Plaque en hommage au lieutenant FTPF Jean-Roger Debrais
Légende :
Plaque en hommage au lieutenant FTPF Jean-Roger Debrais, tombé le 14 décembre 1943, située 35, rue d'Anjou, Paris VIIIe. Elle a été inaugurée en 1945.
Genre : Image
Type : Plaque
Producteur : Bruno de Maigret
Source : © Geneanet Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur.
Lieu : France - Ile-de-France - Paris
Analyse média
Le cas de Roger Debrais est intéressant : une première plaque est apposée à la demande son père, dès 1945, au 35 rue d'Anjou (Paris 8e). Cette plaque mentionne que Jean-Roger Debrais est tombé "en service commandé sous les balles des policiers français de la brigade spéciale". En 1971, soit 26 ans plus tard, la section locale des Anciens combattants de la Résistance demande l'apposition d'une plaque au 1 rue Foyatier, sur son ancienne école ; mais, selon les termes du courrier administratif, devant les protestations que le libellé de la première plaque avait provoquées, la formule autorisée est devenue, atténuée pour ne pas dire déformée, "tombé sous les balles de l'ennemi".
Sauber Mariana, "Traces fragiles. Les plaques commémoratives dans les rues de Paris." in Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 48e année, N. 3, 1993. pp. 715-727.
Contexte historique
Né le 25 juillet 1923 à Clichy (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 14 ou le 16 décembre 1943 à Paris (XVIIe arr.) ; photograveur ; résistant, l’un des acteurs de la lutte armée communiste sur Paris ayant la plus grande longévité dans l’action.
Sous l’Occupation, Jean Debrais, dont le père était employé de bureau, était toujours domicilié chez ses parents 24 rue d’Orsel à Paris (XVIIIe arr.). Ces derniers ignoraient ses adresses dans la clandestinité. Membre du Centre laïque des auberges de jeunesse, il fut recherché par la police dès le début de 1941. Il entra « officiellement » à l’Organisation spéciale en novembre 1941, devint l’un des chefs de groupe et en prit la direction après le départ en Province de Pierre Georges (futur Colonel Fabien). Il fut l’un des acteurs ou l’un des organisateurs de très nombreuses actions : vol de 30 kilos d’explosifs en novembre 1941 dans une carrière entre Creil et Chantilly, attentat du 28 janvier 1942 contre une brasserie du faubourg Montmartre, attentat du 22 février 1942 contre un camion allemand à Paris XVIIIe arr., attentat du 1er mars 1942 contre une école où était installé un cantonnement allemand rue Tanger au cours duquel un soldat allemand fut tué, tentative d’attentat place Wagram à Paris le 8 mars 1943. Il fut l’un des trois résistants qui échappèrent aux arrestations de mars 1942. On le retrouva responsable d’un groupe spécial des FTP dans l’interrégion parisienne, groupe chargé de la destruction par sabotage des voies ferrées mais aussi d’autres actions contre les collaborateurs. Il assura la direction de ce groupe spécial jusqu’à l’hiver 1943 et fut alors remplacé par François Roeckel (Rageac). Ce retour à la base intervint, semble-t-il, à la suite d’un désaccord avec Roeckel. Jean Debrais avait entre-temps assisté à l’attaque d’un café-tabac, boulevard du Palais, participé à un attentat contre la caserne des gardes à Courbevoie, à celui contre le central téléphonique de la rue de Grenelle, à une tentative d’assassinat contre Vassart et, avec Roeckel, avait tué le chef adjoint de la Brigade spéciale 2, Tissot.
Jean Debrais, qui avait à quatre reprises échappé à l’arrestation et qui, à la dernière tentative en date à Malakoff, avait tiré sur les inspecteurs, fut arrêté par trois policiers de la Brigade spéciale alors qu’il allait à un rendez-vous 35 rue d’Anjou à Paris (VIIIe arr.) le 15 décembre 1943. Il tenta de s’enfuir, fut mortellement blessé et mourut le lendemain à l’Hôpital Marmottan sous sa fausse identité : Pierre, Roger Régnier, né le 25 juillet 1918 à Clichy, demeurant boulevard Mortier à Paris (XXe arr.). Il avait eu successivement pour pseudonymes Roger et Moulins.
Un mystère subsiste cependant sur la date de son arrestation et de son décès. En effet, son dossier à Caen signale qu’il fut arrêté le 14 décembre 1943 et qu’il mourut le jour même à l’hôpital Marmottan. Le dossier contient une copie de son acte de décès enregistré le 14 décembre à la mairie du XVIIe arr. Ces informations ne concordent pas avec celles qui figurent dans les dossiers de la préfecture de police. Jean Debrais fut homologué à titre posthume lieutenant FFI.
Jean-Pierre Besse pour le site Maitron-en-ligne
Sources : Arch. PPo, BS carton 28. — BAVCC, Caen — Jean-Marc Berlière, Franck Liaigre, Le sang des communistes, les bataillons de la jeunesse dans la tourmente, automne 1941, Fayard 2004 — Jean-Marc Berlière, Franck Liaigre, Liquider les traîtres, la face cachée du PCF 1941-1943, Robert Laffont, 2007. — Site des plaques commémoratives. — Frederic Charpier, Les RG et le parti communiste, Plon, 2000, p. 50-51 (publie un rapport sur sa mort le 14 décembre 1943 à 17 heures, tué d’une balle dans le coeur par des policiers de la BS 2).