Plaque à la mémoire d'Alain Kartouzou, Montigny-les-Cormeilles (Val d'Oise)
Genre : Image
Type : Plaque commémorative
Producteur : Jérôme Leblanc
Source : © Association Mémoire et patrimoine militaire - ARHM Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : 2016
Lieu : France - Ile-de-France - Val-d'Oise - Montigny-lès-Cormeilles
Contexte historique
Alain Kartouzou est né le 11 mai 1939. Il est le fils du médecin Gaston Kartouzou, natif de Bône. Installé en métropole, celui-ci ouvre son cabinet médical en octobre 1938 à Montigny-lès-Cormeilles dans l’ancien département de Seine-et-Oise. C’est pourtant à Constantine que son fils Alain voit le jour. Ayant regagné la métropole, le père et son jeune fils sont arrêtés durant l’Occupation par les Allemands.
Robert Hue, qui fut maire de la localité, a recueilli le témoignage du médecin qu’il a retranscrit dans un ouvrage paru en 1986 : « Je me trouvais dans le cabinet avec des Allemands, qui m’ont dit : on vient vous arrêter ! […] J’ai posé une question naïve à l’Allemand : Pourquoi m’arrêtez-vous ? Vous êtes juif, ça ne suffit pas, a-t-il répondu. Les Allemands ont dépêché dans ma salle d’attente un civil – je ne sais pas s’il était Allemand ou Français – et cet homme s’est adressé aux nombreuses personnes présentes dans la salle d’attente en leur disant : ce juif n’est plus médecin ! Les gens sont partis. Pendant que je discutais avec les Allemands, mon fils m’a dit : “mon père, mon père…”, et ils nous ont embarqués tous les deux. […] J’ai pu toutefois, quand je suis monté dans le car, demander à une personne qui était dehors, d’aller prévenir une autre famille juive de ces arrestations. […] Dans le car presque plein, il y avait d’autres personnes qui venaient d’être arrêtées à Herblay. » (Robert Hue, Histoire de Montigny lès-Cormeilles. Du village à la ville (1800-1980), Montigny-lès-Cormeilles, sn, 1986)
Alain et son père Gaston sont internés au camp de Drancy le 18 mars 1944 où le père, affecté du matricule 17 247, dépose une somme de 2 800 francs. Le 27 mars, tous deux sont déportés par le convoi n° 70 à destination d’Auschwitz.
Le docteur Kartouzou se souvient :
"Mon fils est resté avec moi jusqu’à Auschwitz. Un tonneau dans un coin du wagon pour les déjections. C’était affreux. J’ai passé 8 jours et 8 nuits avec mon petit garçon. Arrivés à Birkenau, les SS nous ont frappés et j’ai été séparé de mon fils, lequel a été directement envoyé à la chambre à gaz.»
Gaston Kartouzou est affecté en avril 1944 au revier de Monowitz pour être par la suite transféré dans le camp Nordhausen, près de Dora, camp d’où il est libéré par les Américains le 11 avril 1945, puis rapatrié par avion au Bourget le 26 avril. À son retour à Montigny-lès-Cormeilles, après un mois de convalescence, Gaston Kartouzou reprend son activité médicale. Afin de rendre hommage au jeune enfant, la municipalité de Montigny-lès-Cormeilles a attribué à l’une des places de la ville, le nom d’“Alain Kartouzou”. En outre, une plaque commémorative rappelle précisément, son jeune âge ainsi que la date de sa déportation à Auschwitz.
Extrait de :
"La déportation des Juifs natifs d'Algérie (1942-1944). Ceux du Constantinois", Le Journal des Tourelles, décembre 2016 (voir en ligne)