Plaque à la mémoire de Robert Francisque et Henri Meyrueis, Thoiras (Gard)

Légende :

Sur la D.57 en direction de Lasalle, une plaque sur un angle de la façade du château de Malérargues, rappelle le souvenir de Robert FRANCISQUE dit "Le Noir" et de Henri MEYRUEIS, le propriétaire du château, qui accepta d'accueillir les maquisards et le Corps franc de Lasalle.

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Source : © Mémoire et Résistance dans le Gard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 2016

Lieu : France - Occitanie (Languedoc-Roussillon) - Gard - Thoiras

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Contexte historique

Robert Francisque né à Saïgon en 1906 où son père est gendarme. Ses parents sont originaires de Pondichéry. Il est de taille moyenne, sa couleur "café au lait foncé" lui vaut le surnom de "le Noir". Sous-officier de carrière il a abandonné l'armée pour entrer au service du capitaine Meyrueis, propriétaire d'une gentilhommière "le château de Malérargues" à cinq kilomètres de Lasalle. Henri Meyrueis, ancien combattant de la guerre 1914-1918, a fait carrière en Indochine et n'admet pas la défaite. Quand le capitaine Pavelet lui demande, en octobre 1943, d'installer une  "Ecole pour les cadres du maquis" dans son château il répond  : "Cher Monsieur, j'ai soixante-dix-sept ans. Je suis bien assez vieux pour faire un mort !" 

Robert Francisque, mobilisé en 1939, est libéré avec le grade d'adjudant après la défaite de juin 1940, retourne alors à Malérargues. Son patron se fie entièrement à lui.
Célibataire, Robert Francisque n'accorde sa confiance qu'au compte-gouttes. Homme cultivé, il s'exprime avec facilité. Il a deux passions : l'apiculture et la philatélie. Pourtant il met en vente sa collection de timbres pour nourrir  "ses maquisards". Et pour mieux les protéger, il s'engage dans la Milice et devient l'adjoint de l'anduzien Roumégous, chef de la Milice gardoise. Il pratique ainsi un dangereux double jeu pour obtenir des renseignements de première main et être informé des dangers qui menacent les résistants. Seuls ses chefs sont dans le secret.

Les liaisons entre les caches où sont disséminés les réfractaires et le château ainsi que l'intégration des nouveaux sont assurées par le boulanger de Lasalle Guy Arnault. C'est d'ailleurs par l'intermédiaire de ce dernier que Rascalon prend contact avec lui, début juillet 1943. Il cherche un point de chute pour les rescapés d'Aire-de-Côte. Avec le groupe de Lasalle, ils vont former le maquis de Lasalle. Robert Francisque devient le chef militaire de ce maquis. Avec Jean Todorow dit  "Jean le Serbe", ils enseignent aux élèves les rudiments du règlement d'infanterie : discipline, école du soldat sans arme, avec arme et école de guérilla.

Le 10 mai 1944, alors que les responsables du maquis sont réunis près du col du Mercou, au nord de Lasalle, Robert Francisque, demeuré seul au château avec Rose Frenkiel dite "Ami", reçoit la visite d'un  "homme blond, vêtu d'une veste de cuir" qui se présente comme un agent américain parachuté récemment, désireux d'entrer en contact avec la Résistance. Chose extraordinaire  "Le Noir" lui fait confiance et le conduit chez Madame Rascalon à Lasalle. Cette dernière feint de tout ignorer. Lorsqu'ils reprennent le chemin de Malérargues l'homme se démasque, aussitôt d'une camionnette surgissent des hommes en civil, des Waffen SS. Torturé Robert Francisque ne parle pas.
Il est abattu d'une balle dans la tête avec son chien.  "Ami" reste cachée et assiste impuissante à cet assassinat. Les SS pillent ensuite le château et y mettent le feu.

En représailles, les membres du corps-franc du maquis de Lasalle incendient le château du Grand-Bois propriété d'un milicien notoire qui a fait peindre une croix gammée sur le toit

D'abord inhumé dans le caveau de Malérargues, le corps de R. Francisque sera transporté plus tard dans la crypte du monument élevé à Lasalle à la mémoire des martyrs de la Résistance.


Monique Vézilier in CD-ROM La Résistance dans le Gard, AERI, 2009