L'Yonne en 1940, un département encore très rural
Légende :
Carte du département de l'Yonne en 1940 - à la veille de la guerre, les campagnes de l’Yonne concentrent encore 70 % de la population totale du département et ont encore le visage qu’elles présentaient au milieu du XIXe siècle. Aujourd'hui, il appartient à ce que les géographes appellent la « diagonale du vide »
Genre : Image
Type : Carte
Source : © Carte : Bernard Dalle-Rive Droits réservés
Détails techniques :
Carte en couleur (2016).
Date document : 2016
Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Yonne
Analyse média
La ruralité du département de l'Yonne se caractérise, en 1940, par quatre faits majeurs : l'importance de l'activité agricole, la place dominante de la forêt dans l'espace, la faible densité de population, la faiblesse de l'armature urbaine.
La ruralité, c’est d'abord la prégnance de l’agriculture, une agriculture très traditionnelle : environ 50 000 petites exploitations de 8 hectares en moyenne. 86 % sont entre les mains de petits propriétaires exploitants, 7 000 sont en fermage, 500 en métayage ; elles emploient environ 25 000 ouvriers agricoles (l’Yonne n’en est pas encore à l’ère du machinisme agricole, sauf dans certaines grandes exploitations du nord du département).
Les parcelles sont de petite taille : le remembrement n’est pas encore passé par là, l’agriculture est peu spécialisée et peu mécanisée. Le modèle dominant est celui de la petite polyculture familiale, encore largement d’autosubsistance, associant céréaliculture, quelques vaches, volailles et lapins, un potager et un verger. La vigne, présente un peu partout dans le département, a beaucoup reculé avec la crise du phylloxéra* au début du siècle ; en grande partie détruite, la viticulture ne garde de l’importance que dans le Chablisien.
[* phylloxéra : sorte de puceron ravageur de la vigne]
La ruralité se manifeste aussi dans l’étendue de la forêt - qui couvre 30 % de la superficie du département - dans certains cas, on peut même parler de massifs forestiers ; l’archétype en est la forêt d’Othe, qui, à elle seule, occupe environ 10 % du couvert forestier total. Globalement, la forêt est plus présente et plus dense dans la moitié sud, plus dispersée dans les secteurs nord et est du département.
La ruralité, c’est aussi la faiblesse du peuplement et de l’armature urbaine : 35 habitants au km2 en 1936, soit la moitié de la densité moyenne de la métropole.
L’hémorragie démographique a été forte depuis le milieu du XIXe siècle (381 133 habitants au recensement de 1851 ; 271 685 à celui de 1936). L’attraction de la région parisienne a alimenté un fort exode rural, surtout à partir de l’arrivée du chemin de fer. La faiblesse des villes, la sous-industrialisation, les conséquences de la Première Guerre mondiale contribuent à renforcer cette impression de vide démographique, sauf peut-être dans les vallées.
L’armature urbaine est très déséquilibrée : l’axe de la vallée de l’Yonne et, secondairement, celui de l’Armançon concentrent l’essentiel des villes. Celles-ci sont modestes par leur taille démographique et leur capacité à polariser le territoire : seule Auxerre dépasse les 20 000 habitants (24 282 hab.) ; Sens ne compte que 17 783 habitants ; Joigny, 7 143 ; Avallon, 5 848 ; Migennes, 5 416 ; Tonnerre, 4 453.
Auteur : Bernard Dalle-Rive
Sources :
Recensement de Population de 1936, INSEE.
CD-ROM La Résistance dans l'Yonne, AERI - ARORY, 2004.
C. Delasselle, J. Drogland, F. Gand, T. Roblin, J. Rolley, Un département dans la guerre. Occupation, Collaboration et Résistance dans l’Yonne, Paris, éd. Tirésias 2006.