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Analyse média

Depuis le 25 juin 1944, Arles est soumise aux bombardements alliés. Mais ces derniers n'arrivent pas à détruire les deux ponts sur le Rhône (pont ferroviaire et pont routier). Afin d'éviter de nouvelles destructions aveugles et de nouvelles victimes parmi les populations, la Résistance décide de rendre le pont routier de Trinquetaille inutilisable pour les Allemands. Des consignes très strictes sont en effet parvenues aux résistants. "Des coupures retardatrices sans destruction de gros ouvrages d'art seront réalisées sur toutes les routes importantes (...). Les routes secondaires prévues par l'ennemi pour son repli (...) seront aussi obstruées (1).

Contexte historique

En ce qui concerne l'opération de sabotage du pont de Trinquetaille, il semblerait que le sabotage ait été effectué par "un groupe de Francs-Tireurs, composé de Daniel Méliani, Victorin Mourgues, Joffre Arzalier, Angel Bracciali, Narcisse Pampaloni, Pierre Réali et Jean Saler (2), mais sous la responsabilité de Julien Chavoutier, nommé chef militaire FFI le 6 février 1944.
Cependant, il existe des points de divergence sur l'action elle-même...

Selon les communistes, "c'est une femme, Cécilia Tinarage (...), qui prépare le plastic (...). Et ce sont deux femmes, Georgette Méliani et Thérèse Saler qui ont transporté les armes et les explosifs, jusqu'à la villa de l'Etoile, boulevard Victor-Hugo."(3) Ainsi, le 10 juillet 1944, "vers 21 heures 45, Jean Saler, parti de l'avenue Victor-Hugo, villa de l'Etoile, avec son matériel : explosifs, grenades, détonateur et n'ayant pour toute arme qu'un revolver à barillet et quatre cartouches, rejoint ses camarades à la rampe du pont, déjouant la surveillance des gendarmes français et des huit sentinelles allemandes qui gardaient celu-ci" (4).
Et ce seraient Narcisse Pampaloni et Victorin Mourgues qui auraient ouvert la porte du local, côté rue La Bruyère, qui donne accès aux câbles de soutènement du pont (5), "dont la clef leur avait été préalablement remise par M. Aliès, ingénieur des Ponts et Chaussées" (6). Puis, Angel Bracciali faisant le guet, ce serait Daniel Méliani et Jean Saler qui auraient pénétré dans le local pour mettre en place les explosifs (4). Et, à 23 heures 30, la détonation retentif, "réveillant en sursaut les Arlésiens et les occupants, qui, croyant à un bombardement, sortent affolés dans les rues" (4).

Le pont est ainsi décalé de 25 centimètres de ses galets, les câbles coupés, la diminution de la valeur de l'ouvrage sera évaluée de 40 à 50 %. Et les chars ne pouvant plus emprunter cette voie, les Allemands se replieront dans la région d'Avignon. "Une explosion dans la chambre des câbles du pont routier sur le Rhône (...) a endommagé les grands câbles de support et diminué la résistance du pont (...). J'ai dû renforcer la surveillance des abords du pont gardé cependant par les soldats".(8)

Cependant, cette version du sabotage du pont de Trinquetaille n'est pas acdceptée par tous. Ainsi, Francis Agostini, président de l'Union fédérale des anciens combattants (UFAC), récuse cette version. Pour ce dernier, les communistes n'ont pas pu faire sauter le pont de Trinquetaille, car ils ne possédaient pas d'explosifs. Les explosifs qui seraient à l'origine du sabotage du pont auraient été fournis par le chef militaire FFI, Julien Chavoutier (9) après que ce dernier ait donné l'ordre à une de ses équipes de faire sauter le pont de Trinquetaille.
Cette version est contestée par les anciens résistants communistes, comme par l'un des acteurs du sabotage, Narcisse Pampaloni. Pour lui, mais aussi pour d'autres, tel l'ancien responsable du Front national Henri Morand, la décision de faire sauter le pont (et le sabotage en lui-même) est à mettre à l'actif des communistes (10). Quant au plastic, "c'est mon mari, Daniel Méliani, qui l'a ramené du maquis lorsque ce dernier est revenu à Arles. Et c'est Thérèse Saler et moi-même qui avons transporté les matériaux précieux, ainsi que des armes et des explosifs, dans une voiture d'enfants" (11).
Ainsi, le mystère sur le sabotage du pont de Trinquetaille demeure, avec ses parts de mythe et de réalité...