Plaque commémorant la constitution du premier comité de libération de la région mantaise
Légende :
Plaque apposée place du Marché au Blé à Mantes-la-Jolie (Yvelines)
Genre : Image
Type : Plaque commémorative
Producteur : Jérôme Leblanc
Source : © Association Mémoire et patrimoine militaire - ARHM Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Lieu : France - Ile-de-France - Yvelines - Mantes-la-Jolie
Contexte historique
Le 17 décembre 1943, les représentatnts des organisations de résistance de Mantes se réunirent au 1er étage du Café de Paris, place du Marché au Blé. Ils constituèrent alors le premier comité de libération clandestin de l'arrondissement de Mantes. Louis Cauzard (Libération-Nord) en fut nommé Président, René Martin (Front national) et Louis Racaud (FTP) vice-présidents ; Anatole Nicolle (PCF) et Michel Touly (OCM) devinrent également membres du comité. Ils décidèrent de coordonner leurs actions dans le Mantois afin de préparer les conditions en vue d'un prochain débarquement allié sur les côtes françaises.
Le 13 août 1944, Louis Racaud et René Martin, les deux responsables FN et FTP de la région mantaise, rencontrent le commandant Schweitzer, chef du secteur FFI Rueil-Poissy, afin de lui faire connaître la situation du secteur face à l'approche des armées alliées. Plusieurs groupes sont constitués à la Belle-Côte (sergent Scheer), à Bonnières (Melsen), à Guernes (Le Scoazec), à Rosny (Fabrizi) et à Limay (Robert Testaud). Mantes reste sous le commandement de René Martin et Louis Racaud. D'autres groupes se constituent spontanément à Septeuil, Bréval, Blaru, Jeufosse, etc. Jusqu'au 26 août, date du départ des Allemands de Poissy, c'est le Comité de libération présidé par René Martin et Louis Racaud qui dirige les opérations et applique les directives transmises par le commandant Schweitzer.
Dès le 23 août 1944, le Comité de libération propose au maire de Mantes, M. Goust, une liste de 26 noms représentant les organisations et partis politiques (trois places étant réservées à des prisonniers). Il organise la distribution de l'essence provenant de plusieurs péniches prises aux Allemands par les FFI, il structure le centre d'accueil créé pour héberger et nourrir les gens qui n'ont plus de toits ou qui ne oeuvent se rendre chez eux du fait des combats. Il répartit équitablement entre les habitants les vivres récupérés dans les stocks de l'occupant.
Il tente de redonner vie à l'activité économique totalement paralysée depuis les bombardements. Le Comité créé également une commission d'épuration.
Devant l'importance des tâches à accomplir, le Comité de Libération devenu Comité de l'Arrondissement de Mantes s'élargit aux représentants de la plupart des mouvements de résistance nationaux et à ceux des partis politiques. Le Comité est donc remanié :
René Martin (FN), président
Lucien Coste (Libération), vice-président
Latombe (OCM), secrétaire
Les autres membres sont :
- Anatole Nicolle (PCF)
- Roger Chevaler (FUJP)
- Roger Perret (MNPGD)
- Roger Tournier (CDLR)
- Jean Bertin (CDLV)
- Simone Bruneau (UFF)
- Mme Signol (Action Familiale)
- Robert Aimé (Comité d'aide aux réfractaires)
- Louis Racaud (FTP et Comités populaires)
- Marcel Barbot (Parti socialiste)
- Louis Theffine (MLN)
- Gaby Roulleau (CGT)
- Pierre Rousseau (Gaullistes)
Barbot, Goust et Racaud représentant aussi le Conseil municipal. Ce dernier est en effet installé dès le 31 août et, après plusieurs remaniements, transformé par le Préfet en Délégation spéciale en attendant les élections municipales.
Né le 14 avril 1899 à Mantes, Louis Cauzard y exerce la profession d'architecte. Il rallie le mouvement Libé-Nord en janvier 1943 et devient l'adjoint d'Edouard Fosse, responsable militaire du secteur de Mantes. Lors du départ de ce dernier en novembre 1943 pour rejoindre la France libre, Louis Cauzard lui succède à ce poste. Promu au grade de lieutenant, il est sous les ordres d'André Kleinpeter, chef départemental de Libé-Nord. Louis Cauzard est également le premier président du comité de libération de Mantes, encore clandestin. Arrêté le 28 juin 1944 à son domicile par la Gestapo, il est incarcéré à la prison Saint-Pierre à Versailles puis transféré à Fresnes le lendemain. Le 3 août, il est dirigé sur Compiègne puis est déporté à Buchenwald le 17 août 1944. De là, il est transféré au kommando de Neu Stassfurt. A 8 km de Stassfurt et à 35 km de Magdeburg, les détenus de ce Kommando, ouvert le 13 septembre 1944, doivent installer dans une ancienne mine de sel une usine souterraine. Ils sont près de 500 détenus en janvier 1945. Presque tous sont Français. De retour à Buchenwald, il y décède le 13 décembre 1944.
René Martin adhéra au Parti communiste en 1937. Officier, il fut mobilisé en août 1939 à Rouen (Seine-Maritime), puis après l’armistice, fut le responsable d’un centre de démobilisation près d’Agen. En avril 1942, René Martin libéré de l'armée d'armistice où il avait été maintenu à la fin de la guerre, rentre à Mantes. En mai, il reçoit la visite de Serge Lefranc qui le charge de la responsabilité du Front national pour la région mantaise et lui demande de mettre sur pied les FTP. René Martin demande alors à Louis Racaud, avec qui il a milité avant guerre, de regrouper tous les militants de l'OS qui ont acquis une expérience certaine dans les combats pour constituer les cadres ou les militants actifs des FTP. Après la mort en déportation de Louis Cauzard, présida-t-il le Comité local de Libération de Mantes-la-Jolie en 1944. Élu conseiller municipal de Mantes-la-Jolie en 1947, René Martin conduisait la liste communiste aux élections municipales de 1953 qui fut battue. Il siégea dans la minorité du conseil jusqu’en 1959. Il conduisait la liste d’union de la gauche qui fut élue en 1977 à Mantes-la-Ville et devint maire. Réélu en 1983, il abandonna la fonction mayorale en 1984 restant conseiller municipal jusqu’en 1989. En 1967, René Martin fut élu conseiller général du canton de Mantes-la-Jolie, battant le conseiller général sortant socialiste Aimé Bergeal qui retrouva son siège en 1970 jusqu’à son décès en 1973. Martin fut alors désigné lors de l’élection complémentaire dans le canton et siégea jusqu’en 1976. Cette année-là, le canton fut divisé entre les cantons de Mantes-la-Jolie et Mantes-la-Ville. Martin fut élu dans ce dernier et devancé en 1982 par le candidat socialiste. René Martin siégea au Sénat à partir du 16 août 1982, après le décès du sénateur socialiste Philippe Machefer. Membre de la commission des affaires culturelles, il ne fut pas réélu en 1986. Pendant sa retraite, René Martin, avec son ami Louis Racaud, fonda et présida le Groupe de recherches et d’éditions mantaises pour encourager les travaux sur l’histoire de Mantes et de la Résistance dans la région.. Il est décédé le 20 décembre 2010.
Louis Racaud fut vice-président du Comité de libération clandestin. Syndicaliste cheminot, il occupa d'importantes responsabilités syndicales. Il fut également élu conseiller municipal communiste de 1977 à 1989.
Michel Tourly était loueur de bâteaux à Robinson, sur l'île de Limay. Ses occupations professionnelles faisaient de lui un transporteur idéal d'armes et munitions, qu'il entreposait dans l'île, vers le pont d'ARgenteuil. Les FTP utilisèrent souvent ses services pour des déplacements nocturnes pendant le couvre-feu.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources :
René Martin et Louis Racaud, Le Mantois sous la botte, Rosny-sur-Seine, sn, 1988
Service historique de la Défense, 16P112911 (dossier individuel de Louis Cauzard)
Jacques Girault, "René Martin", Maitron-en-ligne