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Plaque 1939-1945 du monument aux morts de Tourouvre (Orne)

Légende :

Plaque apposée sur le monument aux morts de Tourouvre et comprenant notamment la liste des fusillés du 13 août 1944

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Producteur : Claudine Ducluzeau

Source : © Geneanet Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 2015

Lieu : France - Normandie (Basse-Normandie) - Orne - Tourouvre

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Contexte historique

Lors de leur départ, des soldats allemands se livrent, le 13 août 1944, à des exactions contre la population. Deux cents SS sont alors stationnés dans le bourg au moment du Débarquement. Installés quelque temps à Soligny-la-Trappe, certains, après des contacts au front, sont revenus à Tourouvre à la fin du mois de juillet. A partir du 4 août, ils commencent à entasser leur butin et s'apprêtent à partir lorsqu'arrivent les Américains. Le samedi 12 août, un camion fuyant est pris pour cible par l'aviation alliée à l'extrémité du bourg. L'un des soldats est tué sur le coup, la population le prend en charge et dépose le corps dans l'ancienne Kommandantur.

Dans l'après-midi du dimanche 13 août, vers 17h30, des éclaireurs alliés pénètrent dans le village et échangent quelques tirs avec les SS. La population manifeste sa joie et, voyant les SS se replier en forêt, en profite pour leur subtiliser des aliments de première nécessité entreposées dans une remorque. D'abord furieux, les soldats ripostent en tirant en l'air puis autorisent la population à se répartir la nourriture. Les SS repartent ensuite se mettre à l'abri dans la forêt toute proche. Vers 19h, accompagnés d'un blindé et de véhicules légers, les soldats nazis reviennent, tirent des rafales de mitrailleuses, poursuivent les civils sans qu'aucun ne soit atteint, défoncent les devantures à l'aide de grenades incendiaires, cherchent à faire sortir de leurs maisons, à coups de grenades, les habitants qu'ils tuent à coups de revolver dans la tête une fois qu'ils sont sortis. Le bourg n'est qu'un brasier, la population ne comprend pas ce qui lui arrive. Les autres habitants sont ensuite massés le long du mur de l'école et assistent impuissants à l'incendie de leur village. Les Allemands sont dans un état d'énervement extrême et vocifèrent à plusieurs reprises " Vous avez tué ! Français kapout ! ". Un sous-officier passe devant la colonne de prisonniers, y choisit deux hommes au hasard puis part les exécuter trente mètres plus loin sous les yeux hagards du reste de la population. Quelques brefs instants plus tard, un autre homme est encore abattu par des soldats. Onze personnes ont ainsi été tuées sur place dont deux aides-soignants de la Croix Rouge âgés de dix-neuf et quatorze ans, un vieillard de soixante-douze ans et deux femmes.

Les SS regroupent ensuite la population. Soixante-dix personnes sont prises en otages et conduites dans une forêt proche, au château de la Foucaudière. Pour la première fois depuis le début du drame, par l'intermédiaire de M. Guerrier parlant allemand, la population est mise au courant de la situation. Fou de rage, un soldat hurle ainsi qu'un des leurs a été tué par la population et retrouvé dans les locaux de la Kommandantur. Si l'un des leurs était à nouveau ne serait-ce que blessé, tous les otages seraient cette fois exécutés. A ce moment, personne ne peut leur faire entendre qu'il s'agit du cadavre d'un soldat tué la veille par un mitraillage allié. Le lendemain matin, vers 9 heures, les survivants sont relâchés mais menacés de mort s'ils n'ont pas quitté le bourg dans les deux heures. Vers 11 heures, le char et la troupe reviennent pour vérifier si l'ordre a été appliqué et en profitent pour réanimer les foyers d'incendie. Vers 17 heures, les troupes américaines réapparaissent et prennent définitivement position ; le village est presque désert.

Au total, dix-huit personnes ont été massacrées par les SS et cinquante-quatre habitations ont été détruites.


Gérard Bourdin et Thomas Pouty, "Le drame de Tourouvre (13 août 1944)" in CD-ROM La Résistance dans l'Orne, AERI, 2004

Sources :
Thomas Pouty, La répression franco-allemande dans le département de l'Orne, 1940-1944, mémoire de maîtrise sous la direction de Jean Quellien, Université de Caen, 2001, 354 p.
Elsa Derivery, Tourouvre pendant la Seconde Guerre Mondiale, Université de Caen, mémoire de module HI 211, 1997, 25 p.
Témoignages écrits de Mrs Blocher, Edmond Fagnen, Paul Fagnen, Robert Guerrier et Etienne Denuel ayant tous assistés aux évènements.