Plaque rappelant la répression allemande à Bélâbre (Indre)
Légende :
Plaque rappelant le rassemblement de tous les hommes du village âgés de 14 à 70 ans, menacés de mort par les Allemands, le 10 juillet 1944, située place de la République à Bélâbre (Indre)
Genre : Image
Type : Plaque
Source : © ANACR Indre Droits réservés
Détails techniques :
Photographies numériques en couleur (voir recto-verso et l'album photo lié).
Date document : Sans date
Lieu : France - Centre - Val-de-Loire (Centre) - Indre - Belâbre
Contexte historique
Le 10 juillet 1944, des maquisards de la Vienne se réfugient dans les forêts de l’Indre. Une partie vient d’abord chercher du renfort au Château-Guillaume. Ils se trouvent derrière les troupes du maquis Guy Lebon, mais l’ennemi les ayant contournés, ils sont donc en première ligne, et dans la bataille qui s’engage dans la forêt de la Luzeraise et au Terrier-Porcher ils vont subir de lourdes pertes : 37 morts.
Les habitants de Bélâbre sont considérés comme des otages.
Suite à l’attaque des maquisards de la Vienne venus se réfugier dans l’Indre, l’agitation est grande dans tout le secteur Indre-Ouest car Lignac se trouve menacée par une importante colonne allemande en provenance de Poitiers et qui arrive sur Le-Blanc. De plus, le maquis du Blanc est à Château-Guillaume, celui de Mauvières et de Saint-Hilaire arrivent en renfort du château du Verger. Quand au maquis de Lignac, il se trouve à Clavière.
Arrivée près du Blanc, la colonne allemande se sépare en trois colonnes. La première va vers La-Trémouille, puis se dirige vers Magnac-Laval en Haute-Vienne dans la direction d’Oradour. À Brigueil-le-Chantre, la colonne vire sur Tholet et se scinde en deux pour remonter vers la forêt de Paillet en passant par Coulonges d’une part, par Tholet d’autre part afin de prendre en tenaille les maquis Simoun et Lignac, cantonnés respectivement au Château de la Bruyère et au moulin de la Clavière.
De ce fait, Allemands et miliciens bien informés débouchent au château de la Bruyère et attaquent très rapidement les maquisards qui, mal armés, décrochent et vont rejoindre le maquis Marc. Le château est incendié.
C’est alors que les deux colonnes allemandes se rejoignent aux Hérolles vers 9 h 30. Un vent de terreur souffle sur la population qui n'a pu fuir car des otages sont pris par les Allemands et miliciens.
La colonne allemande prend position face à la vallée et au château des Perrière qu’elle doit savoir occupé par des résistants et au village de la Clavière. Durant l’avance prudente de cette dernière, elle stoppée par une section de maquisards qui va résister jusqu’à 17 h pour permettre l’évacuation du gros du maquis. La section va ensuite se replier vers Saint-Benoît-du-Sault.
Le 10 juillet 1944, vers 15 h, à l’entrée de la ville se présente une colonne allemande de 2 000 soldats, bien équipée et lourdement armé. Tout de suite, le colonel se dirige vers la mairie, et demande le maire de la commune, mais ce dernier est à la campagne à 4 km.
Malgré les conseils de prudence qu’il reçoit, Anatole Ferrand maire de la ville, revient vers sa commune. Sur son chemin, il croise Schmidt de la Gestapo qui le reconduit jusqu’à la mairie. Le colonel dit alors au maire de Bélâbre, qu’il le tient responsable de ce qui se passe. Le colonel ajoute que les forêts autour de Bélâbre sont pleines de maquisards que le maire reçoit dans cette ville, et qu’il encourage. Enfin, le colonel dit au maire de Bélâbre qu’il doit sévir, et qu’il a l’ordre d’exterminer tous les résistants de la région. Ce dernier donne ensuite 20 minutes au maire pour rassembler tous les hommes sur la place. Pour finir, il dit au maire que ceux qu’ils trouveront encore dans les maisons seront passés par les armes.
Après que le colonel eût fini d'énoncer ses conditions, le maire de Bélâbre va engager une longue discussion avec le gradé, en lui rappelant qui sont les vrais responsables de la guerre, et que cette dernière fait souffrir des innocents ; de plus il rappelle au colonel que deux soldats allemands sont enterrés dans le cimetière de la commune. Il ajoute également que s’il y avait des résistants auparavant, à présent il n’en restait plus. C’est alors que l’officier allemand suspend la discussion pour vérifier l’affirmation des soldats allemands enterrés dans le cimetière de la commune.
Pendant ce temps, les hommes de la commune se rassemblent lentement sur la place, et les soldats allemands les poussent contre l’église sous la garde des tireurs derrière leurs mitrailleuses.
Soudain, le colonel revient et dit au maire qu’il ne peut pas nier la présence de résistants, il lui montre des photos aériennes où l’on distingue nettement les mouvement des maquis. Entre-temps, les soldats fouillent les maisons, sortent les hommes qui se sont cachés, en mitraillent d’autres couchés à plat ventre sur les toits. Au garage Poncet, ils trouvent des armes et attachent monsieur Poncet au distributeur d’essence.
Inlassablement, monsieur Ferrand continue son argumentation face au colonel, et finit par mettre de son avis le colonel allemand.
Pendant ce temps, les 250 hommes rassemblés sur la place croient leur dernière heure arrivée, lorsque le colonel revient après avoir pris un bon repas, il harangue ses troupes. Anatole Ferrand avance de nouveau vers l’officier et lui répète qu’il va fusiller des innocents et que s’il y a un responsable, c’est lui, et propose à l’Allemand d’offrir sa vie contre celle des citoyens de sa commune.
Le colonel se met alors à serrer les mains du maire et lui dit qu’il se rappelle de tout ce que ce dernier lui a dit. Il ajoute qu’il fait grâce aux habitants, mais il précise bien au maire de bien veiller à ce qu’aucune voiture du maquis ne vienne, sinon il serait obligé de revenir et de réduire tout en cendres. La colonne se met donc en marche et part comme elle est venue.
Toute la région est investie par les nazis déchaînés, qui tuent à la Clavière, à la Perrière, à Lignac, à Ciron…
ANACR de l'Indre.