Analyse média

Cette stèle commémorative est située à 3,5 km d'Auberive, au bord de la D20 et à l'embranchement de la D129 conduisant à Vivey. Elle est dédiée "Aux camarades FFI tombés ici pour la libération de la Patrie".

Contexte historique

Les victimes

Lamy Suzanne et Aubertin Geneviève, fusillées le 22 août 1944 à la chapelle-Saint-Rémy.

Marquet Roger, Mercier Henri et Mognot Georges, tués près de Vivey le 28 août 1944.

Renard Roger, tué le 31 août 1944 à Coublanc.

Mongin Marcel, tué à Auberive le 2 septembre 1944.

Dardaillon Lucien, Jancel Lucien et Poinsenot Jean, tués le 9 septembre 1944 à Coupray.

Radice Jocelyn, capitaine anglais, blessé à Plesnoy le 20 août 1944 et décédé à l'hôpital de Langres le 27 août 1944.

Pincy Mickey, capitaine anglais, tué le 8 septembre 1944 à Recey-sur-Ource.

Blessés grièvement : Perroux, amputé d'un bras ; Grepin Pierre, trépané, blessé dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944.

Disparus : Guignard André, 23 août 1944, et Bongrain Marc, 23 août 1944.

 

Les opérations

Les sabotages furent nombreux, ainsi que les embuscades dont le "colonel Michel" écrit qu'elles étaient quotidiennes sur la route Auberive-Langres et Auberive-Praslay. Avec l'inventaire de ces divers coups de main, ce sont les opérations plus importantes qui méritent surtout d'être examinées.

- 6 août 1944 : minage du pont de chemin de fer "au creux", sur la route de Bannes ainsi que celui du canal, au pont de la Marne. Le commando chargé de ces missions était véhiculé par Prévot, de Langres, dans sa camionnette à gazogène.
- Le même jour, réquisition d'un véhicule et de 400 litres d'essence chez un collaborateur.

- 8 août 1944 : ordre du colonel de Grouchy de miner de nouveau le pont de Langres : la première opération n'a pas abouti à la suite de la dénonciation d'un employé de la SNCF. En cours de route, le véhicule dérape et heurte un arbre. Deux hommes sont blessés : Jean Lepetz et Gilberte. Une autre voiture est réquisitionnée.

- 20 août 1944 : au cours d'une mission de réquisition, "Max" et quelques hommes dans une voiture mitraillent un poste allemand en passant à Plesnoy. Au retour, ils commettent l'imprudence d'utiliser le même circuit. Les Allemands ripostent et blessent le capitaine Radice, de la mission Jedburgh parachutée en Haute-Marne, aux deux rotules. Il est transporté à l'hôpital de Langres avec un faux état-civil. Il décède le 27 août.

- 22 août 1944 : Suzanne Lamy et Geneviève Aubertin, membres du maquis de Vivey incorporé à celui d'Auberive, et chargées des missions de liaison, sont arrêtées et fusillées au lieu-dit "la chapelle-Saint-Rémy".

- 25 août 1944 : dans les environs de Bourbonne, échange de coups de feu avec un groupe ennemi.

- 26 août 1944 : coup de main à Rolampont.

- 28 août 1944 : lors du transfert des hommes du maquis de Vivey à la ferme de La Salle, un premier convoi était passé sans encombre. Lorsque le second se présenta au carrefour de Vivey-Aujeurres-Auberive, les Allemands avaient dressé une embuscade. Le premier véhicule était conduit par Georges Monniot assisté par le lieutenant Lamy. Deux hommes étaient à l'arrière : Henri Mercier et Marcel Perrot. La camionnette qui suivait transportait Roger Marquet, Albert Charry et un groupe d'hommes de Vivey. Un camion transportant des hommes et du matériel suivait. Les tirs des agresseurs tuèrent aussitôt Marquet, Mercier et Mogniot. Trois autres furent blessés : Perrot, Charry et Albert Monlaur. Les résistants ripostèrent et obligèrent les Allemands à fuir.

- 30 août 1944 : départ des Allemands d'Auberive. Le "colonel Michel" y transporte son PC.

- 31 août 1944 : trois hommes veulent rejoindre le maquis : Louis Lhote, Camille Fourcaut et Paul Noirot. Ils sont arrêtés à Longeau. Paul Noirot est fusillé.
- Le même jour : l'échauffourée de Coublanc : les FFI traversent Vaux-sous-Aubigny occupé par des SS sur lesquels ils tirent malgré l'interdiction que leur avait faite leur chef. La bataille tourne à l'avantage des FFI mais la mission (de liaison avec le 1er RDF, mission spéciale ordonnée par le colonel de Grouchy) dont ils étaient investis doit être annulée.

- 2 septembre 1944 : attaque du maquis par les Allemands : les résistants parviennent à chasser l'ennemi mais Marcel Mangin est tué.

- 4 septembre 1944 : destruction des réservoirs de carburant de Foulain. Londres ordonne la destruction des 700 000 litres de carburant. L'opération, pleinement réussie, permet en outre de rapporter de l'essence pour les résistants -denrée très précieuse-, des armes et la serviette de l'officier payeur contenant 4,6 millions de francs en titres de la Banque de France ainsi que 1 350 000 francs en billets de 1 000 francs. Cinq cent mille francs furent remis au colonel de Grouchy pour secourir les familles des hommes tués au maquis. Le reste fut partagé entre tous ceux qui avaient participé à l'opération. Les titres de la Banque de France furent remis au préfet par le capitaine "Max".

- 8 septembre 1944 : l'aide à la Résistance de Côte-d'Or : le maquis de Châtillon-sur-Seine avait demandé l'appui du maquis d'Auberive. Ils étaient en effet aux prises avec des troupes de l'état-major allemand de Dijon. Une compagnie de 120 hommes est envoyée à leur secours, commandée par le lieutenant Lamy. Les deux maquis réunis viennent à bout de l'ennemi et s'emparent, en plus de nombreux prisonniers, d'un butin appréciable : 52 véhicules, des armes et des produits pharmaceutiques. Un camion et deux véhicules sont donnés au maquis d'Auberive. Cependant, au retour, l'aviation anglaise croyant apercevoir des véhicules ennemis, mitraille les automobiles. Le lieutenant Mickey de Pinçy, en mission avec le colonel de Grouchy, est tué sur la route de Colmier-le-Haut à Recey-sur-Ource.

- 9 septembre 1944 : l'engagement de Coupray, relaté par B. Gardiennet*. "(...) au carrefour des routes Châtillon-Chaumont et Latrecey-Coupray, un engagement a lieu entre une compagnie de SS et un groupe d'Anglais appartenant au maquis d'Auberive auquel s'était joint le capitaine Geminel. Les Allemands ont subi de fortes pertes : 1 tué et 15 blessés. Le capitaine Geminel est resté sur le terrain, blessé au genou. Le soir, "Max" envoie un groupe de maquisards chargé de ramener Geminel mort ou vivant. Il était encore en vie. L'abbé Marotel, curé de Latrecey et Coupray, l'avait recueilli sur le chemin et transporté au presbytère. C'est là qu'il reçoit les premiers soins. Dans la nuit, il est ramené à Auberive. Un chirurgien de Paris, le docteur Brigand, l'opère avec succès. Le lendemain, un groupe d'une vingtaine de maquisards d'Auberive envoyé pour reconnaître le terrain du combat de la veille, se heurte à un convoi allemand de près de 400 hommes avec de nombreuses voitures, des mitrailleuses lourdes et des mortiers. Le combat s'engage, mais l'adversaire a l'avantage du nombre, de l'armement et de la position. Afin d'éviter l'encerclement, les FFI se replient vers un petit vallon boisé, abandonnant sur le terrain : Dardaillon Lucien, Jeancel Lucien et Oissenot Jean.

- Le 10 septembre, sur l'ordre de "Max", une nouvelle expédition est organisée en vue de récupérer le matériel abandonné et les cadavres des victimes. Les corps des 3 maquisards avaient déjà été relevés et transportés à la mairie de Coupray.

Le maquis d'Auberive, après la libération de Langres, fut d'abord logé au collège Jean-Duvet, puis il gagna Hûmes et Parnot où les hommes qui le demandèrent furent démobilisés. Les 160 hommes commandés par le lieutenant Lamy s'engagèrent dans le 40e régiment de tirailleurs sénégalais commandés par le général Bourgund. Ce régiment devint le 21e régiment d'infanterie coloniale, continuant la tradition du 21e régiment d'infanterie qui a longtemps séjourné à Langres dans la caserne Turenne.

 

* : résistant, gendre de Jean Vinot. Fut longtemps employé à l'ONAC et a rédigé des documents sur le maquis d'Auberive.