Plaque en hommage aux pionniers de la Résistance de Pontoise
Légende :
Sans les citer, cette plaque rend hommage aux membres du groupe Chabanne de Pontoise. Elle a été apposée en 2013 sur les quais de l’Oise à quelques mètres de l’Office de Tourisme de Pontoise.
Genre : Image
Type : Plaque commémorative
Source : © Coll. Jean-Pierre Dubreuil Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : 2013
Lieu : France - Ile-de-France - Val-d'Oise - Pontoise
Analyse média
Cette plaque en plexiglas a été dévoilée le 1er septembre 2013 par MM. Houillon, Richard, maires et MM. Thueux et Couriol sur les quais de l’Oise à quelques mètres de l’Office de Tourisme de Pontoise. Elle mentionne la formule proposée par M. Couriol au nom du C.E.R.N. (Centre d'études René-Nodot) : « A tous les jeunes gens qui, aux heures sombres de l’Occupation, ont été les premiers à Pontoise à se lever contre la présence des nazis et de leurs complices collaborateurs. »
Un accord a été passé avec la municipalité de Pontoise : Le C.E.R.N. renonçait à exiger que le nom des 17 personnes recensées comme ayant fait partie du groupe des « jeunes pionniers de la Résistance » figure sur la plaque et acceptait la proposition de la mairie : celui d’une intervention publique du secrétaire général du C.E.R.N. qui, à cette occasion, lirait publiquement la liste, liste qui serait reproduite dans le journal municipal de la ville. Afin d’éviter toute polémique, toute contestation, la municipalité de Pontoise a repoussé l’idée d’inscrire certains noms tant qu’aucune certification d’appartenance à la Résistance ne serait produite par le Ministère des Anciens combattants. Le Cern ne voulant pas d’une inscription partielle a accepté l’idée d’une plaque hommage sans désignation précise de qui que ce soit… Les choses en resteront là tant qu’aucun document officiel ne sera produit mais notons bien que le jour de la cérémonie d’inauguration M. Houillon, maire, a dit clairement que la plaque pourrait être ultérieurement complétée conformément au souhait du C.E.R.N. Rappelons les noms attestés par le C.E.R.N. et cités lors de cette cérémonie : Jean Butin, Pierre Butin, Jean-Claude Chabanne, Lucien Francia, André Gaudinat, Pierre Germond, André Hallotier, Paul Lefort, Eric de Martimprey, Jacques Martineau, Maurice Salaun, Pierre Scheringa, Marceau Sicaud, Jean-Paul Soutumier, Jacques Tête, Paul Thueux, Pierre Vogler.
La plaque porte une colombe prenant son envol et cassant ses chaines. C’est le symbole du C.E.R.N. dessiné naguère par René Nodot lui-même.
Source : Centre d'études René-Nodot
Contexte historique
A la suite des bombardements de Pontoise en juin 1940, Jean-Claude Chabanne suit sa famille réfugiée en Bretagne. Là, il contacte un pêcheur dans le but de lui louer une barque et, sans doute de tenter de passer en Angleterre. Mais il renonce finalement à son projet car il doit remplacer auprès de sa famille son père parti au front. De retour à Pontoise en juillet 1940, il reprend contact avec les membres de son cercle d'études. Jean-Claude Chabanne rejoint alors un mouvement national reconnu par le Gouvernement, la " Légion des Cadets de France " avec l'espoir de réunir un maximum de jeunes de l'arrondissement. Malheureusement, les Allemands se méfient, perquisitionnent le siège central à Paris, et s'aperçoivent vite que le groupement ne donne pas de marques assez sincères de sa volonté collaborationniste. Le mouvement est par conséquent dissous mais Chabanne n'en continue pas moins son action.
Les premières réunions du "groupe Chabanne" ont lieu à Pontoise, chez Pierre Bélier, dans l'appartement qui surplombe le garage dans la propriété de ses parents. Ils évoquent les circonstances de l'occupation, ce qu'ils ont vu… Ces jeunes, parmi lesquels on trouve quelques filles, ne peuvent supporter l'occupation de la France par une puissance étrangère. Chabanne leur aurait alors dit de s'organiser et de suivre les consignes de de Gaulle. Le but qu'ils se fixent alors est de se procurer des armes pour être prêt au moment où ils pourront chasser les Allemands.
Des armes et munitions sont ramassées, surtout sur les bords de l'Oise (secteur d'Auvers et de Valmondois) et dans la forêt de l'Isle Adam, principalement par Paul Lefort, André Gaudinat, Eric de Martimprey et Paul Thueux. Les armes sont ensuite emmenées dans le garage du père de Jean Butin puis démontées, nettoyées, graissées et empaquetées. Butin les transporte alors chez Chabanne qui les enterre dans son jardin (témoignage de Paul Thueux, 2003). Jacques Tête, qui travaille comme charpentier au camp d'aviation allemand de Cormeilles-en-Vexin, se procure le plan de cet aérodrome. Chabanne, quant à lui, confectionne des papillons ornés d'une croix de Lorraine qu'il jette ensuite dans les rues de Pontoise.
Il est probable que le groupe dirigé par le jeune Chabanne appartenait à l'" Armée Volontaire " mais rien ne permet de le certifier. En effet, le dossier individuel de Lucien Francia conservé au Bureau des Mentions (Val de Fontenay) contient une attestation datée d'avril 1952 de J. Baudron, chef de l'Armée Volontaire, qui mentionne à son actif une " activité résistante pour le compte de l'Armée Volontaire ". La même appartenance résistante figure dans le dossier individuel de Jacques Martineau. On retrouve enfin cette même information dans la fiche individuelle d'Eric de Martimprey établie par l'abbé Joseph de la Martinière lors de ses recherches historiques sur les déportés NN (Musée de Besançon).
Le supérieur hiérarchique de Chabanne semble être André Halotier. Celui-ci était en 1936-37 assistant chef de troupe scout de Pontoise. Nous pouvons donc envisager de par cette fonction un lien avec René Lhopital, fondateur de l'Armée Volontaire, qui était commissaire national des scouts de France. Lors d'une des filatures des inspecteurs des BS, Chabanne se trouve en compagnie d'André Halotier. Les inspecteurs l'ignorent mais ils indiquent dans leur rapport : " Au bout d'un certain temps, les deux hommes se sont séparés ; l'un d'entre eux, qui n'a pu être distingué a pénétré dans un des pavillons situés au 69 ou 71 de la même voie (il est impossible de préciser ce point) et l'autre est entré dans la propriété située, 108 rue Saint-Jean. " Or il se trouve que c'était l'adresse d'André Halotier.
En novembre 1941, Paul Thueux entre en contact avec Jacques Roybon et Hervé Cosmao, deux élèves qui fréquentent comme lui l'école d'électricité Charliat (Paris XVIIIe) ; ces deux derniers lui proposent des armes. Il en parle à Chabanne qui accepte immédiatement de les rencontrer. Thueux était membre de la section de Pontoise des Jeunesses de l'Empire Français et connaissait ainsi Chabanne. Après plusieurs entrevues, Chabanne demande un peu de temps pour se procurer l'argent nécessaire à l'achat des armes. Mais ces deux élèves sont en fait des agents de la GFP, la police militaire allemande. Cosmao (immatriculé à la GFP) a même suivi un stage de trois mois à Bruxelles sous les ordres du commandant Wesner. Ils dénoncent l'affaire aux Allemands et montent le piège qui va perdre le groupe de résistant. Les Allemands chargent alors la police française d'opérer les filatures des individus indiqués par Roybon et Cosmao et une partie des arrestations. C'est la Brigade spéciale criminelle du commissaire Veber appartenant à la Police judiciaire qui en est chargée (cette BS criminelle fut retirée à la police judiciaire en décembre 41 et confiée aux Renseignements généraux ; elle devint la BS2 créée en janvier 42 et confiée à Hénoque qui a donc hérité des procédures). Ceci explique pourquoi la BS2 se serait occupée de résistants de droite qui, comme tous les non communistes sont tombés plutôt victimes des Allemands que des policiers français et notamment des brigades spéciales anticommunistes.
Accompagnés d'hommes de la GFP en civil, voire des indicateurs, les inspecteurs français ont fait leur travail, essentiellement de filatures depuis la gare Saint-Lazare puis à Pontoise, pour identifier tout le groupe. Le 6 décembre 1941, deux inspecteurs français de la police judiciaire prennent Chabanne en filature de Paris à Pontoise. Paul Thueux est lui aussi étroitement surveillé.
Le 13 décembre 1941, alors qu'il déjeune avec un camarade de classe, Maurice Fouque, dans une brasserie près du métro Barbès, Paul Thueux est arrêté par les inspecteurs de la brigade spéciale. Ceux-ci menacent Fouque de le faire fusiller s'il dit quoique ce soit. Emmené au quai des Orfèvres, Paul Thueux est interrogé et déclare : " Non, je ne connais personne. Je ne sais pas non plus comment est organisé le groupement et je suis incapable de vous donner des renseignements à ce sujet " (archives de la Préfecture de Police). Lors de ses interrogatoires, il appliqua toujours la même ligne de défense : celle d'un petit trafiquant de marché noir. Le même jour, Jacques Roybon et Hervé Cosmao sont également arrêtés par les inspecteurs de police pour ne pas éveiller les soupçons. Lors de son interrogatoire le 13 décembre 1941, Roybon déclare travailler pour le compte des Allemands :
" Dans le courant du mois de novembre, un camarade de classe nommé Thueux Paul, demeurant à Pontoise, sans que je puisse vous préciser son adresse, a demandé à mon ami, Hervé Cosmao s'il pouvait lui procurer des armes. Thueux a présenté Hervé Cosmao à un étudiant en droit prénommé Jean-Claude, habitant Pontoise. Jean-Claude a dit faire partie d'une organisation clandestine gaulliste et a demandé à Hervé d'y adhérer. Ce dernier a refusé. Thueux, sans faire partie de cette organisation, servait d'intermédiaire pour lui fournir des armes. Vers la fin du mois de novembre, Thueux a réitéré sa demande à Hervé et à moi. Nous avions répondu que nous allions nous en occuper et nous sommes allés informer les autorités allemandes de ces faits. Les autorités allemandes nous ont fourni des armes pour nous permettre de donner le change et nous avons pris rendez-vous avec Jean-Claude, pour le 2 décembre à 16h30 au métro " Simplon ". Nous nous sommes rendus dans un café de la rue de Clignancourt et j'ai montré à Jean-Claude les armes dont je disposais. Seul un Colt l'a intéressé et il m'a dit que le lendemain, au même endroit et à la même heure, nous lui en apportions vingt du même modèle avec 50 balles par revolver. " (Archives de la brigade spéciale n°2, Préfecture de Police)
Le 15 décembre 1941, Chabanne est interpellé à la gare Saint-Lazare (ligne de Pontoise) par les inspecteurs de la police judiciaire. Le même jour, au cours de ses deux interrogatoires menés par les policiers français, il ne fera que reconnaître ce que ceux-ci connaissent déjà de l'affaire. Lors de son premier interrogatoire, il reconnaît avoir été mis en relation avec deux étudiants qui cherchaient à vendre des pistolets et des munitions mais que " la transaction n'avait pas eu lieu car [il] n'avait pas l'argent nécessaire pour cet achat ". Le même jour, lors de sa deuxième audition, il avoue appartenir à un mouvement à tendance gaulliste dont le but est " de résister à des troubles sociaux éventuels ". Il admet avoir confectionné de sa propre initiative des papillons à croix de Lorraine et avoir dissimulé des armes et munitions abandonnées par l'armée française en juillet et août 1940 dans la forêt de l'Isle-Adam. Quelques jours plus tard, un inspecteur de police français, accompagné d'un officier allemand, conduit le jeune Chabanne au domicile de ses parents où il est contraint de déterrer les armes enfouies dans trois fosses différentes.
A Pontoise et à Paris, les jours suivants les arrestations se succèdent : Pierre Butin, Eric de Martimprey, Edgard Sicaut, Maurice Salaün, Jean-Paul Soutumier, Paul Lefort, Pierre Scheringa. Jacques Tête est interpellé au Carmel de Pontoise où il servait la messe. Pierre Vogler et son père René sont arrêtés dans leur boutique à Paris ; le père sera relâché le 20 décembre. Jacques Martineau est interpellé à Paris à l'école des Sciences politiques. Quant à Lucien Francia, il se livrera de lui-même au commissariat pour éviter des ennuis à son entourage. Toutes ces arrestations sont cette fois-ci le fait des autorités allemandes et principalement du SD (service de sécurité allemand) de Maisons-Laffite. André Halotier, quant à lui, parvient à prendre la fuite au moment de l'arrestation de Thueux et Chabanne. Réfugié à Toulon sous le pseudonyme d'Hébrard, il réside à la villa Jeanne d'Arc qui est le siège du foyer du marin que tient l'abbé Robineau. Il fait circuler des tracts du mouvement Franc-Tireur en août 43, participe avec l'abbé à l'envoi de jeunes réfractaires en Savoie.
Le procès a lieu le 16 janvier 1942 à Saint-Cloud où siège le tribunal militaire allemand. " Dans la salle, gardée par des gendarmes allemands, les avocats attendent les accusés. Le procès durera toute la journée, de 7 heures du matin à 9 heures du soir, coupé seulement par quelques instants de répit à l'heure du déjeuner. Jean-Claude Chabanne se défend fièrement. Il prend tout à sa charge et disculpe le plus possible ses amis de la résistance. En terminant sa défense devant le Conseil de guerre, il a notamment déclaré qu'il était entièrement coupable et que ses camarades n'avaient aucune responsabilité dans l'affaire. (…) Pendant tout le procès, l'attitude de Chabanne ne subit aucune défaillance. (…) Et à la question précise que ses juges lui posèrent : " Pourquoi aviez-vous des armes ? ", il répliqua sans hésitation et sans détour : "Pour aider les Anglais à l'heure du débarquement". Le procès se termina vers 21 heures par la lecture des condamnations anxieusement écoutées par les familles assises dans une salle voisine. "
Chabanne, Tête et Vogler sont condamnés à mort. Pierre Butin est condamné à 4 ans de réclusion, Scheringa à trois ans, Thueux à deux ans et Francia à six mois. De Martimprey et Soutumier sont acquittés tandis qu'un non-lieu est prononcé à l'encontre de Martineau et Sicaud. Une procédure de recours en grâce est immédiatement mise en place pour sauver les trois jeunes condamnés à mort. En effet, après une sentence de mort, les accusés avaient la possibilité de pourvoir un recours en grâce dans un délai imparti. Des pétitions et courriers sont alors adressés à Fernand de Brinon, délégué du gouvernement dans les territoires occupés, afin qu'il intervienne auprès des hautes autorités allemandes. En dépit de leur acquittement, Eric de Martimprey et Jean-Paul Soutumier sont maintenus en état d'incarcération à Fresnes puis déportés en Allemagne dans le plus grand secret. Après plusieurs démarches infructueuses en mars et décembre 1942 puis en mars 1943, Fernand de Brinon adresse le 11 novembre 1943 une nouvelle requête aux autorités allemandes. Celle-ci n'aboutira pas non plus.
Malgré les démarches entreprises pour les sauver, Chabanne, Tête et Vogler, incarcérés à la prison de Fresnes, sont fusillés au Mont-Valérien le 27 février 1942. Bien que condamné à une peine de prison, Pierre Butin y est fusillé comme otage le 12 mai 1942, à titre de représailles de l'attentat perpétré à Caen le 1er mai 1942. L'abbé Franz Stock, aumônier des prisons allemandes de Paris, nous a laissé un témoignage sur ces exécutions : " Vendredi 27 février 1942. Trois exécutions. A Fresnes, à 11h du matin, annonce de l'exécution de trois hommes. Je suis chargé de leur annoncer la chose : Jacques Tête, Pierre Vogler, Jean-Claude Chabanne. Jacques Tête venait de communier. Il voulait être prêtre (vocation tardive). Fut arrêté pendant qu'il servait la messe. Jeune homme pieux, 21 ans, Pierre Vogler ne pouvait pas croire qu'il allait être fusillé ; il pensa à sa mère jusque dans la mort. Tous les trois reçurent les sacrements. En cours de route, ils retrouvèrent leur moral. Jacques Tête se mit à réciter son chapelet. De mon côté, je me mis à réciter les prières des mourants. Pierre Vogler pria à haute voix pour sa mère. Jacques Tête mourut son chapelet à la main. Enterrés au cimetière d'Ivry… 27ème ligne, 39ème division ".
En mars 1942, malgré l'interdiction préalable des autorités allemandes, un office est célébré à l'église Saint-Maclou de Pontoise par le chanoine Jollain en l'honneur des jeunes victimes devant une foule nombreuse.
Les autres accusés furent déportés en Allemagne dans le cadre du décret " Nuit et Brouillard ". Lucien Francia et Eric de Martimprey furent déportés le 4 novembre 1942 au départ de la gare de l'Est à destination du camp d'Hinzert (Allemagne) où ils arrivèrent le lendemain. Jean-Paul Soutumier, Paul Thueux et Pierre Scheringa firent partie du convoi parti le 12 novembre 1942 de la gare de l'Est pour la même destination. Francia y reçut le matricule 5569. Eric de Martimprey fut transféré le 2 février 1943 à Diez-sur-Lahn (à l'est de Coblence en Allemagne) où il décéda le 2 septembre 1943. Il semblerait que Francia, Soutumier et Thueux aient été jugés une seconde fois en Allemagne le 15 juin 1944 par le tribunal de Dresde. Thueux fut condamné à 12 ans de travaux forcés, Francia et Soutumier à des peines de réclusion. Ces deux derniers retournèrent à Brieg purger leurs peines. Francia y décéda le 10 octobre 1944. Soutumier, transféré à Gross-Rosen en Pologne (matricule 89896), y mourut le 3 janvier 1945. Thueux, expédié à Sonnenbourg (Pologne), fut transféré en novembre 1944 à Sachsenhausen, puis en avril 1945 à Orianenburg–Swerin (Allemagne) d'où il fut libéré par les armées alliées en juin 1945 après avoir participé à la " marche de la mort ".
Nous avons trouvé une trace du passage de Pierre Scheringa à Gross-Rosen où il portait le matricule 81607 mais selon son acte de disparition, il aurait été vu pour la dernière fois en mars 1945 au pénitencier de Breslau (Pologne).
Depuis le 3 mai 1945, transférés du cimetière d'Ivry, les corps de Chabanne, Butin et Tête reposent au cimetière de Pontoise. Le corps d'Eric de Martimprey, ramené en France après la libération, repose en Normandie.
Les responsables des arrestations ont, pour la plupart, échappé à la justice de la Libération. Commandés par les Allemands et sans initiative puisque l'affaire leur a été confiée en cours, les inspecteurs de police ont échappé à des châtiments espérés par les familles. Ils y ont tout de même fait preuve d'un zèle qui explique une procédure d'épuration où on leur reproche de ne pas avoir "cassé" une affaire dont on reconnaît néanmoins qu'ils n'ont pas la responsabilité. Ils se défendent en invoquant la crainte des deux indicateurs et des Allemands. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l'épuration est menée par des communistes plus attentifs aux dégâts imposés à leurs camarades.
Jacques Roybon s'est engagé dans les FFL en août 44 et a participé aux campagnes de France et d'Allemagne en qualité de sergent au sein du 18e bataillon de chasseurs portés. Il déserte alors que son bataillon est stationné à Nemours en juin 45. Hervé Cosmao, quant à lui, s'est engagé en août 44 au 1er régiment de marche de Paris (colonne Fabien). Il y devient le " lieutenant Hervé " et est spécialement chargé d'assurer la liaison entre l'armée américaine et le PC du colonel Fabien. Sa mère reçoit le 30 août 1945 la visite d'un Lieutenant Scott de la 3e armée US lui disant que son fils a été blessé près de Thionville en octobre 1944. Hervé Cosmao est condamné par contumace le 6 janvier 1949 aux travaux forcés à perpétuité par la cour de justice de la Seine.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources et bibliographie :
Archives Nationales, F60 1572 (affaire Chabanne, dossier d'intervention en faveur des condamnés à mort), 40AJ 1539 (archives de la prison de Diez), Z6 293 dossier 3278 (Cour de justice de la Seine, affaire de Pontoise).
Archives départementales des Yvelines, 300W75 (dossier " Pontoise "), 1374W52 (service de recherche des crimes de guerre).
Archives de la Préfecture de Police, archives de la brigade spéciale 2 (affaire Thueux, rapport de filature, comptes-rendus d'auditions et d'interrogatoires).
Service historique de la Défense, 13 P 153 (Historique de l'Armée Volontaire).
Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon (Archives privées de l'abbé Joseph de la Martinière sur les déportés NN).
Centre de documentation René Nodot pour la mémoire de la Résistance (Pontoise).
Archives de l'association Buchenwald-Dora.
Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
Société historique de Pontoise (articles de presse).
Archives privées Jean Anthiaume.
Karol Jonca, Alfred Konieczny, Nuit et Brouillard. L'opération terroriste nazie, Draguignan, Association nationale " Souvenir de la Déportation NN", 1981.
Collectif, Pontoise 2000 ans d'histoire, Pontoise, Imprimerie Pâris, 1973.
Martial Laroque, La Résistance en Val d'Oise, Rosny-sur-Seine, ANACR, 1986.
Delphine Lebrun, Perrine Sausset et Etienne Doumenc, Lieux de Mémoire de la Résistance à Pontoise, collège Chabanne, 1999.
Jean Marc Berlière, Les policiers français sous l'occupation, Paris, Perrin, 2001.
"Pontoise 1942 : la dernière lettre de Jean-Claude Chabanne", in Vivre en Val d'Oise, n°26, juin-juillet 1994.
" Cérémonies du Souvenir pour le 40ème anniversaire de la mort des premiers Résistants de Pontoise " in L'Echo de Cergy, 5 mars 1982.
Paul Gillet, " Les brigades spéciales " in Historia, hors série n°26, 1972.
Travaux pédagogiques réalisés par Annie Delpech, professeur d'histoire, pour le 40ème anniversaire de la mort de Jean-Claude Chabanne.
Fabrice Bourrée, De jeunes pionniers de la Résistance à Pontoise : le groupe Chabanne, Mémoire, Mémoires, n°1, Centre René-Nodot pour la Mémoire de la Résistance et de la Déportation en Val d'Oise, 2004.