Voir le recto

Plaque en hommage aux patriotes employés des abattoirs de La Villette, Paris XIXe

Légende :

Plaques en hommage aux patriotes employés des abattoirs du Nord-Est parisien, fusillés par les hitlériens et décédés dans les camps nazis, et en hommage aux soldats et victimes de guerre, situées 28 bis, avenue Corentin-Cariou, Paris XIXe

Genre : Image

Type : Plaques

Producteur : Claude Richard

Source : © Clichés Claude Richard Droits réservés

Détails techniques :

Photographies numériques en couleur (recto-verso).

Date document : Janvier 2018

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris XIXe

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Max Florence (1)
Né 2 mars 1918 à Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle), tué le 16 août à Garges-lès-Gonesse (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) ; boxeur ; résistant F.F.I.
Fils de Gaston Florence et de Marie Véronique Thévenin,  avait épousé Lucienne Jouault le 7 novembre 1936 à La Courneuve (Seine, Seine-Saint-Denis) où il vivait 33 rue Maurice-Lachâtre. Il habita auparavant dans le XIXe arrondissement de Paris. Résistant F.F.I., membre d’un Groupe-franc, il fut dénoncé ainsi que neuf autres membres du groupe. Le 15 août 1944, une patrouille de Feldgendarmes allemands venus de la Feldgendarmerie de Saint-Denis, commandée par l’adjudant Fritz les tuèrent vers 13 heures 30 dans la rue des Grandes-Murailles à Aubervilliers. Selon une autre source, il aurait été capturé et exécuté le 16 août à Garges-lès-Gonesse. Le corps de Max Florence fut retrouvé le 11 septembre 1944, au lieu-dit "L’Argentière" sur la commune de Garges-lès-Gonesse.
Une plaque commémorative a été apposée rue des Grandes-Murailles avec leurs noms : « Boudier Désiré 20 ans, Breton Roger 27 ans, Escabas Marcel 32 ans, Florence Max 26 ans, Guilletat Raymond 24 ans, Lepilleur Marc 43 ans, Magnier Georges 23 ans, Pastor René 20 ans, Risch Louis 25 ans, Vandersnickt René, 32 ans du groupe franc Henry. Souvenir des habitants du quartier ». Son nom figure également sur une stèle rue Corentin-Cariou à Paris (XIXe arr.) aux côtés de Victor Messer et Fernand Delaume, morts en déportation, André Fauré, Roger Briand et Albert Louveau, FTPF fusillés. Max Florence a reçu la mention « Mort pour la France » et a été homologué sergent des F.F.I à titre posthume en avril 1956.

 

André, Jérome Fauré (2)
Né 2 mars 1913 à Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, i Val-de-Marne), fusillé le 21 octobre 1942 au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.) ; bijoutier ; militant communiste d’Aubervilliers (Seine, aujourd'hui, Seine-Saint-Denis).
Militant communiste d’Aubervilliers, André Fauré était un des secrétaires de la section locale avant la Seconde Guerre mondiale. Il siégeait au comité régional Paris-Nord. Arrêté le 9 avril 1940, il fut libéré au moment de l’exode ou réussit à s’évader. En effet, le 17 mars 1941, il fut condamné par défaut par le tribunal militaire de Périgueux (Dordogne) à cinq ans de prison, dix ans d’interdiction de ses droits civiques et politiques et à la mise sous séquestre de ses biens. Arrêté le 16 mai 1942 par la police française dans un grand coup de filet des Brigades spéciales, membre de l’Organisation spéciale (OS) puis des Francs-tireurs et partisans (FTP), il fut condamné à mort par le tribunal allemand du Gross Paris le 30 septembre 1942, et a été fusillé au stand de tir du ministère de l’Air le 21 octobre 1942. André Fauré s’était marié à Paris (XVIIe arr.) le 17 février 1934 avec Alice Bourhis et était père d’un enfant.

 

Victor Messer (3)
Né le 1er septembre 1901 à Paris (Xe arr.), mort en déportation le 12 avril 1945 ; tueur aux abattoirs de La Villette ; membre de la commission exécutive de la Fédération de l’Alimentation (1936) ; journaliste à l’Humanité ; résistant.
Né de père inconnu, Victor Messer perdit sa mère alors qu’il était âgé de huit ans. Il fut alors recueilli et élevé par une tante et un oncle employé à l’octroi de Paris et demeurant à Villiers-sur-Marne (Seine-et-Oise). Il put commencer des études primaires. Victor Messer aurait aimé entrer au Conservatoire et apprit à jouer du violon. Mais la Première Guerre mondiale le contraignit à interrompre ses études. Il travailla d’abord comme saute-ruisseau pour le compte de la banque Gravereau qui comptait des bouchers en gros parmi ses clients. Victor Messer saisit bientôt une opportunité d’entrer comme apprenti-boucher aux abattoirs de La Villette. Appelé en 1920 au service militaire, Victor Messer fut affecté au 508e régiment de chars d’assaut. Il épousa en mai 1921 une faux-collière parisienne, Inès Gaborit. Leur fille Yvette allait naître en octobre 1921 et leur fils Jean en septembre 1922. Libéré, Messer reprit son travail aux abattoirs de La Villette. Il adhéra au Parti communiste au début de l’année 1924. Syndiqué à la CGTU, il devint secrétaire général du syndicat des Abattoirs de la Seine au moment du Front populaire et siégea au sein de la commission exécutive de la Fédération de l’Alimentation. Il effectua un voyage en Union soviétique en décembre 1936, au cours duquel il rencontra les travailleurs des abattoirs de Moscou. Par ailleurs, il était secrétaire du Club sportif des abattoirs. Fort d’une bonne éducation de base et de sa culture de militant autodidacte n’ayant jamais cessé de beaucoup lire et écrire, il entra à l’Humanité en 1937 et fut affecté à la rubrique « front du travail ». A la même époque, il était secrétaire de la section communiste de Villiers-sur-Marne. Mobilisé en septembre 1938 comme spécialiste des chars lors du rappel des réservistes, Victor Messer fut libéré le mois suivant. Il fut remobilisé le 26 août 1939 et de nouveau envoyé à Mulhouse où il fut affecté aux abattoirs. 

Fait prisonnier en juin 1940, il fut interné au stalag 2 A de Stettin (Poméranie). Ayant réussi à simuler une maladie, il fut rapatrié sanitaire en mars 1941. Il entra dans la clandestinité. Sa femme Inès et son fils Jean furent arrêtés le 9 novembre 1941. Sa femme fut détenue en France jusqu’à la Libération. Ayant appris leur arrestation, Victor Messer prit contact avec sa fille, Yvette, pour tenter d’avoir de leurs nouvelles et fut arrêté le 21 février 1942. Condamné à une peine d’emprisonnement par le tribunal de Corbeil, il fut ensuite interné au camp d’Aincourt (Seine-et-Oise) à l’issue de sa peine, puis transféré au camp de Voves (Eure-et-Loir). Il fut déporté à Neuengamme (Allemagne). Victor Messer mourut d’épuisement le 12 avril 1945, alors que le camp venait être libéré. Le Réveil du Val-de-Marne du 22 juillet 1977 signala le décès de sa fille, Yvette Blampain à 56 ans. Son fils, Jean Messer, (1922-2014), fut un militant communiste déporté.

 

Fernand, Louis, Georges Delaume (4)
Né le 10 août 1904 à Souvigny (Allier), mort en déportation le 24 mars 1945 à Dora ; employé d’assurances ; militant communiste ; résistant.

Fils de Gustave Deleaume, sabotier et de Marie-Louise Villechenon, sans profession. Divorcé en premières noces de Camille, Joséphine Groffe. Comptable de profession. Marié en secondes noces à Geneviève, Emilie Bracq.
Il entra en Résistance par le biais du Parti communiste dès le 6 août 1940. Il était membre de la direction clandestine d'un secteur parisien du PCF, secteur qui comprenait quatre arrondissements ainsi que plusieurs localités de la banlieue nord, pour lesquels il était responsable de l'ensemble des supports diffusés (affiches, tracts et journaux). Il milita jusqu'à son arrestation. 
Le 28 décembre 1942, les inspecteurs de la Brigade spéciale 1 arrêtèrent Emma Vittou et Roger Semence. Ils remontèrent dans les jours qui suivirent à un groupe de résistants communistes employés dans diverses compagnies d’assurances. Fernand Delaume fut arrêté le 4 janvier 1943. Il était employé à la Compagnie La Séquanaise et domicilié 55 avenue Jean-Jaurès à Aubervilliers. Il avait rendez-vous tous les lundis à l’angle de la rue Saint-Lazare et de la rue Taitbout avec Vittou. René Bresnu, responsable politique, Jean Troubat, responsable aux masses et Robert Rey, responsable du matériel furent arrêtés à la suite ainsi que trois autres personnes. Il fut interné à la Santé, Poissy, Melun, Chalons-sur-Marne et Compiègne, avant d'être déporté en Allemagne le 12 mai 1944, vers Buchenwald/Dora. Bresnu, Tronchon, Troubat, Lacour et Delaume furent déportés le 12 mai 1944 vers Buchenwald (Convoi N° I.211 Matricule N° 51537). Transféré à Dora, Fernand Delaume y mourut le 24 mars 1945 à Dora (JO du 10 mars 1988 page 3200).

Il fut reconnu mort pour la France (décision du 12 août 1947).

Dans le cimetière communal d’Aubervilliers une stèle rappelle son souvenir et une plaque apposée avenue Corentin-Cariou dans le XIXe arrondissement de Paris le présente comme "secrétaire du syndicat des travailleurs des Abattoirs". Il avait un frère, Edmond, né à Souvigny le 6 mai 1901, domicilié à Paris XIXe arr. ; déporté le 06-07-1942 de Compiègne à Auschwitz, déclaré mort le 1 janvier 1943 (date adminstrative en non réelle) à Auschwitz selon le JO du 10 mars 1988 page 3 200.

 

Albert, Désiré Louveau (5)

Né le 14 janvier 1899 au Raincy (ancienne Seine-et-Oise, actuelle Seine-Saint-Denis) de Jules Louveau et de Désirée Geslant.

Il est mobilisé lors de la Grande Guerre du 10 avril 1918 au 10 mai 1920. Il combat à nouveau du 2 septembre 1939 au 3 août 1940.

Il épousa Pauline, Julie Gauthe, sans profession. Boucher, il travaillait aux abatoirs de La Villette (Paris, 19e).

Albert Louveau a adhéré au réseau Armand début juin 1944, où il s'est livré à des transports d'armes et à des sabotages.
Le réseau Armand, également appelé Inventor Charlot ou Armand Spiritualist, est spécialisé dans les sabotages de voies ferrées, des écluses, des canaux, et des usines spécialisées dans la fabrication des armes secrètes V1 et V2 ; dans l'infiltration des services de renseignement allemands ; et dans l'organisation d'un réseau opérant en région parisienne (Meaux, Courbevoie, Levallois).

Son action en Résistance s'est entièrement déroulée au sein du Groupe Hildevert (du nom du chef, Charles Hildevert) de Seine-et-Oise jusqu'au 26 août 1944. Arrêté le même jour à la suite des combats de Forfry-Oissery, l'ennemi ayant attaqué avec des forces supérieures en nombre, il est fusillé le 27 août 1944 à 11 heures, au lieu-dit "le Héron", commune de Saint-Mesmes (Seine-et-Marne).

Il fut titulaire de la croix de guerre 1939-1945 à titre posthume (par Ordre général n° 21 du 11 juin 1946) et reconnu "Mort pour la France".


 Auteurs :
(1) Daniel Grason pour le Dictionnaire des fusillés - biographie de Max Florence
(2) Jean-Pierre Besse pour le Dictionnaire des fusillés - biographie d'André Fauré
(3) Jean-Pierre Ravery pour le Maitron en ligne.
(4) Jean-Pierre Besse pour le Maitron en ligne - complété par Paulina Brault.
(5) Paulina Brault

Sources

(1) Archives de la Préfectire de Police 109W 2.
SHD, Caen AC 21 P 185151.
SHD, Vincennes, Bureau Résistance GR 16 P 226326. 
Site internet « La Libération de Paris, Aubervilliers », de Gilles Primout.
Site internet GenWeb.
État civil.

(2) DAVCC, Caen, B VIII 5. 
Archives de la justice militaire au Blanc, registre du tribunal militaire de Périgueux.
Parti communiste français, région Paris-Nord, VIIIe conférence régionale, 1945.

(3) RGASPI, 495 270 4307, Paris 24 septembre 1937, classé A.
Archives de la Préfecture de Police 89.
Archives de l’Humanité.
Entretien avec Jean Messer.
État civil.

(4) Archives de la Préfecture de Police, BS 1, 26GB74.
La Fondation pour la mémoire de la déportation, Le livre mémorial...op.cit.
Site genweb.
FMD de l’Allier
Dossier individuel du Service Historique de la Défense (site de Vincennes) - 16 P 168527.

(5) Dossier individuel du Service Historique de la Défense (site de Vincennes) - 16 P 378679.
Dossier CVR.
Les réseaux de Résistance de la France combattante, Dictionnaire historique, Paris, éd. Economica/SHD, 2013, pp.158-159.