Plaque en hommage aux déportés de l'entreprise Sanders, Gentilly
Légende :
Plaque en hommage aux employés de l'entreprise Sanders, arrêtés le 11 février 1942, puis tous déportés, rue Benoît-Malon, Gentilly
Genre : Image
Type : Plaque
Producteur : Claude Richard
Source : © Collection Claude Richard Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur.
Lieu : France - Ile-de-France - Val-de-Marne - Gentilly
Contexte historique
Né le 10 janvier 1903 à Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine) ; mort à Auschwitz (Pologne) le 2 novembre 1942 ; ajusteur outilleur, électricien ; militant communiste et syndicaliste ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant ; interné ; déporté.
Frédéric Rancez suivit l’école primaire, son père était boulanger à Puteaux. Son beau-père lui expliqua en 1922 ce qu’était la révolution Russe. En 1923, il effectua six mois de service militaire à Neuschtadt (Allemagne), soldat, il fut réformé. Frédéric Rancez adhéra à la Jeunesse communiste de France en 1924, il fut trésorier du rayon des Jeunesses communiste de Puteaux de 1931 à 1936. Il exerça son métier d’ajusteur outilleur dans cette ville, à partir de 1926 il travailla chez Charon deux ans, puis autant à la maison Dalbouze. En 1933, il fit grève à la fabrique de réveils matin Jaz. Il participa aux manifestations des 6, 7 et 9 février 1934 contre les ligues factieuses et adhéra celle année-là au Parti communiste. Lors des grèves du Front populaire, en juin 1936, il travaillait chez Gardy à Argenteuil (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Marié, Frédéric Rancez habitait 24, Bd Edgar-Quinet à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine). En 1936, il devint secrétaire de la section de Colombes du syndicat CGT des Métaux, permanent au syndicat des Métaux de la région parisienne. Il suivit une école de formation politique organisée pendant trois mois par la section de Colombes du Parti communiste. Outre l’Humanité et La Voix populaire, il lisait les Cahiers du bolchevisme et Correspondance internationale. Henri Neveu, conseiller général de Colombes s’occupait du comité d’aide à l’Espagne républicaine. Frédéric Rancez rejoignit l’Espagne républicaine illégalement en 1938 « pour battre le fascisme ». Le 19 mai, soldat, il était incorporé à la XIVe Brigade internationale, 2e bataillon, 4e compagnie, ensuite à la 45e Division. Il adhéra au Parti communiste espagnol et au Secours rouge.
En juillet 1938, il prit part à la bataille de l’Ebre, fin juillet, il fut nommé commissaire du 2e bataillon, puis commissaire aux transports et enfin délégué politique adjoint au commissaire du bataillon de Paris. En septembre, La Voix populaire indiquait que Frédéric Rancez venait d’être cité à l’ordre du jour de sa division pour s’être « présenté comme volontaire pour faire une patrouille » sur la rive « occupée par les forces étrangères au service des rebelles ». Il remplit le 7 novembre 1938 un questionnaire biographique, il écrivait que son engagement en Espagne lui avait appris : « À ne pas avoir peur du feu, à me servir des armes, [et] la nécessité d’exécuter les ordres sans les discuter ». Lucien Bigouret, responsable du comité de parti de la brigade appréciait ses qualités : « délégué politique de compagnie a : « fait un grand effort pour remplir sa tâche, n’est pas arrivé à tout faire », Frédéric Rancez avait une « très bonne éducation politique », il travaillait et était « sérieux », mais « manquait un peu d’énergie ». En conclusion, il fut noté « comme un bon militant du parti, un organisateur, agitateur ». « Salut ! aux volontaires de la Liberté » annonçait le 17 novembre La Voix populaire, le dimanche 13 outre Frédéric Rancez, Fernand Trupin, André Lenfant, René Bilheur, André Lucas, Kassel et Gabriel Reminiac étaient rentrés d’Espagne. « Nous saluons avec émotion tous ces hommes. Nous sommes fiers des exploits qu’ils ont accomplis. Leur geste sera pour nous un exemple dont nous saurons nous inspirer en toutes circonstances » déclaraient la rédaction de l’hebdomadaire et la section communiste.
Selon le témoignage de Roger Guérin, sous l’occupation, Frédéric Rancez était membre de l’Organisation spéciale créée par le parti communiste clandestin, puis membre du Front National. Le 7 juin 1941, Frédéric Rancez fut embauché comme monteur électricien aux usines Sanders de Gentilly (Seine, Val-de-Marne). Avant la guerre l’entreprise fabriquait des caisses enregistreuses sous licence américaine. Pendant la guerre, devenue une filiale d’un groupe franco-allemand (La Nationale Groupe), l’entreprise participa à l’effort de guerre de l’Allemagne.
En février 1942, après un arrêt de travail revendicatif d’un quart d’heure, il fut dénoncé sur une liste de meneurs par la direction. Il fut arrêté le 11 février 1942 sur son lieu de travail ou à son domicile 12, rue Gaultier à Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine) par la police française. Il était fiché par les Renseignements généraux : « militant actif et propagandiste ». Il fut successivement emprisonné au Dépôt, à la Santé, puis interné le 16 avril 1942 au camp de Voves (Eure-et-Loir). Frédéric Rancez fut livré aux autorités allemandes le 10 mai 1942, transféré au camp de Royallieu à Compiègne (Oise), Frontstalag 122 - Polizeihaftlager. Il fut déporté dans le convoi du 6 juillet 1942 avec sept autres de ses camarades de la Sanders à destination d’Auschwitz-Birkenau (Pologne), les mille cents cinquante-cinq hommes arrivèrent à destination le 8 juillet. Ce fut l’un des convois le plus meurtrier, près de 90 % de décédés et disparus. Un convoi composé essentiellement de communistes et d’une cinquantaine de Juifs à avoir été arrêtés en tant que tels, la plupart étaient des réfugiés de Pologne et d’Italie. Ceux qualifiés par les nazis de "judéo bolcheviques" étaient ainsi visés. Il s’agissait aussi pour Hitler d’envoyer un avertissement à la résistance communiste. Celle-ci en août 1941 cibla lors d’attentats des officiers et des membres de l’armée d’occupation.
Les noms des déportés de la Sanders furent gravés sur le monument de la déportation au carré des fusillés du cimetière de Gentilly, ainsi que concernant Frédéric Rancez sur le monument des morts en déportation et des fusillés de Courbevoie.
Auteur : Daniel Grason pour le Maitron
Sources : RGASPI 545.6.1365, BDIC mfm 880/30. – Arch. PPo. BA 2374. – La Voix populaire, 9 octobre 1936, 10 juin 1937, Notes de L. Bonnel. La Voix populaire, 22 septembre, 17 novembre 1938 (Éd. Colombes, Courbevoie), BNF Gr Fol Jo 898. – Livre-Mémorial, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Éd. Tirésias, 2004. – Triangles rouges à Auschwitz. Le convoi politique du 6 juillet 1942, Claudine Cardon-Hamet, Éd. Autrement, 2005. – Site : Mémoire Vive convois des 45 000 et des 31 000 d’Auschwitz-Birkenau.
Consulter l'article de la gazette municipale de Gentilly : http://www.delafeuilledor.fr/index-folder/2012/pressesanders.pdf