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Stèle à la mémoire de François Szwedrowski, Toulon-sur-Arroux (Saône-et-Loire)

Légende :

Stèle en hommage au soldat d'élite François Szwedrowski, située sur la D.994 à quelques kilomètres au nord de Toulon-sur-Arroux – Lieu-dit « GOURMANDOUX » (Saône-et-Loire)

 

* Deux graphies de son nom existent : Szwedrowski et Swedrowski

Genre : Image

Type : Stèle

Producteur : Jean-Pierre Petit

Source : © Cliché Jean-Pierre Petit Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Date document : 3 août 2017

Lieu : France - Bourgogne - Franche-Comté (Bourgogne) - Saône-et-Loire - Toulon-sur-Arroux

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Analyse média

"ICI EST MORT POUR LA FRANCE SZWEDROWSKI, FRANCOIS
FUSILLE PAR LES ALLEMANDS ET LES TRAITRES
LE 25 JUIN 1944" 

Plaque marbre blanc – pied de la stèle
"SOUVENIR DES CAMARADES DU Bataillon MICKIEWICZ A HENRI SZWEDROWSKI, DIT NIUT MORT POUR NOTRE ET VOTRE PATRIE"

Même lorsqu’elle fut bien réelle, la participation de Français aux exactions allemandes est exceptionnellement signalée sur les monuments ou stèles érigées dès les premières années. Cette stèle qui mentionne que François SZWEDROWSKI a été fusillé “ par les Allemands et les traîtres" est donc une exception.


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Né le 9 ou 10 novembre 1924 à Blezanow (Pologne), François Szwedrowski est mécanicien en automobile. Il réside à Montceau-les-Mines ((Saône-et-Loire)), où ses parents tiennent un café.

Sédentaire d'un groupe FTPF depuis 1943, il rejoint la maquis en mai 1944. Il est blessé et fait prisonnier par les Allemands lors d'une liaison à Saint-Eugène (71).

Dès l’automne 1943, François eut des contacts avec les premiers résistants FTP français actifs dans son secteur géographique (centre-ville, nord du bassin minier). A ce jour, on ne possède pas de preuve de sa participation directe aux actions d’alors, qui consistaient surtout en des sabotages du canal du Centre (écluses, aqueducs) et du chemin de fer Paray-Montchanin, actions menées alors et à cet endroit par le groupe de l’éclusier Fort ; nulle trace non plus de sa participation aux différents groupes du Front Uni de la Jeunesse Patriotique (FUJP), groupes moins structurés qui se spécialisaient dans les opérations plus légères (réquisitions à main armée, actions symboliques…). Cependant, un témoignage précieux de sa cousine Irena (avril 2015) indique qu’il était en contact avec Léon Allain (Hector), un personnage pivot de l’organisation FTPF de Montceau-les-Mines, fameux pour les coups de main qu’il réalisa personnellement avant le Débarquement afin de récupérer des armes sur les soldats allemands. Irena avait en mémoire que François avait organisé une telle opération dans le café familial des Swedrowski, fréquenté régulièrement par les militaires de l’armée d’occupation, ravis sans doute de trouver un établissement moderne où les patrons connaissaient leur langue.

Selon toute vraisemblance, il dut rejoindre le regroupement des maquis FTP à Uchon, au lendemain du Débarquement et regagner momentanément Montceau après les combats des 15 et 16 juin, qui permirent aux Allemands de disperser le maquis. Une partie des hommes est restée avec les principaux chefs Louis Boussin, Paul Dessolin et Léon Allain, qui les ont conduits aux confins de la Nièvre, à proximité du mont-Beuvray. Les autres sont revenus dans le bassin minier – beaucoup pour y reprendre momentanément le travail – mais les responsables préparaient déjà le retour au maquis et les relations sont restées constantes avec les exilés du Beuvray.

Le témoin Robert Verniau a raconté la suite :
«  Le 25 juin 1944, après avoir récupéré le blessé [François Swedrowski], resté sur place, les Allemands se déployaient en tirailleurs pour prendre d’assaut le bourg de Saint-Eugène. Sur la route, au lieu-dit « Bornay », des soldats ont rencontré le jeune Robert Ledey, de St-Eugène, âgé de 22 ans, et le fusillaient sur place (…).

En effet, le bourg fut investi, presque toutes les maisons furent visitées et fouillées ; les deux cafés, soupçonnés de servir de points d’appui aux maquis, furent incendiés. 

« Enfin, après cette bien longue et triste journée, ls Allemands sont partis, laissant derrière eux les bâtiments fumants, les habitants soulagés mais complètement désemparés. Par contre, il restait encore le blessé du matin, toujours vivant, que les soldats allemands emmenaient avec eux. Arrivés au lieu-dit « Le Gourmandoux » (entre Toulon et La-Boulaye), les camions se sont arrêtés et là, il fut torturé à mort, mais n’a jamais parlé. »


Une habitante de Toulon-sur-Arroux rapporta que les Allemands voulaient obtenir de François la localisation du camp du maquis vers lequel la voiture se dirigeait. Ils avaient barré la route de part et d’autre du « Gourmandoux » et arrêté les gens qui passaient par là. Parmi eux, trois au moins, dont la présence devait paraître suspecte car ils habitaient le bassin minier, furent conduits à la prison d’Autun puis déportés. Ce sont deux Polonais, Stanislaw Pawlik (27 ans) et Simon Biniek (18 ans) et un Français, Armand Langillier (22 ans). Pawlik rapporta aux gendarmes après-guerre qu’il avait été confronté à François Swedrowski et appartenait lui-aussi aux sédentaires FTPF.

N’obtenant rien du malheureux supplicié, ses tortionnaires l’achevèrent et poussèrent le corps dans le fossé.

François Swedrowski fut enterré à Montceau-les-Mines, au cimetière du Bois-Roulot.

 

Le texte de la citation à titre posthme au corps d'armée fait état d'un :
" Soldat d'élite, a participé avec courage au combat de La-Prat (commune de Saint-Eugène), est tombé glorieusement le 25 juin 1944 au cours de cette bataille. "


Auteur : Paulina Brault

Sources :

Site consacrée à la Résistance polonaise en Saône-et-Loire, consulté le 4 juillet 2018. 

Dossier individuel du Service historique de la Défense (SHD, site de Vincenness) - 16P 559826.