Lucien Sampaix

Légende :

Lucien Sampaix, militant syndicaliste et communiste

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France

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Contexte historique

Fils d’un ouvrier tisseur, cinquième enfant d’une famille de sept, Lucien Sampaix entra, à l’âge de douze ans, en apprentissage dans une usine de la métallurgie où il acquit la qualification d’ajusteur-mécanicien. Pendant l’exode, il se loua chez des paysans de la Marne puis travailla dans une brasserie à Rouen jusqu’à sa mobilisation en avril 1918. Démobilisé en 1921, il revint à Sedan et s’embaucha dans le textile, notamment chez Monnet, Grosselin, puis dans la métallurgie, aux Aciéries de Longwy. Ce fut à partir de ce moment que Lucien Sampaix commença à militer, adhérant d’abord au syndicat CGTU de la métallurgie, puis, en 1923, au Parti communiste. 
Rapidement, il devint secrétaire à la fois du syndicat local des Métaux et du rayon de Sedan. Il participa dès lors à toutes les luttes comme celles de la Ruhr en 1923 ou de la guerre du Rif en 1925, animant des réunions ou encore organisant des grèves dans le Sedanais et à Raucourt. Son activité militante (il était également membre de l’ARAC et du SRI) et ses articles économiques, sociaux et politiques sur la situation à Sedan qu’il publia en 1927 dansL’Exploité, organe de la région de l’Est du PC, amenèrent Jacques Bozzi dans Le Socialiste ardennais qui aimait railler les communistes ardennais à les appeler « les Sampaix ». Ceci lui valut aussi d’être mis à la porte non seulement des Aciéries de Longwy en 1926 mais encore par maints autres employeurs des Ardennes. Désigné en 1929 comme secrétaire général de la Région Nord-Est (Aisne, Ardennes, Marne) du PC, Lucien Sampaix s’installa à Reims et débuta sa vie de permanent. En avril, il dirigea la grève de la serrurerie Borderel avec Gabriel Diné, secrétaire de la 2e Union régionale des syndicats unitaires, réussit le 1er mai à débaucher les ouvriers de l’usine Laval, organisa, le 11 mai, un meeting auquel plus de 1 600 grévistes assistèrent, fut l’instigateur en novembre de la grève des métallurgistes de Guise (Aisne). Faisant partie du nouveau bureau de l’URU en 1930, il continua à inciter des mouvements revendicatifs notamment, en juillet et août, dans l’industrie textile de Saint-Quentin ou, en septembre, dans le secteur vinicole de Reims-Épernay. Lucien Sampaix n’avait cessé de collaborer régulièrement àL’Exploité. Il en devint le directeur et publia de nombreux articles dont certains appelaient à la fraternisation des soldats et des ouvriers. Ayant été à l’origine du parrainage du 106e RI par les ouvriers du syndicat du Bâtiment, il fut arrêté, le 12 avril 1930, après perquisition à la Maison du Peuple, inculpé puis relâché. Condamné à six mois de prison puis, en mai 1931, à dix mois de prison et 500 F d’amende, il entra dans la clandestinité mais fut à nouveau arrêté à Charleville en novembre 1931. Confirmée par la cour d’appel, sa condamnation le conduisit aux prisons de Reims et de la Santé puis à la centrale de Clairvaux. Après neuf mois de détention, il fut libéré à la faveur d’une amnistie présidentielle. Pendant son incarcération où il avait obtenu le statut de détenu politique, Sampaix avait été, à titre de protestation, deux fois candidat : aux élections cantonales d’octobre 1931 dans le canton de Sedan-nord et aux législatives de 1932 dans la circonscription de Sedan où il avait obtenu 2 213 voix sur 15 772 inscrits. 

Lucien Sampaix fut alors appelé à la rédaction de l’Humanité pour s’occuper de la rubrique « informations politiques ». Côtoyant Gabriel Péri, Paul Vaillant-Couturier, Louis Aragon, il devint, en juillet 1936, secrétaire général del’Humanité sous la direction de Marcel Cachin. Membre du rayon des Ier et IIe arr., il avait été présenté aux législatives de 1936 dans la deuxième circonscription du Xe arr. (Porte Saint-Martin, Porte Saint-Denis) où il avait recueilli 2 305 voix sur 14 740 inscrits, soit 15,6 % et s’était désisté en faveur de Bossoutrot, radical-socialiste qui avait été élu. A l’Humanité, Lucien Sampaix utilisa sa plume pour défendre les soldats et mener des campagnes notamment contre les « cagoulards » ou les agissements de la 5e colonne. Marcel Cachin, dans un article del’Humanité du 15 décembre 1948, rappela qu’il « démasqua sans se lasser les Abetz, les Bonnet, les Dusseigneur, les de Brinon, les Doriot... Sa campagne trouvait dans le pays une telle résonance que ceux qu’il marquait au fer rouge le traînèrent, dans les débuts de juillet 1939, devant la 12e Chambre correctionnelle de Paris. » Défendu par maître de Moro-Giafferi, il fut acquitté. Il fut affecté dans une usine de Levallois (Seine) en 1939 mais le directeur refusa de le prendre malgré son ordre de mobilisation. Lucien Sampaix participa alors à la parution de l’Humanitéclandestine, ce qui lui valut d’être arrêté le 19 décembre. Transféré de camp en camp, il réussit à s’évader le 25 décembre 1940 et à gagner Paris. Il reprit contact avec le Parti communiste clandestin mais fut très vite à nouveau arrêté, le 27 mars 1941. Détenu à la Santé, condamné le 27 août aux travaux forcés à perpétuité, il fut conduit à la centrale de Beaulieu, à Caen, et fusillé le 15 décembre avec treize autres otages. 
Sa femme, Yvonne Sampaix, et sa fille, Simone Sampaix, furent aussi des militantes communistes et résistantes. Comme Gabriel Péri, fusillé le même jour que lui, Lucien Sampaix fut traité en héros après son exécution. Leurs noms furent toujours associés dans les luttes patriotiques que le PCF mena et dans les hommages qu’il leur rendit. 
Ils furent donnés à de nombreuses rues ou places dans toute la France.


AUTEUR : D'après Nathalie Viet-Depaule pour le Dictionnaire du Maitron.

SOURCES 1 : RGASPI, 495 270 7063. — L’Exploité, 23 avril 1932. — Le Cri de Saint-Quentin, 1930-1931. — « Plaidoirie pour Lucien Sampaix prononcée au procès du 28 juillet 1939 », supplément àl’Humanité, 5 août 1939. — l’Humanité, 15 décembre 1948, 15 décembre 1953, 17 décembre 1961, 15 décembre 1966, 15 décembre 1969, 16 décembre 1971. r — Cahiers de l’Institut Maurice Thorez, n° 25, janvier-février 1972. — Lettres de fusillés. — Fiche Batal. — D. Pierre, La CGT à Reims de 1918 à 1936, MM, Reims, 1976.