Schéma de l'attaque d'un train allemand à Labruguière (Tarn)
Légende :
Schéma établi de la main de Pierre Dunoyer de Segonzac, qui décrit le dispositif et les troupes présentes pour l'attaque d'un train allemand à Labruguière par des FFI de la Zone A du Tarn, les 19 et 20 août 1944.
Genre : Image
Type : Schéma
Source : © Amicale des maquis de Vabre Droits réservés
Date document : 1958
Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Tarn - Labruguière
Analyse média
Ce schéma est extrait d'une lettre à Guy de Rouville de 1958.
La 2ème Compagnie des Maquis de Vabre, qui a participé à cette attaque, était majoritairement juive.
Amicale des Maquis de Vabre
Contexte historique
Le 19 août 1944, Pierre Dunoyer de Segonzac, alias Commandant Hugues, chef FFI de la zone A du Tarn, prépare avec les troupes disponibles et le commando américain OSS PAT (cf. schéma), une attaque du train de la garnison allemande de Mazamet, qui prévoit de se replier sur Castres, d'après les Services de Renseignement. Il se rend préalablement à la mi-journée, avec un autre résistant pour servir d'interprète, rencontrer le commandant allemand de ces troupes, pour lui conseiller de se rendre. Ce dernier refusant ("un officier allemand ne se rend jamais sans combattre", doublé de la peur de se rendre à des maquisards, qu'il considère comme des terroristes et non des soldats d'une armée régulière), il le quitte et le salue d'un "A ce soir donc".
L'attaque est mise en place entre Mazamet et Labruguière avec des explosifs sous la voie, des mitrailleuses en divers points "fortifiés" de terre, de sacs de sable, de traverses de chemin de fer. La charge d'explosifs doit être déclenchée avec une ficelle par François Lévi, un maquisard juif de Vabre. Un autre maquisard (Sigma) est chargé de lancer une grenade sur le détonateur, si ça ne se passe pas comme prévu. Entre Mazamet et Labruguière, la voie a été coupée en sept endroits, pour ralentir la progression du train et permettre l'organisation de l'attaque. Mais les Allemands réparent les voies au fur et à mesure de la progression du train.
Le train arrive lentement en début de nuit noire, les Allemands étant naturellement extrêmement méfiants. Le train s'arrête subitement, sans raison apparente, une mitraillette se fait entendre, mais le train a dépassé l'emplacement de la charge et c'est l'explosion, suivie de tirs croisés nourris d'armes automatiques, mitrailleuses, canons allemands, ... jusqu'à l'enrayement. Le silence revient, permettant de panser et d'évacuer les FFI blessés. Puis c'est l'attente.
Au petit matin du 20 août, le Commandant Hugues fait pilonner le train avec des mortiers apportés dans la nuit. Le commandant allemand enveloppé d'un drap blanc, se rend, avec la soixantaine de soldats du train. A l'initiative de l'un d'entre eux, Léon Nisand, les maquisards juifs de la 2e Cie des Maquis de Vabre défilent devant les soldats allemands en leur disant "Ich bin jude" ("je suis juif"). Léon Nisand raconte que l'un d'eux lui rétorque "Nein, unmöglich" ("Non, impossible"). "Pourquoi impossible ?". "Parce que les juifs ne sont pas de combattants !", lui répond l'allemand. "Qui t'a dit ça ?". "Le führer nous a toujours dit ça". En deux heures, toutes les armes et cinq canons sont récupérés par les FFI et chargés sur des camions, une route longeant la voie ferrée.
Auteur : AMicale des maquis de Vabre
Source principale : "Les eaux claires", de Robert Gamzon (alias Castor, commandant de la 2e Cie des Maquis de Vabre).
Témoignage de Léon Nisand : « Le maquis des juifs », documentaire d’Ariel Nathan (2015).