Les étrangers dans la Résistance

Légende :

De nombreux étrangers ont participé à la Résistance drômoise. On remarque la forte proportion d'Italiens et d'Espagnols. Les Africains étaient alors de nationalité française puisqu'ils vivaient sous le régime de la colonisation.

Genre : Image

Type : Graphique

Source : © Jean Sauvageon Droits réservés

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Contexte historique

L'engagement des étrangers dans la Résistance drômoise.

De nombreux habitants des nations sous les régimes nazis et fascistes ont dû quitter leurs pays pour échapper à la répression à partir de 1933, Allemands, Autrichiens, parmi eux de nombreux Juifs , puis Tchèques, etc. enfin, en 1939, massivement, les Espagnols.

Il faut y ajouter les Polonais et d'autres immigrés d'Europe centrale, venus en France pour des raisons économiques, surtout dans le Nord. Les Italiens, les Arméniens étaient nombreux dans le Sud-Est et notamment dans la Drôme.

Dès 1938, surtout, une série de mesures législatives et réglementaires encadra strictement leurs conditions de séjour en France. Une propagande xénophobe, exacerbée par la presse d'extrême-droite, entretenait une haine contre ces indésirables. Nombre d'étrangers furent internés dans des camps.

La politique de Vichy amplifia celle mise en place à la fin de la IIIème République et précéda souvent celle de l'occupant allemand en ce qui concerne les Juifs.

Malgré cela, il faut reconnaître que les étrangers ont largement contribué à la Résistance française et souffert de la répression et de la Déportation.

Il est difficile de déterminer le nombre exact de résistants étrangers, dans la Drôme. Une des sources apportant des renseignements quantitatifs est le dossier des demandes de cartes de Combattants volontaires de la Résistance (CVR), mais pour les étrangers, de toute évidence, elle minore leur nombre plus que pour les Français. Certains sont retournés dans leur pays d'origine après la guerre (sauf les Espagnols). Ils n'ont donc pas déposé de demandes de carte de CVR. Le nombre de demandes émanant de résistants étrangers est de 138 sur un total de 3 633 demandes drômoises, soit 3,8 %.

Néanmoins, même si ces données minorent leur place dans la Résistance drômoise, les étrangers ont joué un rôle important. Les Espagnols, par exemple, mais des ressortissants d'autres nationalités s'étant engagés dans les Brigades internationales, ont apporté leur expérience récente de la guerre et ont souvent servi d'instructeurs, notamment pour le maniement des armes. Les Allemands, par la connaissance de la langue des envahisseurs, permettaient de mieux comprendre parfois les intentions de ceux-ci. Les exemples suivants montrent l'importance quantitative et qualitative de leur engagement.

Sur les 142 membres de la compagnie Brentrup, on compte trois personnes nées en Afrique du Nord, une née en Pologne, un Espagnol, un Italien, deux nées en Allemagne (dont le chef de la compagnie, qui est lorrain, et un Allemand), deux nées en Belgique, une personne née en Russie et une en Pennsylvanie.

Le 27 février 1944, au cours d'une opération de police dans la région de Die, onze terroristes sont arrêtés dont trois étrangers.

De nombreux internés du Groupement de travailleurs étrangers (GTE) de Crest ont été portés disparus. Combien ont rejoint la Résistance ? Et combien dans la Drôme ? Robert Serre a suivi les itinéraires de plusieurs d'entre eux.

On peut citer aussi les Allemands Hermann Nuding et Ella Winzer réfugiés à Comps, dans la région de Dieulefit, dans une ferme délabrée.

Dans nos sources et dans les ouvrages consultés, il n'y a pas d'allusion à la MOI (Main d'Oeuvre immigrée). Pourtant, les FTPF Sud-Drôme avaient deux compagnies espagnoles, et une indochinoise (qui ne sont jamais citées comme MOI).

Une autre catégorie, ce sont les citoyens britanniques, américains, canadiens qui, parachutés sur le sol drômois, n'y sont restés que le temps d'une mission durant parfois jusqu'à la fin de la guerre comme Francis Cammaerts (pseudonyme "Roger"), professeur de français à Londres, de mère et de père belge, chef du SOE pour R1. Également, des pilotes dont les avions ont été abattus ont rejoint leurs bases dès que possible.


Auteur : Jean Sauvageon
Sources DVD-Rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, édition AERI-AERD, 2007.