Stèle de la Torche, Plomeur
Légende :
Stèle située sur les dunes de la Torche, en baie d'Audierne, Finistère
Genre : Image
Type : Stéle
Source : © Cliché D. Le Floc'h Droits réservés
Détails techniques :
Photographies numériques en couleur (recto-verso).
Date document : 2013
Lieu : France - Bretagne - Finistère - Plomeur
Analyse média
IL EXISTE UNE PHOTOGRAPHIE DE LA CEREMONIE DES FUSILLES DE LA TORCHE - AMIS DE LA RESISTANCE DU FINISTERE
Contexte historique
Face à l'océan Atlantique, les dunes de la Torche, en baie d'Audierne, accueillent une stèle à la mémoire de quinze résistants FTP (Francs-Tireurs et Partisans), marins pêcheurs pour la plupart, fusillés par un peloton d'exécution nazi les 15 et 23 juin 1944.
Le jour du débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, devançant l'arrivée des libérateurs, une section de résistants FTP, cachés dans la ferme de Brézéhan et la chapelle de Plonivel à Plobannalec-Lesconil (Finistère), est chargée de réceptionner un parachutage d'armes sur la commune proche de Plomeur.
Face à l’imminence de la menace et la crainte d’opérations alliées en baie d’Audierne, les Allemands décident d’instaurer l’état de siège à Plomeur et cherchent à faire placarder des affiches, afin de prévenir toute action de la population. Le maire, Louis Méhu, reçoit alors la visite de deux « Russes blancs » du 800e Bataillon nord-caucasien (pour la plupart des Ukrainiens ayant endossé l'uniforme de l'armée allemande, dont le PC est installé sur la commune) qui exigent qu’un employé municipal se charge de cet affichage. Le 1er édile désigne son secrétaire de mairie, Isidore Le Garo, pour accomplir cette tâche.
Averti par une habitante de Plomeur, les résistants FTP, qui attendent en vain le parachutage prévu, choisissent de regagner le bourg pour y capturer les deux « Russes blancs » colleurs d’affiches et décident de « prendre le contrôle des lieux », tout en avertissant le maire, Louis Méhu, de leur initiative. Aux sept FTP de Plobannalec-Lesconil se sont joints des résistants de Tréffiagat et du Guilvinec. Les neuf hommes arrêtent et font prisonniers deux autres soldats ennemis. À deux heures du matin, ils regagnent le presbytère de la chapelle de Plonivel (Plobannalec-Lesconil) où ils enferment leurs quatre prisonniers.
Le 7 juin, alors que les affiches ont presque toutes été arrachées, les troupes allemandes, prenant conscience de la disparition de quatre de leurs soldats, demandent des comptes à Louis Méhu, le maire, et le placent en état d’arrestation. En guise de représailles et pour retrouver les quatre disparus, les Allemands organisent des rafles à Plomeur (visant en particulier les hommes) où ils prennent des otages.
Une source anonyme prévient les Allemands, et en particulier le lieutenant Picking qui mène les interrogatoires, que les soldats allemands capturés sont prisonniers dans une des chapelles de Plobannalec. Par déduction, le commandement allemand de Plomeur en vient à cibler ses recherches sur la chapelle de Plonivel et prévient l’Ortskommandantur de Pont-l’Abbé qui, à son tour, avertit la Feldkommandantur de Quimper. Ils planifient ensemble l’intervention.
Le 8 juin 1944, alors qu’ils sont chargés de la surveillance des prisonniers à Plonivel et du creusement d’une fosse pour faire disparaître les corps après l’exécution des captifs, Pierre Cossec, Yves Biger et Jean-Marie Cadiou, sont rejoints par Etienne Cariou, Corentin Divanach et Julien Faou, inquiets du sort des otages plomeurois et craignant des représailles à leur encontre.
Le lendemain, 9 juin 1944, la situation tourne mal : la 3e compagnie du 800e bataillon Nord-Caucasien, cantonnée à Plobannalec-Lesconil, recevant des renforts des autres compagnies locales, capture, sans doute à la suite d’une dénonciation, sept résistants FTP maquisards dans le quartier de Brézéhan (Corentin Béchennec, Georges Donnart, Corentin Durand, Lucien Dréau, Louis Larnicol, Joseph Trebern et Émile Stéphan) et les conduit à la Kommandantur de Pont-l’Abbé (dans les locaux de l’ensemble scolaire de Saint-Gabriel) où une prison a été implantée. Au même moment à Plomeur, Julien Durand, Marcel le Garrec, Jean Buannic, Yves Queffelec et le secrétaire de mairie Isidore Le Garo sont également interpellés et envoyés à Saint Gabriel. Dans l’après-midi, les Allemands encerclent le presbytère de Plonivel (à Plobannalec) où sont retenus les "Russes blancs". Ils abattent successivement Antoine et Yves Volant, qui tentent de s’enfuir, et font prisonniers les autres résistants, à l’exception de Pierre Cossec qui parvient à s’échapper. Ceux-ci sont enfermés, pour interrogatoire, à Saint-Gabriel, tout comme d’autres Lesconilois arrêtés dans la journée.
Pour procéder au jugement des prisonniers, un tribunal militaire est institué à Saint-Gabriel. Celui-ci, au terme d’un procès sommaire, condamne à mort neuf d’entre eux. Une nouvelle grande rafle a ensuite lieu, le 12 juin, à Lesconil, visant tous les hommes de la commune, afin de retrouver les autres instigateurs de l’arrestation des soldats allemands. Etienne Cariou, Corentin Divanach, Julien Faou, Albert Larzul, Armand Primot et Prosper Quéméner sont formellement reconnus et arrêtés pour être, à leur, tour conduits à Saint-Gabriel.
Jean Coic, Daniel Gentric, Pierre Le Moigne, Sébastien Nédélec, Antoine Bargain, Nicolas Buannic, Louis Cadiou, Mathieu le Cossec, Marcel le Garrec, Émile Queffelec et Marcel Queffelec sont également mis en état d’arrestation et emprisonnés à Pont-l’Abbé, tandis que Théodore Biger, Gabriel Faou, Sébastien Cap, René Durand, Gaston Lucas, Jean Kerhom, Louis le Cossec, Louis Le Pape, Jean Pérès, Laurent Larzul et Georges Dachy, reconnus comme réfractaires du STO, sont envoyés vers des camps de travail obligatoire en Allemagne.
Le jugement du Tribunal Militaire de la Feldkommandantur 752, prononcé le 10 juin, est mis à exécution le 15 juin : neuf résistants FTP sont fusillés sur les dunes de la Torche. Ils sont alignés, pieds et poings liés, devant une fosse dans laquelle leur corps s’écroule sous les balles du peloton d’exécution.
Corentin BECHENNEC (24 ans)
Yves BIGER (17 ans)
Jean-Marie CARIOU (36 ans)
Pierre DANIEL (37 ans)
Georges DONNART (22 ans)
Lucien DURAND (21 ans)
Pierre QUEMENER (20 ans)
Ange TREBERN (19 ans)
Joseph TREBERN (21 ans)
Le 22 juin, une nouvelle session du tribunal militaire de la Feldkommandantur 752 condamne à mort six autres résistants FTP.
Le 23 juin 1944, sont fusillés à 22 h 20 :
Etienne CARIOU (42 ans)
Corentin DIVANACH (39 ans)
Julien FAOU (41 ans)
Le 23 juin 1944, sont fusillés à 22 h 28 :
Albert LARZUL (22 ans)
Armand PRIMOT (19 ans)
Prosper QUEMENER (21 ans)
Les fosses dans lesquelles les corps des « fusillés de la Torche » ont été ensevelis sont ouvertes en présence des Alliés à la Libération, ce qui permet de leur donner une sépulture digne. C’est aux abords des fosses que la stèle a été érigée.
Auteur : Delphine Le Floc'h
Sources :
Georges-Michel Thomas et Alain Le Grand, « Au Pays bigouden : Saint-Gabriel - les rafles de Plomeur, Plobannalec, l’Île-Tudy - Les exécutions de la Torche », in Le Finistère dans la guerre - 1939-1945, Éditions de la Cité - Bordas, 1981, pages 317 à 329.
Vincent Rogard, Pierres de mémoire & de liberté - plaques et stèles commémoratives de la Seconde Guerre mondiale en Finistère, Paris, éditions Coop Breizh, 2014.
Claude Pennetier, Jean-Pierre Besse, Thomas Pouty et Delphine Leneveu, Les fusillés - 1940-194 : Dictionnaire biographique, Paris, Éditions de l’Atelier, 2016 (version internet Le Maitron en ligne, dictionnaire biographique fusillés, guillotinés, exécutés, massacrés, 1940-1944, consultée le 17 décembre 2016).
Jean-Claude Quideau, « Du sang sur le sable de La Torche, le bataillon assassiné », récit d’un « Kermoko », site Internet, consulté le 17 décembre 2016.
Jean Kervision, Le Travailleur Bigouden, publication de la section du PCF de Lesconil, n° 158, 2e trimestre 1995.
Site Internet des Amis de la Résistance du Finistère, consulté le 17 décembre 2016.
Site Internet Bigouden 1944, consulté le 17 décembre 2016.
