Plaque en hommage au FFI Guy Basseau
Légende :
Plaque en hommage au FFI Guy Basseau, tué dans les combats de la libération de Paris le 22 août 1944, située 33, rue de Bièvre, à l'angle du boulevard Saint-Germain, Paris Ve
Genre : Image
Type : Plaque
Source : © Département AERI Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur.
Date document : 2014
Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris
Contexte historique
Guy Basseau est né à Tillac dans le Gers le 11 juillet 1926. En 1940 son père « monte » à Paris où il a trouvé un emploi. La famille le suit. C’est dans le 5e arrondissement, au Quartier latin, que Guy grandira. Il avait quitté le collège d’Auch et c’est au « petit lycée » (appellation du premier cycle actuel) Henri-IV proche de son domicile qu’il sera inscrit. Pendant l’année 1943-44, il est au lycée en classe de seconde, et admis en première, devrait y retourner à la rentrée. Mais à l’âge où beaucoup ne pensent qu’à leur propre destin, Guy, pourtant promis à une belle réussite scolaire, vit en révolté ce temps tragique de l’Occupation. Il dépasse son propre intérêt et décide de rejoindre ceux qui se battent pour la liberté. Sans aucun doute l’éducation reçue dans sa famille explique-t-elle en grande partie cet engagement. D’une part son père combattant de la Grande Guerre a été durement marqué dans sa chair et lui a transmis son attachement à la patrie. Et il a aussi sous son regard le comportement de son cousin Jean-Louis. Comme mille trois cent vingt-huit instituteurs victimes de la chasse aux sorcières, ce dernier a été licencié d’office par les fonctionnaires zélés du régime de Vichy. Guy a seize ans quand ce cousin s’engage, en 1942, dans le maquis pyrénéen. Cet homme jeune, membre des Forces Françaises de l’Intérieur, devient le plus proche collaborateur d’Ernest Villa, également instituteur et responsable du Comité de libération du Gers. L’exemple est là.
Par ailleurs Guy se trouve dans un établissement fortement marqué par la Résistance, dès l’Occupation. Sans doute la plupart des acteurs de cette résistance sont-ils des personnels et des élèves de classes préparatoires aux grandes écoles ayant atteint une certaine maturité même si la manifestation étudiante du 11 novembre était enrichie d’élèves plus jeunes. Ainsi dès 1940, dans les caves du 23 rue Clovis s’accumulent des tracts appelant à la Résistance qui attendent leur distribution nocturne. Des formes inattendues de solidarités s’organisent. L’internat qui reçoit les provinciaux accueille quelques enfants de résistants qui se sentent menacés en province. Pour autant les externes comme Guy, ne constituent pas un monde à part. Ils sont très informés des réactions contre l’Occupation et ses conséquences inhumaines et progressivement le combat s’organise. Certains renseignements leur parviennent d’ailleurs parfois ouvertement. Ainsi, à la veille de l’insurrection, l’élève Garrigou prépare Saint-Cyr dans une « corniche » clandestine, camouflée en classe préparatoire aux écoles d’agronomie (AGRO), implantée dans l’établissement. Il a la dangereuse responsabilité de récupérer régulièrement des paquets du journal Défense de la France dans l’église de SaintÉtienne- du-Mont dont une entrée latérale jouxtejournal clandestin, à 8 heures, heure d’entrée des élèves, d’une fenêtre du premier étage une main lance vigoureusement les journaux dans la cour des externes. Certainement Guy, élève en éveil, a-t-il bénéfi cié de ces informations régulières. Or, le journal Défense de la France, donne en juin 1944 des « Conseils d’action » qui s’adressent aux militants chevronnés mais dont la lecture peut également conduire des adolescents à s’engager dans le combat libérateur. Par ailleurs les habitants de ce quartier ont une claire conscience de la situation et ils sont souvent préparés à l’action : au soir de la première journée de l’insurrection on lit dans le compte-rendu du 3e bureau que le Quartier latin constitue de loin le foyer principal de tension. D’autre part, au mois de juin, comme ses camarades, Guy a été marqué par le massacre des élèves d’une classe préparatoire du lycée Henri-IV qui deviendra « la classe des Fusillés ». Ces élèves résistants ont été dénoncés, exécutés par les Allemands, sans jugement. D’ailleurs, dès le 10 août les exactions de l’occupant se sont multipliées dans le « Grand Paris » ; beaucoup de jeunes en sont victimes. Et cela se sait et ne laisse pas de conforter Guy dans son projet.
Alors à l’appel de l’insurrection, il a, comme d’autres jeunes gens que rien ne prédisposait à l’héroïsme ou au martyre, fondé et légitimé son combat sur des vertus républicaines valorisées dans la famille et au lycée. Lucide et n’écoutant que son courage, il s’engage et le 13 août 1944, il rallie les FFI du 5e arrondissement. Le chef des partisans Saint-Just et Libération Nord du 5e arrondissement, Réginald Wieme de Ruddere, est un ancien élève (1939) du lycée qui se bat sur la barricade au carrefour du boulevard Saint-Michel et du boulevard Saint-Germain.Le 18 août, le lieutenant Sarran chef du 5e secteur pour les FFI a réquisitionné le lycée pour y installer un dépôt de munitions. La construction des barricades en nombre le 22 août provoque chez les Allemands des réactions violentes. Le 22 août, la 2e DB est encore loin. Guy est sur une barricade boulevard Saint-Germain à la hauteur de la rue de Bièvre ; le Sénat voisin est une forteresse de l’Occupant qui abrite des chars. C’est contre ces chars qu’il faut se battre. Les FFI ont distribué des instructions pour lutter contre les engins car les résistants ne disposent que de grenades et de paquets de pétards. Les tanks eux, crachent de la mitraille. Certes, au-delà de l’utilisation des bouteilles incendiaires, des conseils pour la fabrication de grenades spécialement montées à la manière des dynamiteros espagnols, d’autres indications ont été données. Les FFI rappellent : Nous avons indiqué qu’il était possible de bloquer les chars par des chaînes placées sur le sol dans lesquelles les chenilles s’empêtraient... Lors d’une offensive, Guy Basseau qui vient d’avoir dix-huit ans, fait partie de ces combattants démunis d’armes lourdes. Il est tué au combat. Pour lui, malgré son jeune âge, nous comprenons que ce n’était pas seulement le corps de la France qu’il fallait sauver, mais son âme. Guy est tombé à l’angle de la rue de Bièvre et du boulevard Saint-Germain, contre les grilles du jardin du Luxembourg. Après sa mort, Guy Basseau, a été cité à l’ordre du corps d’armée par décision du général Koenig, responsable de l’état-major des FFI. Il recevra, à titre posthume, la Croix de guerre et la médaille de la Résistance.
Odette Christienne, Hommage de Paris à des femmes et des hommes de la France au combat (1940-1945), Mairie de Paris, 2012