Rue Pierre Vogler, Cergy (95)
Légende :
Jeune résistant de Pontoise, Pierre Vogler est fusillé au Mont-Valérien le 27 février 1942
Genre : Image
Type : plaque
Source : © Centre René-Nodot pour la mémoire de la Résistance en Val d'Oise Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : 2002
Lieu : France - Ile-de-France - Val-d'Oise - Cergy
Contexte historique
Né le 21 octobre 1921 à Paris, Pierre Vogler est graveur sur cuir et habite 38 route nationale à Vauréal. En 1940, il appartient au groupe des jeunes résistants de Pontoise dirigé par Jean-Claude Chabanne. Le groupe commence par récupérer des armes abandonnées par l'armée française dans la forêt de l'Isle-Adam et les enterrent dans le jardin de la famille Chabanne. Grâce à son ami, Jacques Tete, Chabanne se procure également le plan de l'aérodrome de Cormeilles-en-Parisis réquisitionné par les Allemands. Enfin, il confectionne des papillons ornés d'une croix de Lorraine qu'il jette ensuite dans les rues de Pontoise.
En décembre 1941, deux étudiants manipulés par la Gestapo, dénoncent les activités de récupération d'armes de Jean-Claude Chabanne. Il est arrêté le 15 décembre 1941. A Pontoise et à Paris, les jours suivants les arrestations se succèdent : Pierre Butin, Eric de Martimprey, Edgard Sicaut, Maurice Salaün, Jean-Paul Soutumier, Paul Lefort, Pierre Scheringa. Jacques Tête est interpellé au Carmel de Pontoise où il servait la messe. Pierre Vogler et son père René sont arrêtés dans leur boutique à Paris ; le père sera relâché le 20 décembre.
Une note de police du 6 janvier 1942 mentionne : "A l’interrogatoire que lui ont fait subir les autorités d’occupation, le fils Vogler aurait avoué qu’un vieux mousqueton et des munitions se trouvaient à son domicile à Vauréal. L’arme et les munitions, qui avaient été immergées dans la rivière l’Oise, par Mme Vogler, aussitôt après l’arrestation de son mari et de son fils, furent repêchées par M. Vogler après sa libération et en présence des autorités allemandes. M. Vogler n’habite Vauréal que depuis deux mois ; il a résidé précédemment au hameau de Gency, commune de Cergy, pendant deux ans. M. Vogler et les siens sont peu connus à Cergy et à Vauréal ; ils partent tous, le matin, à leur magasin à Paris et ne rentrent que le soir ; ils n’ont jamais fait l’objet de remarques défavorables. Les motifs de l’arrestation du fils Vogler sont inconnus." (Archives Nationales F60/1572, affaire Chabanne).
Chabanne, Tête et Vogler sont condamnés à mort. Malgré les démarches entreprises pour les sauver, ils sont fusillés au Mont-Valérien le 27 février 1942.
L’abbé Franz Stock, aumônier des prisons allemandes de Paris, nous a laissé un témoignage sur ces exécutions : « Vendredi 27 février 1942. Trois exécutions. A Fresnes, à 11h du matin, annonce de l’exécution de trois hommes. Je suis chargé de leur annoncer la chose : Jacques Tête, Pierre Vogler, Jean-Claude Chabanne. Jacques Tête venait de communier. Il voulait être prêtre (vocation tardive). Fut arrêté pendant qu’il servait la messe. Jeune homme pieux, 21 ans, Pierre Vogler ne pouvait pas croire qu’il allait être fusillé ; il pensa à sa mère jusque dans la mort. Tous les trois reçurent les sacrements. En cours de route, ils retrouvèrent leur moral. Jacques Tête se mit à réciter son chapelet. De mon côté, je me mis à réciter les prières des mourants. Pierre Vogler pria à haute voix pour sa mère. Jacques Tête mourut son chapelet à la main. Enterrés au cimetière d’Ivry… 27ème ligne, 39ème division ».
Fabrice Bourrée, De jeunes pionniers de la Résistance à Pontoise : le groupe Chabanne, Mémoire, Mémoires, n°1, Centre René-Nodot pour la Mémoire de la Résistance et de la Déportation en Val d'Oise, 2004.