L'occupation allemande en Ardèche (1942-1944) de Bruno Chaix

Légende :

Couverture de L'occupation allemande en Ardèche (1942-1944) et la retraite de la Wehrmacht du Midi de la France en août 1944, de Bruno Chaix, paru en 2017 aux éditions Mémoire d’Ardèche et Temps Présent

Genre : Image

Type : Ouvrage

Source : © Collection Jean-Louis Issartel Droits réservés

Détails techniques :

Couverture en carton.

Date document : 2018

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ardèche

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Analyse média

Page de couverture de l’ouvrage de Bruno Chaix : L’occupation allemande en Ardèche (1942-1944) et la retraite de la Wehrmacht du Midi de la France en août 1944, édition Mémoire d’Ardèche et Temps Présent, juillet 2017 ; 439 pages; format 16 x 24 ; glossaire ; Index des personnes et des lieux ; bibliographie et sources ; table des cartes, croquis et tableaux ; 92 pages en annexe.

Deux photographies illustrent en première page le contenu de l’ouvrage centré sur l’occupation allemande et les combats de la Libération, celle de gauche montrant l’arrivée des troupes allemandes en Ardèche en 1942, et celle de droite représentant des FFI sur un camion à gazogène en 1944 (indications fournies au revers de la page de couverture mais sans autre précision).

Effectivement, l’ouvrage de Bruno Chaix apporte un éclairage renouvelé d’un aspect incontournable de ce que fut l’Ardèche pendant la Seconde Guerre mondiale, à savoir la question proprement militaire. Un aspect qui n’avait pas été ignoré auparavant, certains  travaux y étant d’ailleurs consacrés entièrement, mais aucun n’avait à ce point embrassé le sujet dans une problématique aussi générale, intégrant l’Ardèche dans les enjeux stratégiques des forces en présence.

Général de son état, mais aussi historien, Bruno Chaix s’est appuyé sur les sources déjà connues contenues aux Archives départementales de l’Ardèche, mais aussi aux Archives nationales et au Service historique de la Défense à Vincennes. Surtout, il a puisé dans le corpus des archives militaires américaines (NARA à Washington), britanniques (Dossier SOE France) et allemandes (BA-MA à Freiburg, et Deutsche Dienstelle à Berlin).

Onze chapitres structurent l’ensemble.

Une première partie est consacrée aux derniers combats de juin 1940, qui se déroulent jusque dans le nord du département. Ensuite, l’auteur passe directement au 11 novembre 1942 avec l’occupation de l’Ardèche par les troupes allemandes. Les chapitres s’enchaînent,  abordant tour à tour la question des déplacements de troupes germaniques avant le débarquement, les débuts de la résistance armée, la répression nazie... Mais l’essentiel de l’étude porte sur la période, la plus meurtrière, allant de l’insurrection au moment du débarquement allié en Normandie jusqu’aux derniers combats de la Libération.

C’est là que le recours à des sources diverses apporte un regard neuf sur les stratégies des forces en présence, permettant de situer chaque action, chaque opération dans un cadre plus global. Il permet aussi d’intéressantes confrontations qu’un examen plus approfondi pourra - en s’interrogeant par une analyse plus poussée sur leur origine, leur destination, la façon dont elles sont construites, etc. - nourrir la réflexion des historiens ou du commun des mortels.

Après un chapitre consacré à la traversée de l’Ardèche par l’armée de Lattre et l’apport des FFI ardéchois aux combats pour la libération de Lyon, l’ouvrage s’achève sur le retour à la paix et à « la légalité républicaine ».

L’auteur s’exprime avec clarté, et même si son souci de coller au plus près des informations contenues dans ses sources, abondamment citées et référencées, peut, par leur profusion, perdre parfois le profane, le fil du récit est toujours là pour reprendre pied et poursuivre sans dommage la lecture.

Bruno Chaix l’indique dans son introduction : il se défend d’avoir voulu proposer une Histoire de la Résistance en Ardèche.

Même s’il y consacre de longs développements, c’est avant tout sur la résistance armée qu’il braque le projecteur. Sans négliger le rôle des civils, il souligne l’apport des miltaires de profession en privilégiant les sources issues de leurs rangs. Les autres aspects sont vontairement négligés ou considérés dans leur incidence sur les opérations, ce qui peut conduire à des interprétations encore discutées.

Mais comme l’indique l’auteur dès le début, son travail est centré sur les opérations de l’armée allemande en Ardèche. Il fait oeuvre, pour l’Ardèche, de pionnier dans ce domaine. Nul doute que son ouvrage fera référence, ouvrant de nouvelles pistes non abordées dans cet ouvrage qui restent à explorer, notamment sur les unités mises sur pied pour faire la chasse aux résistants, à l’instar des éléments de la 8e Compagnie de la Division Brandebourg cantonnés à Pont-Saint-Esprit et à Viviers.


Auteur : Jean-Louis Issartel

Contexte historique

Avec la disparition progressive des acteurs de la période, la recherche historique sur l’Ardèche pendant le second conflit mondial est menée de plus en plus à partir des années 2000 par de nouvelles générations d’historiens, abordant la question sous des problématiques renouvelées : aux travaux menés par le Comité d’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale (CH2GM), conduits surtout  par d’anciens résistants, comme ceux de Louis-Frédéric Ducros, dans les années 1970-1980, succédèrent des études  d’historiens locaux, une impulsion particulière étant donnée lors de la mise en place du Musée départemental de la Résistance en Ardèche et de la Déportation au début des années 1990. Un travail d’équipe mêlant anciens résistants et chercheurs locaux permit la publication d’un CD-Rom sur la Résistance en Ardèche en 2004, édité par l’AERI.

En même temps, l’accès à des archives jusque-là fermées au public (archives du secrétariat du préfet, archives de la justice militaire...) ouvraient le champ à de nouvelles investigations, alors que le dépôt d’archives au Musée ne cessait, et ne cesse de s’accroître par les dons de particuliers, héritiers des générations qui ont connu la guerre.

Bruno Chaix, originaire de l’Ardèche, a terminé une carrière militaire comme général de division. Auteur d’une thèse soutenue en Sorbonne, il a publié divers travaux sur la Seconde Guerre mondiale, notamment dans la revue Mémoire d’Ardèche et Temps Présent ou dans des revues spécialisées. Son exploitation des sources militaires alliées et surtout allemandes élargit considérablement les perspectives de recherche.


Auteur : Jean-Louis Issartel