Stèle à la mémoire de Robert Fleig, Strasbourg (Bas-Rhin)
Légende :
A la mémoire de Robert Fleig, agent de renseignements du sous-groupement Rouvillois, tué par l'annemi le 23 novembre 1944 devant le pont de Kehl.
Localisation : 170 avenue de la gare à Strasbourg
Genre : Image
Type : Stèle
Source : © Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens Droits réservés
Détails techniques :
Photographie numérique en couleur
Date document : sans date
Lieu : France - Grand Est (Alsace) - Bas-Rhin - Strasbourg
Contexte historique
Né le 28 juin 1893 à Strasbourg d'un professeur et d'une commerçante, Robert Fleig fréquente les institutions scolaires de la capitale alsacienne. Peu de temps avant sa naissance, son père démissionne et a fonde un dépôt de bières. Il construit deux maisons, rue Saint-Hélène, où toute la famille s'épanouit. Son fils entreprend alors des études commerciales et part aux Etats-Unis en 1913-1914.
Malgré divers stratagèmes dont un changement de nom (Robert Bourdier), Robert Fleig est incorporé dans l'armée allemande en 1916. Très rapidement, avec un camarade alsacien, il cherche à déserter. Le 24 janvier 1917, peu de temps après son ami, il parvient à franchir clandestinement la frontière hollandaise. Il se rend alors à Rotterdam où il se présente au consulat de France. Sur la promesse d'un engagement volontaire dans l'armée française, il débarque à Boulogne via l'Angleterre, le 6 mars 1917. Sous le faux nom de Robert Bourdier et en compagnie de son ami, il est affecté au 10ème groupe d'artillerie de campagne d'Afrique, avant d'être envoyé en instruction en Algérie. Le 26 décembre 1917, il parvient à être muté au 1er régiment d'artillerie de montagne (RAM) de Grenoble qui prend part au combat dans les Vosges, notamment à proximité de Thann et du Hartmannwillerskopf (Haut-Rhin). Il termine la guerre avec le grade de caporal. Après l'entrée des troupes françaises le 22 novembre 1918, il se rend dans la capitale alsacienne pour retrouver sa famille.
Démobilisé en 1919, Robert Fleig retrouve son commerce et le sport avec notamment l'aviron. Il fait prospérer le débit de boissons de son père et ouvre même une succursale à Paris en 1935. Lors de la déclaration de guerre de septembre 1939, la famille Fleig se retrouve évacuée à Périgueux (Dordogne). Après la défaite de juin 1940, il décide de rentrer en Alsace. Il oriente son commerce sur le vinaigre car il ne peut plus le faire avec la bière. Il s'oppose à la germanisation en parvenant à ne pas changer de nom et à garder le sien. Le 14 août 1944, trois jours après l'intense bombardement sur Strasbourg, toute la famille s'installe à Brumath, au nord de Strasbourg. Quelque temps après, Robert Fleig entre dans les Forces françaises de l'intérieur (FFI) du Bas-Rhin. Début novembre 1944, la 2ème division blindée (DB) du général Leclerc avance et parvient le 22 à Dettwiller (Bas-Rhin).
Après un entretien avec son ami garagiste Eichenberg de Strasbourg-Neudorf, Robert Fleig décide alors de rejoindre les éléments avancées de cette unité pour lui faciliter l'entrée dans la capitale alsacienne. Le 22, en début d'après-midi, il quitte Brumath à bicyclette et avec un oeil attentif, traverse les villages de Mommenheim, Schwindratzheim et Hochfelden avant de se présenter au poste de commandement (PC) du 12ème régiment de cuirassiers dirigé par le lieutenant-colonel Rouvillois. Après un interrogatoire, il peut exposer son point de vue: les Allemands s'attendent à une attaque sur Haguenau (Bas-Rhin) et non sur Strasbourg, la voie est libre, Mommenheim, Brumath et Vendenheim sont faiblement gardés, une charge audacieuse peut tout emporter.
Le lieutenant-colonel Rouvillois décide de lancer l'attaque pour le lendemain matin. La progression s'effectue sur la grand-route par Mommenheim et Brumath. Le 23 novembre 1944, à sept heures du matin, Robert Fleig monte dans la jeep du lieutenant Le Quellec, officier de liaison, et sert de guide à tout le sous-groupement Rouvillois. Très rapidement, Mommenheim est pris. Le génie parvient à empêcher la destruction des ponts de Brumath et de Vendenheim, le fort Desaix à Mundolsheim est pris par surprise, la libération de Strasbourg se précise. Vers 9h10, les premiers éléments entrent dans Schiltigheim, dans les faubourgs de la capitale alsacienne, et sèment la panique parmi les autorités nazies. Robert Fleig sert de guide également dans la ville et très rapidement, les points névralgiques sont conquis. Mais l'objectif ultime de cette journée est le pont de Kehl permettant ainsi d'établir une tête de pont sur le Rhin.
Robert Fleig définit deux trajets, l'un au nord passant par l'avenue de la Forêt-Noire, l'autre au sud passant par la place de la Bourse. Néanmoins, la résistance s'intensifie et vers 16 heures, grâce à l'appui de l'artillerie, une brèche est ouverte dans les défenses allemandes et les éléments avancés du sous-groupement Rouvillois peuvent entamer une progression sur l'île entre le canal et le petit Rhin.
Vers 16h30, alors qu'il se trouve à proximité du garage Eichenberger à Strasbourg-Neudorf, le lieutenant Le Quellec reçoit une mission de liaison du capitaine (commandant le détachement avancé du 12ème Cuirrassiers) auprès du colonel se trouvant à proximité du pont de Kehl. Très rapidement, Robert Fleig, connaissant parfaitement les lieux, demande à l'accompagner et se retrouve dans une jeep précédée par quelques chars lourds dont celui du maréchal-des-logis, Albert Zimmer, le Cherbourg. La résistance devient opiniâtre et les coups pleuvent de partout. Passant à proximité du stand de tir Desaix, la jeep est la cible de rafales, Robert Fleig décède sur le coup alors que le lieutenant Le Quellec est blessé. Peu de temps après, le Cherbourg est touché par une charge de Panzerfaust et le maréchal des logis Albert Zimmer est tué sur le coup.
Le caporal Robert Fleig est cité à l'ordre de l'armée en août 1945:
"Alsacien au coeur ardent, s'est porté au-devant des troupes françaises en traversant les lignes. Après avoir effectué sur la demande du commandant du détachement, la reconnaissance du dispositif ennemi entre Dettwiller et Brumath, a rapporté des renseignements qui permirent la réduction par surprise des résistances. Le 23 novembre 1944, a constamment marché avec la pointe d'avant-garde prenant la tête de la colonne pour la traversée de Strasbourg. A été mortellement frappé alors qu'il atteignait les bords du Rhin."
Eric Le Normand in DVD-ROM La Résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance - AERI, 2016