 1942, située 30, rue de Miromesnil, Paris VIIIe
Genre : Image
Type : Plaque
Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur.
Date document : 2003
Lieu : France - Ile-de-France - Paris
Contexte historique
Marcel Renet est né le 16 janvier 1905 à Paris. Il débute des études de philosophie à Mayence (Allemagne) et découvre, avec son professeur Léonard Constant, non seulement une philosophie humaniste mais également le christianisme. De retour en France, il rejoint le mouvement de Marc Sangnier, la Jeune République, et commence à étudier l'Histoire à la Sorbonne. Il songe à devenir professeur d'histoire mais quitte néanmoins cette discipline pour la médecine. En 1933, Il soutient sa thèse de doctorat de médecine.
Son premier acte de Résistance se situe le 11 juillet 1940. Réformé provisoire en 1940, Marcel Renet se trouve, par le hasard de l'exode, à Gramat dans le Lot. C'est là que le 11 juillet 1940, dans une salle de restaurant, il s'élève publiquement contre le vote des députés de la veille ayant donné les pleins pouvoirs à Pétain. Renet est alors invité a quitter la ville immédiatement. Quelques mois plus tard, en novembre 1940, contacté par M. Ferreol, il est l'un des fondateurs du mouvement Valmy. Il distribue des journaux et des tracts. Son activité de médecin lui permet également d'établir des certificats médicaux pour faciliter des passages en zone libre.
En octobre 1942, à la suite de l'arrestation de Raymond Burgard, responsable de Valmy, il créé son propre journal et fonde le mouvement Résistance. Ancien membre du groupe de la Jeune République, c'est parmi ses anciens camarades qu'il va chercher ses premiers collaborateurs comme Maurice Lacroix. En créant ce journal, Marcel Renet voulait avant tout "convaincre le plus grand nombre de Français que la cause de la Résistance, que la cause de la France libre, étaient justes ; et dans le même temps combattre Vichy d'une façon systématique, opposer des informations à sa propagande et démontrer que, volontairement ou involontairement, les hommes de Vichy se faisaient les complices de l'occupant" (témoignage de Marcel Renet, archives Paul Steiner).
Sous le pseudonyme de "Jacques Destrée", il préside le comité directeur du mouvement et le comité para-militaire, coordonne l'activité des chefs régionaux et assure les contacts avec les représentants du général de Gaulle. C'est ainsi qu'il rencontre Jean Moulin à la bibliothèque Sainte-Geneviève le 20 avril 1943. Il est en outre directeur du journal clandestin dans lequel il rédige l'éditorial et la chronique militaire sous le pseudonyme de "Marc-Antoine".
A partir du mois de mai 1943, "Destrée" songe à l'intérêt qu'il y aurait à fédérer les différents journaux clandestins. Il prend alors contact avec Georges Altmann de Franc-Tireur, Pascal Copeau de Libération-Sud et Pia de Combat. Philippe Viannay délègue Robert Salmon pour Défense de la France. Le 23 septembre 1943, "Jacques Destrée" fonde la Fédération de la presse clandestine dont il assure la présidence. Il participe également aux premières réunions du Comité parisien de Libération dont il est l'un des fondateurs.
Victime d'une tentative d'arrestation le 5 octobre 1943, il parvient à s'échapper. Arrêté une seconde fois le 23 novembre 1943 par la Gestapo à son domicile, 30 rue de Miromesnil à Paris, il est interné à Fresnes avant d'être déporté à Buchenwald le 24 janvier 1944 où il a le matricule 41.659. Il est affecté comme médecin au service des tuberculeux. En mars 1944, "Destrée" est le principal artisan de l'évasion de Stalaroff, haut-fonctionnaire russe, condamné à mort par les SS. Le 5 juin 1944, il est transféré à Zeits. En juillet 1944, accusé de "sabotage de l'armée allemande", il est condamné à cinq semaines de travaux forcés disciplinaires ; médecin au camp de Zeits, il s'était opposé à des sévices contre des israélites hongrois. De nouveau transféré à Buchenwald, il prend des responsabilités au sein du Comité de défense des détenus français. Libéré de ce camp par les Alliés le 13 avril 1945, il est rapatrié le 22 avril.
A son retour en France, il reprend la direction générale du quotidien Résistance qui devient Ce matin. Pour son activité au sein de la Résistance, Marcel Renet est homologué au grade de lieutenant-colonel FFI le 16 juillet 1948. Conseiller général de Paris, il est élu conseiller de la République par l'Assemblée nationale le 19 décembre 1946. Aux élections sénatoriales de novembre 1948, il est élu sénateur de la Seine, sur la liste du groupe du Rassemblement du peuple français, dont il est le vide-président au Sénat. Il ne se représente pas aux élections de 1952 pour reprendre son activité dans la presse, comme directeur politique de l'Aurore.
De 1945 à 1958, Marcel Renet est en outre président d'honneur de l'amicale du mouvement Résistance. Il est également membre fondateur et membre du comité directeur du Comité d'action de la Résistance.
Marcel Renet est décédé le 11 mars 1979.
Le journal du mouvement Résistance
Au printemps 1942, à la suite de l'arrestation de Raymond Burgard et de la disparition du journal Valmy, Marcel Renet conçoit le projet de réaliser un nouveau journal clandestin destiné en premier lieu à répondre aux journaux collaborationnistes. Marcel Renet et Maurice Lacroix choisissent le titre Résistance en accord avec les survivants du groupe du Musée de l'Homme qui avaient ainsi baptisé leur propre journal lui-même disparu. En créant le journal Résistance, Marcel Renet voulait créer un organe susceptible d'exprimer l'opinion résistante dans son ensemble.
Renet demande à un ami, Jean de Rudder, imprimeur à Montrouge, de prendre en charge l'impression du journal. Celui-ci accepte immédiatement. Le premier numéro paraît en octobre 1942. Maurice Lacroix y signe un article sous le pseudonyme de Jean Decour ; tout le reste du journal étant rédigé par Marcel Renet qui signe l'éditorial sous le nom de Jacques Destrée et la chronique militaire sous celui de Marc-Antoine. Dans son premier éditorial, Renet précise ses buts : "Exprimer et soutenir cette opinion, préparer les tâches d'aujourd'hui et de demain, transmettre les mots d'ordre nécessaires et participer ainsi, d'abord à la lutte pour la victoire, et ensuite à la création d'une véritable démocratie, telles sont nos ambitions et aussi nos raisons d'exister." Le succès de ce premier numéro tiré à 5.000 exemplaires fut important grâce à l'intérêt des articles et à la présentation générale du journal.
Le deuxième numéro paraît le 14 novembre 1942. Son éditorial appelle les Français à la Résistance, en soulignant que la Résistance est une forme du combat libérateur. Au printemps 1943, le journal s'attache aux conséquences des bombardements et appelle les Alliés à plus de discernement. Le 7 mai 1943, Marcel Déat, consacre dans L'Oeuvre un éditorial dissertant sur les opinions émises par le journal Résistance : "J'ai sous les yeux un numéro du journal Résistance, naturellement clandestin et plutôt irrégulier dans sa publication. (…) Deux colonnes de commentaires ne sont vraiment pas de trop pour excuser les légères erreurs de tir des bombardiers de la délivrance…".
Le 17 octobre 1943, dans un rapport adressé à Londres, Claude Bouchinet-Serreulles, évoque l'importance du journal : "Le groupement Résistance, né de la conjonction de Valmy avec un autre groupement, publie assez régulièrement un journal de quatre pages, rédigé en grande partie par le chef du mouvement. Il écrit en particulier l'éditorial et l'article de politique internationale de première page. Les membres de Résistance annoncent un tirage de 90.000 exemplaires. D'après les recoupements dont nous disposons, ce chiffre ne paraît pas excessif. Résistance est assez connu à Paris, notamment dans les milieux universitaires."
Les collaborateurs du journal sont de plus en plus nombreux pour sa rédaction et surtout pour sa diffusion. Parmi les rédacteurs assidus, il faut citer André Lafargue, qui signe "Robert Desnieux", Mme Levreux ("Claude Lasnier"), Jean de Rudder ("Verstraete"), Emile Janvier, Mme Renet ("Catherine Villadieu"), Henri Steiner ("Ch. Duval")… Quelques rédacteurs passagers participèrent au journal, parmi lesquels nous pouvons citer Pierre Brossolette (numéro du 3 mars 1943), Gaston Tessier, le substitut Maurice Rolland…. Certains mouvements utilisaient également les colonnes de Résistance pour y exprimer leur point de vue : Les Volontaires de la Liberté, le Mouvement des prisonniers de guerre et déportés, Honneur de la Police… Une revue de presse reproduisait des extraits d'articles d'autres journaux clandestins : La Voix du Nord, Combat, Franc-Tireur, Libération…
Les principaux dépôts du journal étaient la pharmacie Canone, boulevard Sébastopol, où travaillait Roger Lardenois ; le magasin Jouan, 4 rue de Rocroi ; la loge de Jeanne Sauthier, concierge au 17 rue Barbet-de-Jouy ; l'atelier du sculpteur Martin, avenue de Châtillon ; la pâtisserie de Mme Scaffa, 40 rue Taine ; le " Triptyque ", magasin d'antiquités de l'avenue Bosquet ; le domicile du Dr Claude Lafargue à Montrouge ; " L'Oisellerie du bon marché ", 127 rue de Sèvres et la maison Steiner, 44 rue d'Amsterdam. Il y eut bien d'autres dépôts dans la capitale et sa banlieue.
De 1942 à la fin 1943, Jean de Rudder imprima le journal sur les presses de son atelier de Montrouge. Les plombs étant le plus souvent réalisés chez Drevet à Corbeil, chez Heinrich (34 rue Dussoubs à Paris) ou chez Heulard, passage de Ménilmontant. Le numéro du 5 novembre 1943 fut tiré chez Beaufils à Connéré (Sarthe). A partir de la fin 1943, Garophalakis ("Jacques"), imprimeur à Alfortville, prend la succession de De Rudder pour l'impression du journal. Le numéro du 20 juin 1944 fut imprimé par de Schryver dans le XXe arrondissement et les derniers numéros (14 juillet et 7 août 1944) furent réalisés grâce à l'aide de Régnier du groupe de la rue de Lille. Le journal eut 27 numéros d'un tirage moyen de 5.000 exemplaires. Quatre suppléments régionaux furent créés : "Lorraine" fondé à Nancy par Marcel Leroy, "La Flamme" dans l'Orne ; la "Porte Normande" dans l'Eure et le "Sud Ouest républicain".
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources et bibliographie :
Bureau Résistance, dossier d'homologation du mouvement Résistance.
François Bruneau, Essai d'historique du mouvement né autour du journal clandestin "Résistance", Paris, Sedes, 1952.
Archives Nationales, archives du mouvement Résistance (dossier individuel de Marcel Renet).
Archives du Bureau Résistance, dossier individuel de Marcel Renet.
ONAC de Paris, dossier de CVR de Marcel Renet.
Archives Paul Steiner, président de l'amicale du mouvement Résistance (documents divers et témoignage de Marcel Renet).
Site internet du Sénat.