Rue René Sahors, Vanves (92)

Légende :

Anciennement passage de Solférino

Genre : Image

Type : Plaque de nom de rue

Producteur : Claude Richard

Source : © Collection Claude Richard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Lieu : France - Ile-de-France - Hauts-de-Seine - Vanves

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Contexte historique

Né le 9 décembre 1889 à Paris (VIe arr.), fusillé le 31 mars 1942 au Mont-Valérien (commune de Suresnes) ; machiniste à l’Opéra ; responsable national de l’ARAC.

Fils d’un chauffeur mécanicien et d’une domestique, René Sahors passa sa jeunesse rue Jacob dans le VIe arr. de Paris. Il fit son service militaire en 1912-1913 dans les colonies et au Maroc. La déclaration de guerre lui laissa peu de temps pour reprendre la vie civile. Mobilisé en premières lignes, il fut grièvement blessé dès les premiers combats et fait prisonnier en Allemagne. Guéri de ses blessures, on lui demanda de travailler pour l’industrie de guerre. Son refus énergique l’envoya devant un Conseil de Guerre qui le condamna à mort. Il aurait, pendant six mois, simulé la folie pour empêcher l’exécution avant de réussir à s’évader et à rentrer clandestinement en France. Porté par un élan patriotique et solidaire, il se distingue sur le champ de bataille en allant chercher, au péril de sa vie, des soldats blessés dans les lignes ennemies. Ces actes lui valurent la croix de guerre avec quatre citations. Rien ne témoigne d’une prise de conscience pacifiste pendant la guerre. Le conflit terminé, il voyagea en Europe et en Extrême Orient.

Revenu en France, il s’installa à Vanves (Seine) et travailla comme machiniste à l’Opéra de Paris. Ce n’est qu’en 1934 qu’il rejoignit l’ARAC et le Parti communiste, influencé, semble-t-il, par le contexte des journées de février et d’un tournant politique de l’été 1934. Sa « haine de la guerre » lui fit privilégier le militantisme à l’ARAC. Secrétaire de la section de Vanves, il devint en 1936, membre du comité central et du bureau national. Secrétaire administratif, il était apprécié pour son amabilité et même son affabilité au siège national du 241 rue Lafayette à Paris Xe arr. Son action fut particulièrement importante dans la solidarité à l’Espagne républicaine.

Le 1er novembre 1939, l’ARAC fut interdite et ses locaux fermés et les dossiers constitués pour la défense des droits des anciens combattants saisis. La plupart des dirigeants de l’ARAC furent arrêtés et emprisonnés : Jean Duclos, aveugle de guerre, Félix Brun*, amputé des deux jambes, Louis Dadot, invalide, furent emprisonnés à la Santé puis à l’Ile d’Yeu et Auguste Touchard fut déporté en Afrique du Nord. Resté le principal dirigeant parisien en liberté, René Sahors prit la tête de l’ARAC clandestine. Il réorganisa un réseau en banlieue nord puis à Paris. Arrêté une première fois le 25 mai 1940, emprisonné à l’Ile d’Yeu, envoyé à Riom-les-Montagnes, puis au camp de Saint-Angeau (Puy-de-Dôme), il réussit à s’évader le 26 octobre 1940. Quelques mois plus tard, il représenta l’ARAC au Front national. Il vivait alors sous une fausse identité. Arrêté lors d’une réunion dans le quartier de l’Odéon le 8 novembre 1941, il fut incarcéré à la prison du dépôt de la préfecture de police. Selon le témoignage de Jeannette Guillerme qui fut son agent de liaison et qui le visita à la prison de la Santé, il aurait déclaré à ceux qui l’interrogeaient : « Je m’appelle René Sahors, c’est vrai, regardez bien ma gueule et c’est tout ce que vous saurez. » Transféré au Cherche-Midi, il passa devant un tribunal allemand qui le condamna à mort. Le 30 mars, la veille de son exécution, il envoya à sa mère une lettre pleine « d’amour de la vie » qui ne faisait aucune allusion au sort qui l’attendait. Son avocat, Maître Bossin, dira : « Il est mort avec un courage exemplaire, c’est un homme que je n’oublierais pas ». Marcel Paul* qui était dans la même prison dit qu’il planta la plume et le porte plume qui lui étaient tendus, dans la main du SS : « Suite à cet acte, il a été massacré et assommé dans sa cellule avant d’être entraîné vers le poteau ». Le courage physique, moral et l’engagement basé sur la solidarité, semble avoir été une ligne directrice de sa vie. D’après les archives de la DAVCC, il avait été fusillé comme otage, en représailles à l’attentat du Havre du 21 février 1942 contre des soldats allemands.

Il fut inhumé au cimetière de Vanves et une rue de cette ville a pris son nom. Une plaque commémorative a été dévoilée le 31 mai 2002 au 47 de la rue Jacob.


Claude Pennetier pour le Maitron
Sources : Arch. PPo., BA 2117. — Renseignements communiqués par l’ARAC à l’occasion d’un hommage qui lui a été rendu en mai 2002. - DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 / AJ41 245 (Notes de Thomas Pouty).