Rue-Jacques-Bingen, Paris XVIIe

Légende :

Rue-Jacques-Bingen, anciennement rue de Montchanin et rebaptisée ainsi en 1946, Paris XVIIe

Genre : Image

Type : Nom de rue

Producteur : Claude Richard

Source : © Collection Claude Richard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

La rue Jacques-Bingen est une voie publique située dans le 17e arrondissement de Paris. Elle débute au 18 place-du-Général-Catroux et se termine au 19 rue-de-Tocqueville. Elle se dénommait rue de Montchanin jusqu'en 1946.


Page Wikipedia, consultée le 16 octobre 2014.

Contexte historique

Né le 16 mars 1908 à Paris dans une famille juive d'origine italienne, diplômé de l'École des Mines (Paris) et de l'École libre des Sciences politiques, Jacques Bingen fut l'un des plus proches collaborateurs de son beau-frère, André Citroën (d'où ses pseudonymes "Cadillac" et "Talbot"). Après la mort de ce dernier, en 1935, il prit la direction de la Société anonyme de gérance et d'armement (SAGA), tout en assumant la responsabilité du secrétariat général du Comité central des armateurs.

Lieutenant de réserve, Bingen fut mobilisé à la fin du mois d'août 1939 et servit en qualité d'officier de liaison auprès de la 51e division écossaise. Blessé au feu le 12 juin 1940, il parvint à gagner Cherbourg avant d'être évacué sur La Rochelle. Le 20 juin, il quitta l'hôpital et gagna Casablanca. Déguisé en pilote polonais, il rejoignit Gilbraltar le 2 juillet en se cachant sur un navire-école polonais. Parvenu à Liverpool le 18 juillet 1940, il se présenta au général de Gaulle le 23 juillet suivant, et s'engagea dans la France libre.

En raison de ses compétences en matière d'affaires maritimes, Bingen fut désigné pour diriger les services de la Marine marchande de la France libre à Londres, après la création de ceux-ci au mois d'août 1940. Pendant deux années, cet homme qui croyait en Charles de Gaulle sans aveuglement (voir notamment les extraits de ses dernières lettres – Espoir n° 48, octobre 1984) s'employa à développer la petite flottille de navires de commerce français, dans le cadre défini par les accords Churchill-de Gaulle du 7 août 1940 relatifs à l'organisation et au financement de la France libre.

Au mois d'août 1942, Jacques Bingen obtint d'être versé au Bureau central de renseignement et d'action (BCRA). Il y fut nommé adjoint de Louis Vallon à la tête de la section Non Militaire (NM) tout récemment créée, et, à ce titre, se trouva en contact régulier avec la Délégation générale de la France combattante sur le sol métropolitain ainsi qu'avec les responsables des mouvements et des réseaux de la Résistance intérieure. Il en conçut, entre autres, le projet de faire naître à la Libération un grand parti travailliste à partir du Comité d'action socialiste (CAS) clandestin de Daniel Mayer et Léon Blum et des forces nouvelles nées de la Résistance.

Au début du mois de février 1943, avec le commissaire à l'Intérieur André Philip, Jacques Bingen élabora un projet d'instructions pour Jean Moulin. Selon ce projet, et conformément à l'ordre de mission "Brumaire" reçu par Pierre Brossolette, un comité de coordination des mouvements de Résistance de la zone Nord devrait être créé sur le modèle de celui institué en zone Sud (CCZS) par Moulin le 27 novembre précédent, et coordonné avec ledit CCZS. À l'instigation de Jean Moulin, parvenu à Londres le 15 février, et pour tenir compte de l'évolution de la situation en Afrique du Nord, ces instructions furent remplacées le 21 février par de "Nouvelles Instructions" aux termes desquelles un "Conseil de la Résistance unique pour l'ensemble du territoire métropolitain" devait être créé, qui assurerait la représentation non seulement des mouvements de Résistance, mais également des partis politiques et des syndicats résistants, et qui serait présidé par Moulin nommé "seul représentant du général de Gaulle et du Comité national pour l'ensemble du territoire métropolitain".

Au cours du printemps qui suivit, devenu chef de la section NM, Jacques Bingen s'imposa à Londres comme l'un des plus solides soutiens de Jean Moulin dans la crise ouverte par les mouvements de Résistance contre le pouvoir central gaullien. Après l'arrestation de Moulin à Caluire le 21 juin 1943, Bingen ("Baudet", "Cléante", "Coridon", "Necker") fut déposé en France dans la nuit du 15 au 16 août avec un ordre de mission le désignant comme délégué du Comité français de Libération nationale (CFLN) et président du Comité directeur de la Résistance pour la zone Sud. Ce dernier comité ayant quitté Lyon pour Paris, Jacques Bingen s'installa dans la capitale. Pendant les dernières semaines de l'été 1943, de conserve avec son ami Claude Bouchinet-Serreulles nommé délégué du CFLN pour la zone Nord, il assuma de fait l'intérim du Délégué général. Au cours de l'automne 1943, les deux hommes s'efforcèrent tant bien que mal d'accompagner l'installation d'Émile Bollaert dans ses fonctions de délégué général.

Du début du mois de décembre 1943 aux derniers jours de mars 1944, Jacques Bingen assuma seul l'intérim de la Délégation générale. Assistant à chacune des réunions du bureau du Conseil national de la Résistance (CNR), et en concertation étroite avec Georges Bidault, il apporta sa pierre à l'adoption du programme du CNR, le 15 mars 1944. Il participa à la création des Comités départementaux de libération (CDL). Il contribua à l'adoption des nouvelles modalités de financement de la Résistance. Il oeuvra au service de l'unification militaire, via notamment la création puis la mise sur pied, entre la fin décembre 1943 et la fin février 1944, des Forces françaises de l'intérieur (produit de la fusion de l'Armée Secrète (AS), de l'Organisation de Résistance de l'Armée (ORA), des Francs-tireurs et partisans (FTP) ainsi que d'un certain nombre de plus petits groupes isolés. Acquis depuis novembre 1943 aux arguments des partisans de l'action armée immédiate, il organisa les prodromes de ladite action à la Libération, tout en faisant face de son mieux aux revendications communistes. Il fit de la délégation clandestine une véritable agence d'informations au service du Comité d'Alger. Enfin, il constitua ou réorganisa des organismes tels que le comité d'action contre la Déportation, le comité des œuvres sociales de la Résistance, la commission du Ravitaillement, etc.

Après avoir remis les clefs de la Délégation générale à Alexandre Parodi à la fin du mois de mars 1944 (Parodi prit officiellement ses fonctions le 4 avril), Jacques Bingen retourna à son action de délégué pour la zone Sud.

Victime de la trahison d'un agent double, il fut arrêté le 12 mai 1944 à la gare de Clermont-Ferrand. Sur le point d'être repris alors qu'il était parvenu à fausser compagnie à ses gardiens, il choisit de se donner la mort en avalant sa capsule de cyanure pour ne pas prendre le risque de parler sous la torture. Il venait d'être fait Compagnon de la Libération par le général de Gaulle.

Décorations :
Chevalier de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération, Croix de guerre 1939-1945 (2 citations).


Guillaume Piketty, "Jacques Bingen", in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.