Contexte historique

Outre des chars B1bis trouvés plus ou moins complets à Gien, le 13e Dragons a été doté de chars B1bis reconditionnés à l’issue d'une campagne de prospection ayant ciblé les épaves de chars B1bis retrouvées en Normandie. 

Cette mission a été confiée à André Gérin, un cadre de la Régie Renault, dont les ateliers ont assuré une large part du montage des chars B1bis jusqu'en 1940 puis pour le compte des Allemands : 
« De loin, [André Gérin] repérait les chars et faisait procéder au déminage des routes qui y conduisaient. Des engins chenillés allaient les chercher et les ramenaient pour les monter sur des remorques. Ces remorques avaient été construites en France pendant l'occupation et avaient été récupérées dans le dépôt d'autobus de Paris, Porte des Lilas. Une quarantaine de chars furent ainsi récupérés. On démonta le tout, on tria les pièces ainsi récupérées, et en cannibalisant tout cela, quinze chars B1bis furent remis en état par la maison Somua et l'Établissement du Matériel de Gien ». 

Ce court récit montre l'importance de posséder non seulement les épaves mais également une chaîne industrielle et logistique adéquate, à l'image des remorques porte-chars. La remise en état des engins a néanmoins nécessité du temps, illustré par le rythme des livraisons au 13e Dragons. La première livraison de chars B1bis n’est intervenue qu’en décembre 1944 et il a encore fallu un trimestre pour équiper en totalité un premier escadron. La combinaison du stock initial de chars B1bis de Gien et des fruits des prospections normandes a permis de porter le total des chars B1bis employés à environ 35, dont 31 affectés au 13e Dragons à la date du 31 mai 1945. 

L'approche développée au sujet des chars B1bis n’a délibérément visé qu’un seul type de matériel et s'est directement inscrite dans une perspective industrielle. Elle se distingue en cela de l'entreprise de récupération également menée en Normandie par le capitaine Besnier et qui est restée cantonnée à des réparations au cas par cas.