Brassards FFI du colonel Grandval, Compagnon de la Libération
Légende :
Brassards portés par le colonel Gilbert Granval, chef régional des FFI et délégué militaire régional (région C).
Genre : Image
Type : Brassard
Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés
Détails techniques :
Recto : Brassard en coton. 9,5 x 36 cm
Verso : Brassard en coton. 10 x 40 cm. Porte le n° 00001 et le tampon "Etat-major région C".
Date document : Août - septembre 1944
Lieu : France - Grand Est (Lorraine)
Contexte historique
De souche alsacienne, Gilbert Hirsch-Ollendorff est né le 12 février 1904 à Paris. Il est, par sa mère, le petit-fils de l'éditeur parisien Paul Ollendorff. Après des études au lycée Condorcet à Paris, il devient à 23 ans directeur commercial d'une importante entreprise de produits chimiques, filiale des Phosphates de Constantine. Pilote de tourisme, totalisant de nombreuses heures de vol, il est mobilisé en 1939 comme sous-lieutenant pilote. Gilbert Hirsch-Ollendorff, dès les débuts de l'occupation, aidé par sa mobilité professionnelle, commence à collecter des informations et à participer à des filières d'évasion d'aviateurs alliés.
En avril 1943, sous le nom de Grandval, il entre, par l'intermédiaire de Roger Cocteau, en contact étroit avec Jacques Lecompte-Boinet, fondateur en zone nord du mouvement Ceux de la Résistance (CDLR). Entré dans le mouvement, Gilbert Grandval recrute d'abord des effectifs pour CDLR. Le 6 août 1943, il est arrêté à Paris mais, faute de preuves, est relâché au bout de 48 heures. Il entre immédiatement dans la clandestinité et consacre dès lors tout son temps à la Résistance. Fin novembre 1943, à la suite d'arrestations en cascade au sein de la direction de CDLR qui se trouve pratiquement décapité, Grandval, membre du comité directeur de CDLR, est choisi comme chef de la branche militaire du mouvement en remplacement de Pierre Arrighi. Au même moment le Conseil national de la Résistance (CNR) charge CDLR d'organiser la Résistance dans le Nord-est. Grandval va donc concentrer son action sur l'Est, la Région C, où CDLR est le mouvement le mieux implanté mais que Grandval connaît très mal. Après l'armistice, l'Alsace et la Moselle ont été annexées par l'Allemagne tandis qu'une zone interdite, "couloir" protégeant la frontière, a été instaurée. Huit départements de l'Est de la France englobant l'essentiel de cette zone forment, pour la Résistance, la Région C.
Parvenant à renouer les fils avec des adjoints de Pierre Arrighi, le chef régional Gilbert Grandval est mis en relation avec André Schock (Diagonale), délégué militaire de la Région C qui lui présente les membres du Bureau des Opérations aériennes (BOA) que dirige Michel Pichard. A Paris, affecté à l'Etat-major FFI, Gilbert Grandval rencontre fréquemment André Boulloche, délégué militaire de la Région P, et Rol, représentant FTP à l'Etat-major FFI. A leur contact, il acquiert une bonne connaissance des rouages de la résistance. Devenu chef régional FFI de la Région C, Grandval, avec Shock, consacre ses efforts à la mise sur pied de son état-major et à la fusion des unités militaires des différents mouvements (Armée secrète, Franc-tireurs et Partisans, Organisation de Résistance de l'Armée) pour former les FFI. Il participe activement aux liaisons avec le BOA.
Le contexte régional, la proximité de l'Allemagne, rend les actions très difficiles. En février 1944, sous le pseudonyme de Planète, il remplace André Schock arrêté le 28 janvier à Paris, cumulant ainsi, de façon unique dans l'histoire de la Résistance, les fonctions de chef régional des FFI et de délégué militaire régional. En mars 1944, il diffuse son "Instruction n°1" qui définit toute l'organisation régionale FFI : constitution de l'Etat-major, fédération sous son autorité de toutes les forces de la Résistance, coordination des actions, financement, liaisons, équipement, préparation de la réorganisation administrative une fois la région libérée.
En mai 1944, Grandval quitte définitivement Paris et installe son PC dans la Meuse, à Bethincourt. Il fait preuve de remarquables qualités d'organisateur en installant les chefs départements FFI et leurs états-major, développant les équipes d'action immédiate et en intensifiant les sabotages. Les effectifs militaires de la Région C sont de l'ordre de 30 000 hommes à l'été 1944 dont 2 500 maquisards mais assez pauvrement armés. Avec son adjoint Jean Bertin, le colonel Grandval met en place l'application du "plan vert" destiné à détruire les voies de communication ferroviaires. Il installe également les autorités civiles (commissaire de la République, préfets) et les comités départementaux de libération. Il ajoute à ses fonctions celle d'officier d'opérations aériennes et, début juillet 1944, assure des opérations de parachutages de jour dans les Vosges. Il se déplace continuellement, généralement à bicyclette.
De retour à Nancy le 20 août 1944, Grandval y reste jusqu'à la libération de la ville le 15 septembre 1944. Il y accueille la 3e armée américaine et installe dans leurs fonctions le commissaire de la République, le préfet, le maire et le comité de libération. De juin à septembre 1944 plus de 1 000 câbles ont été échangés avec l'Etat-major du général Koenig, commandant des FFI et on dénombre 700 sabotages ou action de guérilla dans la Région C.
Le 20 septembre 1944, le colonel Grandval reçoit le commandement de la 20e Région militaire. Gilbert Grandval, qui a obtenu de garder officiellement ce patronyme, est ensuite nommé dans la Sarre, d'abord comme gouverneur (1946-1948) puis successivement comme Haut-commissaire de la République (1948-1952) et comme Ambassadeur de France (1952-1955). Le 20 juin 1955, il est nommé résident général de France au Maroc mais opposé aux décisions gouvernementales, il démissionne en septembre. Secrétaire général de la Marine marchande en septembre 1958, Gilbert Grandval, militant de l'Union démocratique du Travail (UDT) est nommé secrétaire d'Etat au commerce extérieur en avril 1962 puis ministre du Travail de mai 1962 à janvier 1966. En juillet 1966 il est nommé président de la Compagnie des Messageries maritimes jusqu'à sa retraite en 1972. Gaulliste de gauche, il est président de l'Union travailliste dès sa fondation en 1971. Membre du Conseil de l'Ordre de la Légion d'Honneur et du Conseil de l'Ordre de la Libération, Gilbert Grandval est décédé le 29 novembre 1981 à Paris. Il est inhumé à Saint-Cloud.
Site du musée de l'Ordre de la Libération, consulté le 31 mai 2016