Monument du Steingraben, Urbès (Haut-Rhin)
Légende :
Monument du Steingraben au Col de Bussang (entre Urbès et le col de Bussang sur la RN66 à gauche en venant de Urbès).
Genre : Image
Type : Monument
Producteur : Jeannette Debert
Source : © Geneanet Droits réservés
Lieu : France - Grand Est (Alsace) - Haut-Rhin - Urbès
Analyse média
Liste des noms inscrits sur le monument :
24 Septembre 1944
Nicolas LUTENBACHER (73 ans)
Paul LUTENBACHER (31 ans)
Georges SAC (46 ans)
Maurice PARMENTIER (57 ans)
Maurice BLAISE (41 ans)
4 Octobre 1944
Ernest BOURQUART (44 ans)
Robert STIVERT (47 ans)
Gaston REMY (36 ans)
Maurice MANSUY (35 ans)
Joseph LICHTLIN (37 ans)
Pierre CURIEN (19 ans)
Gustave ARZIN (38 ans)
Contexte historique
A l'automne 1944, la plus grande partie du territoire français est libérée. Mais, après leur brillante chevauchée de l’été, les armées alliées essoufflées, n’avancent plus que très lentement dans la brume et la pluie. Dans le massif des Vosges, les maquis accentuent leur pression et harcèlent l’ennemi avec les risques qui en découlent. Les Allemands s’accrochent farouchement aux contreforts des Vosges et la Gestapo, la Feldgendarmerie et autres SS continuent à faire leur sale besogne en semant la terreur dans les secteurs restant encre sous leur contrôle.
Au Drumont, montagne surplombant le col de Bussang, Nicolas Luttenbacher âgé de 73 ans, ses fils, le capitaine Emile du côté Vosgien, Antine et Eugène du côté Alsacien et d’autres patriotes dont la famille SAC, continuent à exercer leurs dangereuses activités de passeurs et d’agents de renseignement. Cependant les SS, toujours à l’affût, aidés en cela par des traîtres, frapperont sournoisement au Drumont. C’est par des faux résistant, des miliciens sans doute, auxquels il avait accordé l’hospitalité tel qu’il l’avait fait pendant des années à de nombreux évadés et réfractaires, que Nicolas est arrêté le 21 septembre, avec les siens et la famille SAC, réunis dans la ferme cernée de toute part par la Gestapo. Simultanément, deux SS tentèrent d’arrêter Eugène Luttenbacher à son domicile à Fellering, mais sur le qui-vive, ce dernier réussit à leur fausser compagnie alors que son épouse fut arrêtée. Le 22 septembre, au retour d’une mission, le capitaine Emile Luttenbacher, tomba à son tour dans le filet tendus par les nazis.
Conduis à Bussang, aucun des prisonniers ne parlera sous la torture. Néanmoins, le « Schnell-gericht » les condamnera tous à la peine de mort, y compris le jeune Jean-Paul SAC, âgé d’à peine 17 ans. Les femmes, elles sont déportées au camp de Schirmeck. Le dimanche 24 septembre, à la nuit tombante, le camion SS quitte Bussang en direction du col pour s’arrêter en ces lieux. Avant que les bourreaux ne puissent exécuter leur funeste besogne, Jean-Paul SAC réussit à s’enfuir sous les rafales des mitraillettes. (Rappelons que le courageux Jean-Paul devait tomber le 28 novembre 1944, dans les environs du « Plain du Repos », alors qu’il servait de guide volontaire à la tête d’une patrouille du Corps-Franc « Pommiès » en route pour la conquête du Drumont). Les cinq autres résistants furent abattus à bout portant et leurs corps abandonnés dans le lit du cours d’eau.
Dans le secteur Le Thillot-Bussang, les arrestations et interrogatoires musclés continuaient de plus belle. Le mercredi 4 octobre, le camion SS quittait une nouvelle fois Bussang pour le Steingraben avec à son bord huit maquisards. A nouveau, les mitraillettes crépitèrent et huit corps tombèrent dans le ravin rejoignant les cinq autres qui n’avaient pas été enlevés depuis le 24 septembre. Après le départ des bourreaux, deux survivants se relevèrent d’entre les cadavres qui gisaient dans les eaux tumultueuses du petit torrent, rougies par le sang des martyrs. Il s’agissait de Joseph Lichtlin, gravement blessé, et de Robert Curien, indemne, les deux ayant été laissés pour morts. Pour ces deux rescapés le calvaire continuait. Au prix de pénibles efforts, ils essayèrent de regagner la crête et le versant Vosgien. Mais Joseph Lichtlin perdant abondamment son sang, tomba d’épuisement et ne put continuer. Alors Robert Curien tenta d’aller chercher du secours pour son camarade d’infortune, mais ce dernier fût sans doute découvert et abattu. Son corps n’a été retrouvé qu’au printemps 1945. Quant au sort du capitaine Emile Luttenbacher, il ne fut connu que beaucoup plus tard. Son corps atrocement mutilé fut retrouvé le 26 avril 1945 près de l’étang-Jean sur le versant Vosgien de la route du Drumont, où il avait son poste de commandement.
La stèle sur laquelle figurent les noms des victimes de cette tragédie a été inaugurée le 10 octobre 1945 et financée par voie de souscription. En 1972, le Souvenir Français, pour sa part, a fait ériger un mât au sommet duquel le drapeau français flotte à jamais en ces lieux, ô combien symboliques de la Résistance. Depuis cette date, le dernier samedi du mois de septembre de chaque année, une cérémonie est organisée à la mémoire des fusillés par le comité du Souvenir Français de Saint-Amarin en alternance avec le comité de Le Thillot.
Extrait du site Transvoges