Carte d'adhérent des Anciens de la Résistance Active (ARA) de Jean Joliwald, avril 1945
Légende :
Carte d'adhérent des Anciens de la Résistance Active (ARA) de Jean Joliwald, 24 avril 1945
Genre : Image
Type : Carte d'adhérent
Source : © Collection famille JOLIWALD Droits réservés
Détails techniques :
Photographie en noir et blanc.
Date document : 24 avril 1945
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche - Rochemaure
Analyse média
Carte des ARA de l’Ardèche délivrée le 24 avril 1945 à Jean Joliwald. La carte décline l’identité de son titulaire avec une photographie et sa signature. Les Anciens de la Résistance active de l’Ardèche (ARA,) apparus dès l’automne 1944, se donnent pour but essentiel de veiller au maintien des valeurs de la Résistance et en l’occurrence, à l’application intégrale du programme du CNR. En même temps, ils participent à l’élaboration d’une mémoire résistante « à chaud », alors que la guerre se poursuit ou vient tout juste de s’achever. Pour adhérer aux ARA, il fallait un double parrainage de résistants avérés. Les ARA n’admettent que les résistants engagés avant le 1er juin 1944. Jean Joliwald avait, en tant que gendarme, mené des actions à Grenoble pour les réfractaires du STO et transmis des renseignements de décembre 1943 à mars 1944, avant de rejoindre Tournon et la compagnie AS du capitaine de gendarmerie Longeret.
La validation de la demande était suivie de la délivrance de la carte d’adhérent.
Jean-Louis Issartel
Contexte historique
Les ARA (Anciens de La Résistance Active)
En Ardèche, les Anciens de la Résistance active (ARA) ont leurs statuts déposés le 26 octobre 1944 à la préfecture de Privas. Fondée à l’origine par Alfred Arnaud, alors capitaine FFI, et par Renée Aldebert, libraire à Privas, elle veut rassembler la minorité de résistants de toutes origines engagés au péril de leur vie avant le 1er janvier 1944. L’adhésion est soumise au parrainage de deux résistants reconnus et au vote, après enquête, des adhérents d’une section.
Les ARA ne cherchent pas à être une organisation de masse, mais à être « une minorité gardienne de l’esprit de la Résistance » et se défendent d’être une simple amicale, en s’impliquant dans les luttes pour l’application du programme du CNR. Ses objectifs visent non seulement à conserver la mémoire des combattants de l’ombre tombés au combat ou victimes de la répression, mais aussi à veiller à l’application stricte du programme du CNR. Très critique à l’égard de De Gaulle « qui s’éloigne de l’idéal » de la Résistance, traversée par un courant libertaire assez prégnant en Ardèche, elle rejette tout retour aux combinaisons politiciennes de la IIIe République et défend l’idée d’une République démocratique où la base a le dernier mot.
Les ARA participent aux premières commémorations, inaugurant lors de leur congrés du 18 mars 1945 à Privas une plaque en mémoire d’Auguste Aldebert, tombé sous les balles allemandes le 13 avril 1944. En juin 1945, répondant à une demande de l’UFF, ils invitent leurs sections à recenser les femmes ayant accompli des actes d’héroïsme pendant la clandestinité. Celle de Privas en comptabilise 22 avec leurs actes de bravoure.
Les ARA de l’Ardèche jouent un rôle fédérateur pour unir plusieurs mouvements d’anciens résistants attachés au programme du CNR, à savoir les Anciens Militants de la Résistance (AMR), bien implantés dans l’Isère, la Drôme et le sud de la France, et la Confédération des Maquis de France à Lyon. Ceci pour déboucher, en avril 1947, à un congrés de fusion à Vienne regroupant les mouvements de 53 départements...
Regroupant beaucoup plus d’anciens membres de l’AS que des FTP, le positionnement très sélectif et avant-gardiste de l’organisation suscite un article critique de Raoul Galataud, dirigeant de la fédération du PCF, paru dans La Voix du Peuple le 16 décembre 1944. Soucieux d’épargner tout isolement au mouvement résistant par rapport à l’ensemble de la population patriote, ce dernier conclut : « Je suis un des premiers maquisards de l’Ardèche et je ne juge pas utile d’adhérer aux ARA ».
Toutefois l’ARA qui soutient le mouvement unitaire porté par le CDL et milite activement pour la tenue des Etats Généraux de la Renaissance française, a des relations plus apaisées avec le PCF au congrès de mars 1945, et de son côté l’Ardèche socialiste se fait l’écho de ses activités.
Les désillusions de l’après-guerre, les prémices de la Guerre froide sont fatales aux ARA dont l’organisation disparaît assez rapidement. Le désir de l’union résiste difficilement aux divisions de l’après-guerre et aux débuts de la Guerre froide.
Jean-Louis Issartel