Plaque en hommage à C. Alfonso, J. Coron et J. Perthuis
Légende :
Plaque apposée au 25 rue de la Défense à Issy-les-Moulineaux en hommage à Celestino Alfonso, Joseph Coron et Joseph Perthuis.
Genre : Image
Type : Plaque commémorative
Producteur : Claude Richard
Source : © Collection Claude Richard Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Lieu : France - Ile-de-France - Hauts-de-Seine - Issy-les-Moulineaux
Contexte historique
Celestino Alfonso est l'un des vingt-trois résistants condamnés à mort lors du procès dit de l'Affiche rouge, en février 1944. Avec quelques-uns de ceux des autres accusés, son portrait figure en médaillon sur cette affiche placardée par milliers par l'occupant au moment du procès, entre le 10 et le 15 février 1944. "Alfonso, Espagnol rouge, 7 attentats", indique la fameuse affiche qui joue sur l'anticommunisme, l'antisémitisme et la xénophobie pour tenter de discréditer la Résistance. Nombre de ces résistants stigmatisés sont en effet d'origine étrangère ; l'affiche, imprimée sur un fond rouge sang, interroge tout en haut avec un "Libérateurs ?" suivi – après les portraits des accusés accompagnés de leur nationalité et du nombre supposé de leurs "crimes" – d'un définitif : "La libération par l'armée du crime".
Celestino Alfonso est l'un des cas les plus symboliques de ces allers et retours entre l'Espagne et la France qui ont marqué l'immigration espagnole pendant l'entre-deux-guerres. Né en 1916 en Espagne, Celestino Alfonso arrive jeune en France avec sa famille. Il adhère en 1934 aux Jeunesses communistes et il en devient responsable à Ivry-sur-Seine. Ouvrier menuisier, déjà inséré en France dans un milieu politico-social, marié et père de famille, il s'engage cependant dès août 1936 pour se porter volontaire au secours de l'Espagne républicaine. Arrivé le 27 août 1936 dans son pays d'origine, il sert comme mitrailleur avec le grade de sergent et est nommé lieutenant en 1937. Devenu commissaire politique de la 2e Brigade internationale, il est promu capitaine. Lorsque l'armée de la République espagnole est vaincue par les généraux rebelles conduits par Franco, Celestino Alfonso connaît le même exode que ses compagnons, contraints de se réfugier en France, en février 1939, pour échapper à la vindicte des vainqueurs. Comme des dizaines de milliers de républicains espagnols et les nombreux volontaires des Brigades internationales restés en Espagne jusqu'à la fin de la guerre, Celestino Alfonso est interné dans un camp. Pour lui, c'est celui de Saint-Cyprien, dans les Pyrénées-Orientales. Il s'en évade, mais est mobilisé dans une Compagnie de travailleurs étrangers au début de la Deuxième Guerre mondiale.
Arrêté en janvier 1941, il va, semble-t-il, travailler en Allemagne jusqu'en juillet de la même année. Celestino Alfonso travaille ensuite dans diverses usines de la région parisienne et devient chef de groupe dans les FTP-MOI. Sous la conduite de Boris Holban et de Missak Manouchian, il prend part à de nombreuses actions contre l'occupant dans la région parisienne et autour d'Orléans. Membre, avec notamment Marcel Rayman et Leo Kneler, de l'Équipe spéciale des FTP-MOI, il participe à plusieurs attentats contre des officiers supérieurs allemands. Si, en juillet 1943, l'attentat contre le général von Schaumburg, commandant du Grand Paris dont le nom figurait au bas des avis d'exécutions de résistants, semble avoir raté sa cible – un remplaçant se trouvant dans la voiture détruite –, Celestino Alfonso réussit en revanche à atteindre Julius Ritter, le 28 septembre. Ce dernier, ami personnel du Führer, avait rang de général SS et représentait en France le Gauleiter Sauckel ; il était responsable de l'envoi de Français en Allemagne par le Service du travail obligatoire. Après ce dernier attentat, Celestino Alfonso, pourtant poursuivi par la police, parvient à s'échapper grâce à l'aide d'autres résistants qui l'attendent et lui fournissent une bicyclette.
Arrêté le 17 novembre 1943, Celestino Alfonso est torturé pendant plusieurs mois. Un procès s'ouvre le 15 février 1944 pour juger soixante-dix "terroristes", accusés d'actions hostiles aux forces d'occupation. Celestino Alfonso est décrit par Paris-Soir du 22 février comme ayant "le visage classique du terroriste, le teint olivâtre, les cheveux corbeau, l'oeil vif et mauvais." Lorsqu'on lui dit qu'il a servi dans "l'armée rouge espagnole", il rectifie d'un "dans l'armée de la République, monsieur le président !". C'est une cour martiale du tribunal allemand auprès du commandant du Grand Paris qui prononce une sentence de mort pour vingt-trois accusés, dont Celestino Alfonso. Les vingt-deux hommes seront exécutés au Mont-Valérien le 21 février 1944 et la seule femme condamnée, Olga Bancic, sera décapitée à Stuttgart le 10 mai 1944.
Adhérent du Parti communiste en 1938, Joseph Perthuis est arrêté le 26 juin 1942 par des inspecteurs de la BS1. Son nom avait été trouvé sur une liste en possession de René Guégan, responsable régional du Parti communiste de Paris Sud. Il fut interné au fort de Romainville le 7 août. Le 5 août 1942, deux grenades furent lancées par des résistants communistes sur des militaires allemands qui s’entraînaient au stade Jean-Bouin (XVIe arr.). Deux furent tués, cinq grièvement blessés et quinze autres blessés. Les occupants allemands décidèrent le 10 août de fusiller quatre-vingt-huit otages au Mont-Valérien. Perthuis fut passé par les armes le 11 août à 9 h 05 au Mont-Valérien.
Geneviève Dreyfus-Armand, "Matos Celestino Alfonso (1909-1944)" in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.
Daniel Grason, "Hilaire Ferdinand Joseph Perthuis", Maitron-en-ligne