Monument à la mémoire des Forces françaises de l'intérieur (FFI) du Bas-Rhin, Strasbourg

Légende :

Monument situé square Tivoli à Strasbourg et inauguré le 4 janvier 1990

Genre : Image

Type : Monument

Source : © Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : sans date

Lieu : France - Grand Est (Alsace) - Bas-Rhin - Strasbourg

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Contexte historique

Dans le Bas-Rhin, c'est Georges Kiefer, déjà engagé dans la Résistance et notamment dans l'aide à l'évasion, qui prend la tête des FFI du Bas-Rhin. En mars 1944, un état-major clandestin est mis en place. Son espace géographique est divisé en douze secteurs (Barr, Benfeld, Haguenau, Illkirch-Graffenstaden, Molsheim, Niederbronn-les-Bains, Obernai, Saverne, Sélestat, Wissembourg, Strasbourg-Ville et Strasbourg-Campagne) eux-mêmes divisés en 37 sous-secteurs.

Malgré un manque d'armes évident, la mobilisation est importante et touche une population masculine beaucoup plus âgée que dans les autres départements, les jeunes ayant été incorporés de force (classes 1908 à 1927). Mais cette proportion permet également la présence de nombreux anciens de la Première Guerre mondiale, instruits au maniement des armes et ayant déjà connu l'épreuve du feu. Cette expérience combinée aux évadés de la Wehrmacht, souvent rescapés du front de l'Est, forme une unité militaire expérimentée.

Du 17 au 22 juin 1944, une importante réunion est organisée dans un chalet à Grendelbruch (Bas-Rhin). Outre Georges Kiefer, alias "commandant François", le chef des FFI d'Alsace Marcel Kibler, son chef d'état-major Jean Eschbach, le chef du 2ème bureau des FFI du Bas-Rhin Joseph Foehr, l'agent de liaison Paul Freiss, le chef des FFI de la haute vallée de la Bruche René Stouvenel et son adjoint Michel Ferry participent à ce rassemblement. C'est l'occasion d'investir officiellement les hommes dans leurs nouvelles missions mais également de recevoir la visite de Paul Winter, le chef des FFI du Haut-Rhin. Ainsi, la stratégie est mise en place, les cadres officialisés, les moyens inventoriés et la ligne de conduite définie. Il s'agit d'attendre l'arrivée des armées alliées avant de pouvoir passer à l'action.

Du 27 au 31 juillet 1944, une deuxième réunion a lieu au même endroit. Le lieutenant-colonel Guy d'Ornant y participe afin d'officialiser le commandant des FFI de Moselle et de coordonner la stratégie des FFI des trois départements.

Munis d'un brassard tricolore, les FFI, réunis clandestinement, ont plusieurs missions bien distinctes: aider les forces alliées à libérer le territoire, assurer le maintien de l'ordre et veiller à la transition jusqu'à la mise en place des organismes de la République.

Le 23 novembre 1943, alors que des éléments de la 2ème division blindée (DB) du général Leclerc effectuent une percée éclair dans les Vosges, des FFI comme Robert Fleig, Auguste Schaeck ou Lucien Brichler servent de guides. Ils vont permettre d'éviter les barrages ennemis et de foncer sur Strasbourg. Ils sont tous les trois tués le jour même de la libération de la capitale alsacienne.

Après cette libération "éclair", les FFI participent aux opérations de nettoyage et s'attaquent aux îlots de résistance comme au fort Ney où une importante formation allemande s'est retirée sous les ordres du général Vaterrodt. Cette dernière unité a bien tenté de franchir le Rhin mais s'est heurtée à un barrage dirigé par le lieutenant FFI Robert Kleffer. Celui-ci va même négocier la reddition des Allemands au fort Ney le 25 novembre 1944.

Au nord de Strasbourg, cette libération "éclair" s'accompagne d'une mobilisation massive des FFI mais également, quelques jours plus tard, à un retour en force des Allemands qui n'hésitent pas à les exécuter quand ils sont faits prisonniers.

Le 27 novembre 1944, le général Schwartz, gouverneur militaire de Strasbourg et commandant la 10ème région militaire, adresse une note de service: "Tous les hommes régulièrement immatriculés dans les Forces Françaises de l'Intérieur du département du Bas-Rhin, aux ordres du Commandant François, font partie intégrante de l'Armée Régulière Française. Ils ont de ce fait, quand ils sont porteurs de leurs brassards numérotés, le droit au port d'armes."

Le commandant François établit son poste de commandement (PC) au Palais de justice. Mais, ce dernier bâtiment est victime d'un bombardement le 25 novembre 1944 et plusieurs FFI sont grièvement blessés.

Dès les premiers jours de janvier 1945, une contre-attaque allemande se développe au sud et au nord de Strasbourg avec pour but de reprendre la capitale alsacienne. L'ennemi parvient jusqu'à La Wantzenau et Kilstett. Alors que les Américains se replient, le général Schwartz, en accord avec le commandant François, décide de rester et exhorte les FFI à résister. En urgence, une compagnie est transférée depuis la vallée de la Bruche sous les ordres du capitaine Jean Eschbach et une autre depuis Haguenau. Finalement, la contre-attaque allemande est repoussée par plusieurs éléments FFI et des formations de la 1ère armée française.

Au sud de Strasbourg, les FFI se distinguent également accompagnés par d'autres formations de la 1ère armée française, la 2ème DB et la Brigade Alsace-Lorraine (BAL).

Le 9 février 1945, les FFI du Bas-Rhin sont dissoutes. Malgré un butin considérable en prisonniers, en armes et en munitions, les pertes sont également très sensibles avec 57 tués, près de 250 blessés dont une cinquantaine très gravement. De nombreux hommes rejoignent alors des formations de l'armée régulière ou s'engagent dans le bataillon des volontaires du Rhin. 


Eric Le Normand, "Les Forces françaises de l'intérieur (FFI) du Bas-Rhin" in DVD-ROM La Résistance des Alsaciens, Fondation de la Résistance - AERI, 2016