Stèle dédiée aux FFI tués le 16 août 1944, Luisant (Eure-et-Loir)
Légende :
Stèle dédiée aux FFI tués le 16 août 1944 dans le secteur de La Cavée - près du n° 79 de l'avenue de la République, Luisant (Eure-et-Loir)
Genre : Image
Type : Stèle
Producteur : Pascale Foucher
Source : © Cliché P. Foucher Droits réservés
Détails techniques :
Photographies numériques en couleur (voir recto-verso).
Date document : 2018
Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Eure-et-Loir - Luisant
Analyse média
CAUTY Michel
KLEIN Désiré, Marcel Charles
DE CAUPENE Alain, Jean, Antoine, Vital
ZERARKA Ahacène
MARAIS Henri, Norbert
KERVAZO Jean-Louis
Contexte historique
Michel Cauty (1) est né le 17 septembre 1912 à Senonches (Eure-et-Loir).
Marié à Augustine, Mélanie, Cauty et père de trois enfants. Employé à la SNCF, il travaille comme homme d'équipe au service exploitation de la gare de Chartres.
Il a rejoint le groupe Libération dans le secteur de Chartres à compter du 1er août 1944, sous les ordres du lieutenant Gaston Parisel.
Engagé dans les combats de la libération de Chartres, il est grièvement blessé au lieu-dit "Vauparfond", à Luisant.
Il est décédé à l'hôpital de Chartres, à la suite de ses blessures, le 18 août 1944.
Sa citation à l'ordre de la brigade (Ordre général n° 10, du 15 février 1945 du général commandant la 5e RM) indique :
" Soldat plein de bravoure, s'est particulièrement distingué dans la journée du 17 août 1944. A été mortellement blessé dans l'accomplissement d'une mission qui lui avait été confiée, et qu'il a assurée avec le plus grand mépris du danger. "
Il a été déclaré mort pour la France.
Désiré, Marcel, Charles Klein (2) est né le 27 octobre 1923 à Colombes (anciennement Seine, actuellement Hauts-de-Seine).
Il est le fils de Julien, Victor, Désiré, Klein, secrétaire de mairie à Auneau, et de Suzanne, Fernande, Saint-Ouen.
Célibataire, il exerce la profession de secrétaire de mairie auxiliaire à Auneau (Eure-et-Loir).
Il entre dans le Groupe de Chartres (secteur est du département), rattaché au mouvement Libération-Nord, sous les ordres de François Bois, dit Capitaine Cisco, à compter du 1er avril 1944.
Il y est notamment chargé - en raison de son emploi - de la fourniture de cartes d'identité et d'alimentaion à destination des jeunes requis au STO. Il prend, par ailleurs, part à 3 parachutages, à Denonville ou Morainville, en mai et juillet 1944. Il participe à plusieurs transports d'armes ainsi qu'à des opérations de sabotage des lignes téléphoniques et des chemins de fer, en juin 1944.
Il combat au château-Saint-Jean de Nogent-le-Rotrou les 10 et 11 août 1944.
Désigné pour le maquis de Beaumont-les-Autels, Désiré Klein trouve la mort au combat, au lieu-dit "La-Cavée", le 16 août 1944. Il a été déclaré mort pour la France.
Sa citation posthume à l'ordre de la Division, qui comporte l'attribution de la Croix de guerre avec étoile d'argent, indique :
" A déployé une inlassable activité dans la Résistance.
A pris part très brillamment aux opérations du Château-de-Saint-Jean et de Nogent-le-Rotrou, les 10 et 11 août 1944.
A trouvé une mort glorieuse en combattant contre un ennemi supérieur en nombre, à La-Cavée, le 16/08/1944. "
Alain, Jean, Antoine, Vital, de Caupene (3) est né le 23 février 1917 à Nantes (Loire-Atlantique).
Il est le fils de Gaston, Louis, Maurice, Joseph, de Caupène, ancien agent des Contributions indirectes, et de Léontine Gringoire.
Célibataire.
Engagé au 69e régiment d'infanterie à Nantes, il fut affecté dans les Ardennes et dans le Nord de la France. Nommé caporal chef. Capturé et parvenu à s'évader de Belgique, il se rendit à Nemours, avant d'être envoyé à Nantes pour reformer le 65e RI, dont les effectifs avaient presque tous été capturés. Il partit ensuite à Bordeaux se mettre aux mains de l'autorité militaire jusqu'à sa libération.
Il exerçait la profession d'agent à la Compagnie générale Transatlantique.
Il entre dans le Groupe de Chartres (Auneau-Denonville), rattaché au mouvement Libération-Nord, sous les ordres de François Bois, dit Capitaine Cisco, à compter du 1er mai 1944. Il prend part à des parachutages, des transports d'armes dans le secteur d'Auneau-Denonville, en mai 1944. Le mois suivant, il prend part à la destruction du pont de Santeuil.
Début août, il rejoint le maquis de Plainville, avec lequel il participe à la libération de Nogent-le-Rotrou, le 11 août 1944. Maurice Clavel (Sinclair), chef des FFI d'Eure-et-Loir, lui attribue le grade de lieutenant, ce qui lui permet de commander entre 40 et 50 hommes.
Il meurt au combat du lieu-dit de "La-Cavée" à Luisant, le 16 (ou 17, ou 18) août 1944, à la tête de ses hommes.
Sa citation à l'ordre de la Division (Ordre général n° 12, du 15 février 1945 du général Delmas commandant la 5e RM) précise qu'il est :
" Vaillant combattant / L'un des plus glorieux combattants de la Libération, volontaire pour toutes les missions périlleuses, entraînant admirablement ses hommes, le premier au feu, a trouvé le 16 août 1944, en attaquant à l'entrée de Chartres, une fin digne de lui. "
Ahacène Zerarka (4) est né le 11 novembre 1917 à Alger (Algérie).
Il est le fils de Mohammed Zerarka.
Il exerce la profession d'ouvrier agricole.
Militaire de carrière, caporal des Tirailleurs algériens, il est fait prisonnier en juin 1940. Il s'évade du camp de prisonniers d'Auneau le 1er mai 1944.
Le lendemain, il rallie le Groupe de Résistance rattaché au mouvement Libération-Nord, dans le secteur de Chartres.
Il participe à plusieurs transports d'armes et parachutages. Il est nommé caporal le 1er juin 1944 par François Bois, dit Capitaine Cisco.
Volontaire pour le maquis, il rejoint celui de Beaumont-les-Autels le 7 août 1944.
À la tête de 8 hommes, il trouve la mort au combat du lieu-dit "La-Cavée" le 16 août 1944.
Sa citation posthume à l'ordre de la brigade, comportant l'attribution de la Croix de guerre avec étoile de bronze précise :
" Zerarka Ahacène, caporal FFI, Groupe d'Eure-et-Loir.
Nord-Africain, prisonnier des Allemands, s'est évadé en mai 1944, a participé à deux parachutages et transports d'armes. A pris part, comme volontaire, aux combats du Château-de-St-Jean et à la prise de Nogent-le-Rotrou, où il a trouvé une mort glorieuse, digne du militaire de carrière qu'il était, le 11* août 1944 [en fait, le 16 août 1944]. "
Il fut reconnu mort pour la France.
Henri, Norbert, Marais (5) est né le 3 mai 1926 à Sèvres (ex-Seine-et-Oise, actuels Hauts-de-Seine).
Il est le fils de Norbert Marais, mécanicien, et de Marie Badey, épouse Marais, sans profession.
Titulaire du brevet élémentaire, il est étudiant à l'école Jules-Ferry de Versailles.
D'abord réfractaire au STO, il s'engage dans le Groupe Libération-Nord de Béville-le-Comte (Eure-et-Loir) à partir de fin mars 1944, sous les ordres du capitaine Bois.
Décrit comme un résistant très actif, il participe à la réception de parachutages, à des transports d'armes, à la pose de mines, à l'attaque de convois.
Il est nommé caporal par le capitaine Bois en juillet 1944. Il rejoint le maquis de Beaumont-les-Autels (Eure-et-Loir) le 3 août 1944.
Les 11, 12, 13 et 14 août 1944, il participe à la prise de Nogent-le-Rotrou.
Il trouve la mort le 16 août 1944, au lieu-dit "La-Cavée" (Luisant), près de Chartres.
Croix de guerre à l'ordre de la brigade à titre posthume. Reconnu mort pour la France.
Jean-Louis Kervazo (6) est né le 26 septembre 1925 à Bodivo, commune de Guern, dans le Morbihan. Il est célibataire. Jean-Louis et son frère aîné Raymond sont arrivés en Beauce pour y trouver du travail. Jean-Louis Kervazo est employé comme garçon vacher dans une ferme de Morainville, un petit village au sud d’Auneau (et une des plus petites communes d’Eure-et-Loir), Raymond est dans une ferme d’un village voisin.
En août 1944, Jean-Louis voit Raymond pour la dernière fois et lui annonce son intention de rejoindre le maquis. Jean-Louis Kervazo rejoint le groupe d’Auneau-Denonville, composé d’une vingtaine d’hommes, qui participe avec les maquisards de Plainville, à la libération de Nogent-le-Rotrou. Le 16 août 1944, les unités FFI, sous le commandement de Maurice Clavel, tentent d’entrer dans Chartres par Luisant. Une partie de la colonne tombe sous le feu des Allemands bien à l’abri dans les sous-bois. Plusieurs blessés sont capturés, leurs corps décomposés sont retrouvés bien après, très probablement achevés et pour certains difficilement identifiables. Jean-Louis Kervazo est alors porté disparu.
Un monument est érigé au lieu-dit "La-Cavée". Il porte les noms de : Alain de Caupene, Michel Cauty, Désiré Klein, Henri Marais, Ahacène Zeraka et un inconnu. L’inconnu retrouve enfin une identité en 1999 grâce à la persévérance de Raymond Kervazo, de Roger Joly, historien local ayant participé à la libération de Chartres, de Gaëtan Brice, ancien du maquis d’Auneau et de Pierre Parcineau, président départemental de l’ARAC. Par recoupement de témoignages, on parvient à identifier Jean-Louis Kervazo : l’acte de décès mentionne le majeur droit amputé d’une phalange (Jean-Louis s’était blessé à Guern, en travaillant sur une machine à couper les ajoncs), des objets personnels (un bracelet de force et une chaîne de montre) sont reconnus par les proches. Le 25 septembre 1999, à la faveur d’une cérémonie à "La-Cavée", le nom de Jean-Louis Kervazo trouve sa place sur la sixième stèle où jusqu’ici figurait l’inscription « un FFI inconnu ».
Auteurs : Paulina Brault
Denis Martin pour la biographie de Jean-Louis Kervazo.
Sources :
(1) Dossier individuel du Service Historique de la Défense (SHD, site de Vincennes) - 16 P 112810.
(2) Dossier individuel du Service Historique de la Défense (SHD, site de Vincennes) - 16 P 320665.
(3) Dossier individuel du Service Historique de la Défense (SHD, site de Vincennes) - 16 P 163104.
(4) Dossier individuel du Service Historique de la Défense (SHD, site de Vincennes) - 16 P 607058.
(5) Dossier individuel du Service Historique de la Défense (SHD, site de Vincennes) - 16 P 390672.
(6) Biographie communiquée par Denis Martin, ARMREL - Les sentinelles de la Mémoire
D'après les témoignages de Raymond KERVAZO, Roger JOLY, Gaëtan BRICE et Pierre PARCINEAU.