Brochure L'arme au poing, Jeunesse héroïque
Légende :
Cette brochure de 32 pages de la collection Jeunesse Héroïque retrace l'action des jeunes combattants de la liberté - cette collection glorifie la mémoire de la Résistance en s'appuyant sur les témoignages d'anciens résistants - certains de ces opuscules sont même directement écrits par l'un de ces combattants, comme c'est le cas pour L'Arme au poing, dû à l'ancien FTPF Pierre Ollier de Marichard, et paru en septembre 1945
Genre : Image
Type : Brochure
Source : © AD Ardèche- BIB 16 BR 1246. Droits réservés
Détails techniques :
Document imprimé en couleur sur papier cartonné (voir recto-verso).
Date document : Septembre 1945
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche
Analyse média
Ce petit fascicule comporte quatre pages d'illustrations signées Pom, souvenirs de sa formation artistique. D’autre part, comme l'indique la 4e de couverture, il semblerait que L’arme au poing soit le 10e numéro de la collection Jeunesse Héroïque.
Dans l'avant-propos qu'il a rédigé, Pierre Ollier de Marichard signe "P.O.M. Matricule FTPF 75 820", et conclut "à Paris, septembre 1945".
Huit chapitres composent cet ouvrage passant de l'angoisse avec "Sinistre visite" (en juin 1944 arrivée d'un fritz en moto précédant une escouade SS à Vallon) à l'espérance avec l'intitulé du dernier chapitre : "Vers de nouvelles victoires", après le chapitre 5 : "Enfin une vraie bataille".
Le style, très éloigné de la rigueur historique, met en lumière cette jeunesse engagée au service d'un idéal : la liberté.
Cet ouvrage n'a pas l'ambition d'être une référence historique, d'où l'absence de toute chronologie précise et des libertés avec les événements. Dans l'avant-propos, P.O.M. écrit « Aujourd'hui, je dirai simplement un de ceux [combats] où j'étais parmi vous : Banne, notre première grande victoire sur l'ennemi en Ardèche ».
Pierre Ollier de Marichard se met en scène sous le pseudonyme de Marco. Il en fait de même pour certains membres de sa compagnie : Jacques (Louis Ferri)... ainsi que pour le responsable du secteur D de l'AS, le commandant Bernard.
Venant des départements limitrophes ou de la vallée du Rhône, les troupes allemandes utilisent des routes traversant l'Ardèche pour leurs missions de surveillance, de répression et de liaisons avec leurs garnisons de Mende, Langogne, Le Puy. Ainsi, l'itinéraire Nîmes, Alès, Villefort, Mende les amènent à emprunter les routes de l'Ardèche méridionale, et donc, la région des Vans, de Banne, etc. Dans ce village, deux accrochages entre des soldats nazis et des résistants ont déjà eu lieu les 13 (rencontre surprise entre un convoi allemand et un véhicule FFI) et 22 juillet 1944. Les combattants français, peu nombreux, harcèlent l'ennemi avant de disparaître rapidement. Il s'agit d'une guerre de guérilla.
En revanche, le 29 juillet le combat oppose pendant plusieurs heures environs deux cents résistants des 51e, 52e compagnies AS ainsi que la 6-11 commandée par Pierre Ollier de Marichard (et non pas la 7120e compagnie FTP) à quelque 400 soldats allemands transportés par camions et protégés par un ou deux blindés. Dans la cuvette de La Lauze au pied de Banne, le convoi allemand est bloqué par les résistants du secteur D, dirigé par le commandant Bernard (Michel Bancilhon), qui ont pris position sur les hauteurs du village. La colonne ennemie est contrainte au repli. La Résistance a pour ordre de défendre les zones qu'elle contrôle fin juillet, donc d'empêcher toute incursion de colonnes ennemies.
Cette victoire, la première en Ardèche, a une valeur symbolique forte car deux « armées » se sont affrontées et l'habileté tactique des résistants a fait renoncer l'ennemi.
La bataille de Banne appartient à la légende dorée qui s'est développée après-guerre. Cette légende, qui s'appuie sur un fait incontestable mais grossi et prenant ses aises avec la réalité historique, ne doit pas faire oublier la part de courage, d'audace et de sacrifice des résistants qui ont considérablement perturbé les déplacements de l'armée allemande.
Auteur : Alain Martinot
Sources :
CD-ROM La Résistance en Ardèche, AERI, 2004.
Pierre Bonnaud, L'Ardèche dans la guerre 1939-1945, Clermont-Ferrand, De Borée, 2017.
Bruno Chaix, L'occupation allemande en Ardèche (1942-1944) et la retraite de la Wehrmacht du Midi de la France en août 1944, MATP, 2017.
Echanges avec Jean-Louis Issartel.
Contexte historique
Pierre Ollier de Marichard, alias Pom, Marco ou Pontabry, naît à Vallon-Pont-d'Arc en 1913 dans une famille protestante. Son père meurt en 1916 à Verdun, sa mère se remarie avec un pasteur de la Drôme. Après avoir suivi les cours des lycées de Valence et de Montélimar, Pierre est élève à l'école des Beaux Arts de Lyon puis à celle des Arts Décoratifs à Paris. Il est membre de différents mouvements de jeunesse : éclaireurs unionistes, fédération des étudiants chrétiens, comité directeur du centre laïque des auberges de jeunesse, étudiants socialistes. Sous le Front Populaire et le gouvernement Blum, il est chargé de mission auprès du secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports Léo Lagrange.
Mobilisé en 1939, il devient après l'armistice instructeur d'une école de cadres à Tonneins puis à Uriage. Il dirige l'hebdomadaire Marche de la jeunesse, préside l'association les Camarades de la route. Il est en contact avec des résistants du mouvement Libération-Sud et effectue des missions sur Lyon, le Vercors, les Pyrénées. En 1943, Pierre Ollier de Marichard épouse Huguette Nicolas (Noisette dans la Résistance), enseignante, catholique, originaire de Lorraine. Cette même année, il adhère au Parti communiste clandestin et rejoint l'Ardèche à la dissolution de l'école des cadres d'Uriage. Il intègre le secteur D (Aubenas) de l'AS et prend la tête de la compagnie 6-11 dans son village natal.
Après le 6 juin 1944, il encadre les jeunes du pays qui affluent dans les formations de la résistance et accueille aussi dans sa compagnie un groupe de maquisards FTP, originaires du Gard, commandé par Louis Ferri, dit Jacques. Avec eux, il participe à la bataille de Banne fin juillet.
Dans la crise qui affecte le secteur D de l'AS entre le 3 et le 10 août 1944, Pom joue un rôle majeur : 9 compagnies de l'AS passent aux FTP. Les effectifs placés sous sa responsabilité (il est désormais le capitaine Pontabry) forment les 7119e et 7120e compagnies FTP, cette dernière est composée en majorité de jeunes de Vallon. Il participe à la libération du Puy, combat les troupes allemandes en retraite.
Fin 1945, il gagne Paris, s'installe comme imprimeur-éditeur. Il collabore avec l'Humanité et la Voix du peuple de l'Ardèche qui publie sous forme de feuilleton ses récits d'aventures inspirés de la Résistance. Il participe à la gestion de l'association Tourisme et Travail, édite le catalogue du groupe Adidas dont il devient agent de publicité.
À la retraite, il revient en Ardèche, à Lagorce. Il suit les traces de son arrière- grand-père Jules, précurseur de l'archéologie dans le département.
Il meurt en 1992 à Paris mais est inhumé à Lagorce.
Auteur : Alain Martinot
Sources :
CD-ROM La Résistance en Ardèche, AERI, 2004.
Pierre Bonnaud, L'Ardèche dans la guerre 1939-1945, Clermont-Ferrand, De Borée, 2017.
Bruno Chaix, L'occupation allemande en Ardèche (1942-1944) et la retraite de la Wehrmacht du Midi de la France en août 1944, MATP, 2017.
Échanges avec Jean-Louis Issartel.