Portrait du commandant François Binoche par Jan Cristofle
Légende :
Portrait du commandant François Binoche, chef d'état-major des FFI de l'Ardèche, réalisé par Jan Cristofle, sans doute Jean Saussac, et paru dans le journal Valmy n° 1 du 14 octobre 1944
Genre : Image
Type : Portrait
Source : © AD Ardèche - 70 J 45 Droits réservés
Détails techniques :
Dessin au fusain.
Date document : 14 octobre 1944
Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche
Analyse média
Après avoir dressé les portraits des commandants Neyret (n° 1), Binoche (n° 4) et Faure (n° 6), à partir du numéro 4 de Valmy, Jan Cristofle est désormais le dessinateur attitré de ce journal de la Résistance unie.
Ce qui frappe dans ses dessins de presse est :
- la représentation très fréquente des mêmes personnages, véritable fil rouge,
- un thème récurrent : le maquis allemand,
- le fait de jouer sur l’opposition noir et blanc,
- la présence assez régulière d’un titre et d’une légende accompagnant ses réalisations,
- la vision prémonitoire de ce qui allait se passer quelques mois plus tard : procès, suicide,
- une Allemagne exsangue de ses hommes en âge de combattre, d’où l’enrôlement des jeunes,
- la présence constante dans ses illustrations de l’époque d’une fleur, clin d’œil à un futur plus joyeux, à un printemps plus radieux.
Alain Martinot
Contexte historique
Alias : Auger
François Binoche est né le 23 mars 1911 à Paris (6e) dans une famille d'industriels.
Il entre à Saint-Cyr en 1930, dans la promotion "Maréchal Joffre".
Sous-lieutenant en 1932, il est en poste à Thionville, sur la Ligne Maginot puis, promu lieutenant en 1934, il est muté à sa demande à la Légion étrangère. Il sert en Algérie, aux confins algéro-marocains, en 1935 et 1936.
Au Maroc de 1936 à septembre 1939 avec le 2e Régiment étranger comme commandant de compagnie, François Binoche est ensuite rapatrié en métropole et prend part à la campagne de France avec le 11e Etranger. Fait prisonnier le 23 juin 1940, il s'évade le 1er août et, refusant l'armistice, décide de continuer le combat.
Il se fabrique un faux ordre de mission et rejoint le Maroc où, en septembre, il prend contact avec la mission Guérin-Ter Sarkissoff envoyée par le général de Gaulle. Trahie par un agent double, la mission échoue ; Avec Guérin et Ter-Sarkissoff, François Binoche est arrêté en novembre 1940 à Meknès mais acquitté par faute de preuves en avril 1941 par la Cour suprême de Gannat, après avoir séjourné dans les prison de Meknès, Clermont-Ferrand et Gannat où il rencontre, entre autres, Claude Hettier de Boislambert, emprisonné depuis l'affaire de Dakar et Pierre Mendès-France.
Affecté au 5e RI de l'armée d'armistice à Saint-Etienne, il entre parallèlement, par l'intermédiaire du capitaine Jean Biche, au réseau de renseignement Mithridate du colonel Herbinger en 1942. Après le démantèlement de Mithridate en novembre 1942, François Binoche, sous le pseudonyme d'Auger, intègre le réseau de renseignements Gallia, que dirige Henri Gorce-Franklin, en janvier 1943.
En 1944, nommé chef de secteur puis chef d'Etat-major FFI de l'Ardèche, il y organise les forces armées de la Résistance. Il commande le secteur du maquis de Lamastre au moment du débarquement de Normandie et contribue à chasser l'ennemi du département, perdant un bras lors des combats du Cheylard le 5 juillet 1944. Il reprend la lutte huit jours plus tard dans la vallée du Rhône, entre Viviers et Saint-Vallier et s'ingénie à remettre en ordre le département de l'Ardèche fraîchement libéré.
Désireux de combattre, il participe à la bataille d'Alsace au sein du Combat Command n° 6 de la 5e DB jusqu'en janvier 1945. Désigné pour l'Ecole d'Etat-major à Paris, c'est là qu'il fête la victoire de mai 1945. Chef de Bataillon à la fin de la guerre, François Binoche est appelé en octobre 1945 au cabinet militaire du ministre des Armées, Edmond Michelet et est placé à la tête du service des homologations des grades de la Résistance et des décorations pour faits de résistance.
De 1946 à 1949, lieutenant-colonel, il commande le Groupement porté de la Légion étrangère à Agadir.
De 1949 à 1951, il sert au Tonkin, en qualité de commandant du 5e Régiment de la Légion étrangère.
De 1952 à 1954, il commande, le Service préliminaire au Maroc, avant de servir pendant un an, avec le grade de colonel, comme conseiller militaire du Président du conseil, Pierre Mendès-France. Commandant du Secteur de Baden-Baden de 1956 à 1958, François Binoche devient ensuite directeur-adjoint au cabinet du ministre des Anciens Combattants, Edmond Michelet.
Il suit les cours de l'Institut des Hautes études de Défense nationale en 1959 avant d'être nommé adjoint de la Zone Nord Alger où il s'oppose activement au putsch du 21 mai 1961.
Membre de la Cour militaire de justice en 1962, promu général de brigade, il commande le groupe de Subdivision d'Orléans (1962-1964), puis est nommé gouverneur militaire du secteur français de Berlin (1964-1967) avec le grade de général de division. Il commande ensuite la Division territoriale de Toulouse (1968-1969) avant de demander sa mise à la retraite anticipée après la démission du général de Gaulle en 1969.
Le général François Binoche est décédé le 18 mai 1997 à Nice. Il a été inhumé à Desaignes en Ardèche.
Décorations :
• Grand officier de la Légion d'Honneur • Compagnon de la Libération - décret du 7 mars 1945 • Croix de Guerre 1939-45 (3 citations) • Croix de guerre des TOE • Médaille de la Résistance • Médaille des Evadés • Croix du Combattant Volontaire de la Résistance • Médaille des Déportés et Internés Résistants • Officier de l'Ordre de Léopold (Belgique) • Commandeur de l'Etoile Noire (Bénin) • Commandeur du Nicham Iftikar (Tunisie) • Commandeur du Ouissam Alaouite (Maroc).
Biographie publiée sur le site Internet du Musée de l'Ordre de la Libération, consultée le 7 mars 2018.